À qui revient le mérite du cessez-le-feu à Gaza? Joe Biden estime que la question est "une blague"

Un accord qui devient un enjeu politique. Le Qatar et les États-Unis ont annoncé ce mercredi 15 janvier la conclusion d'un accord sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et la libération d'otages, après plus de 15 mois d'une guerre entre Israël et le Hamas qui a fait des dizaines de milliers de morts dans le territoire palestinien.
Peu après cette annonce, celui qui est encore président des États-Unis pour quelques jours, Joe Biden, a pris la parole depuis la Maison Blanche et a pointé "un très bon après-midi."
"Les éléments de cet accord sont ceux que j'ai exposés en détail en mai dernier, qui ont été adoptés par les pays du monde entier et approuvés à une écrasante majorité par le Conseil de sécurité de l'ONU", a-t-il dit, pointant ici un succès majeur pour son administration.
Au terme de cette prise de parole, et alors qu'il s'éloignait de son estrade, Joe Biden a enfoncé le clou et semblé ignorer le rôle joué par Donald Trump lorsqu'un journaliste lui a demandé à qui revenait le mérite de l'accord. "C'est une blague?", a-t-il simplement répondu, en se retournant.
Donald Trump avait félicité son équipe
Car, avant même l'officialisation de cet accord, le président-élu Donald Trump, qui doit être officiellement investi le 20 janvier, s'est lui-même réjoui du cessez-le-feu et s'en est attribué la paternité.
"Nous avons un accord pour les otages au Moyen-Orient. Ils seront libérés sous peu. Merci!", s'est empressé d'écrire le milliardaire sur la plateforme Truth Social qu'il possède. Dans un second message, plus long, il s'est félicité ainsi que son équipe: "nous avons accompli tant de choses sans même être à la Maison Blanche".
"Cet accord de cessez-le-feu ÉPIQUE n'aurait pu être conclu qu'à la suite de notre victoire historique en novembre, car il a montré au monde entier que mon administration rechercherait la paix et négocierait des accords pour garantir la sécurité de tous les Américains et de nos alliés", a encore écrit Donald Trump ce mercredi.
Donald Trump estime que "(son) équipe de sécurité nationale, par l'intermédiaire de l'envoyé spécial au Moyen-Orient, Steve Witkoff", a joué un rôle dans cette issue favorable au conflit. Le 8 janvier dernier, il avait promis "l'enfer" si un accord n'était pas noué avant son arrivée au pouvoir, le 20 janvier prochain.
Travail collectif
Pour sa part, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a voulu jouer la diplomatie et a remercié Donald Trump et Joe Biden. "Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est entretenu avec le président élu américain Donald Trump et l'a remercié pour son aide à faire progresser la libération des otages", indique un communiqué de son bureau.
Celui-ci précisant également que Benjamin Netanyahu avait aussi parlé au téléphone avec le président sortant Joe Biden pour "le remercier aussi de son aide dans l'accord sur les otages".
Selon toute vraisemblance, cet accord serait plutôt le fruit d'une coopération "remarquable" entre les équipes de Joe Biden et de Donald Trump, a estimé mercredi un haut responsable américain.
Ce dernier, qui a requis l'anonymat, a levé un coin de voile sur les coulisses des négociations acharnées des derniers jours. Il a par exemple raconté comment Steve Witkoff, futur émissaire pour le Moyen-Orient du président élu républicain, s'était rendu il y a quatre jours à Doha, au Qatar, où se déroulaient les pourparlers.
Il y a ainsi contribué à "l'effort final" aux côtés de Brett McGurk, qui occupe le même rôle dans l'administration démocrate sortante, a-t-il ajouté. Cette collaboration est "sans précédent au niveau historique", a assuré le haut responsable américain, louant un partenariat "très constructif, très fructueux" entre les deux hommes, au point même de se répartir la tâche.
Pendant que l'émissaire de Joe Biden continuait à chapeauter les discussions au Qatar, "nous avons voulu avoir un échange avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, (Steve Witkoff) est allé en Israël s'en charger puis est revenu", a raconté le haut responsable américain.
Échange de prisonniers
Cette même source a décrit un dernier round de négociations incertain jusqu'au bout, avec des médiateurs qataris et égyptiens montant et descendant sans cesse les escaliers d'un immeuble où les délégations du Hamas et d'Israël se trouvaient, l'une au premier, l'autre au second étage, jusque tard dans la nuit.
Les négociations ont été poussées jusqu'à régler "le moindre détail", a-t-il dit, que ce soit sur la liste des prisonniers qui seraient libérés par les Israéliens, sur le positionnement des forces armées israéliennes après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, et sur les efforts humanitaires.
Le Hamas doit libérer 33 otages retenus à Gaza en échange de la libération d'environ 1.000 prisonniers palestiniens détenus par Israël pendant la première étape d'un accord qui entrera en vigueur dimanche.