Liban: Israël cible le Hezbollah durant une visite d'une émissaire américaine

De la fumée s'échappe du village de Touline au sud du Liban après une frappe israélienne le 22 mars 2025. - Rabih DAHER / AFP
Israël a annoncé avoir ciblé des membres du Hezbollah dans une frappe dimanche 6 avril au Liban, durant la visite d'une émissaire américaine venue "presser" Beyrouth d'accélérer le désarmement du mouvement libanais pro-iranien et les réformes économiques.
"La frappe menée par l'ennemi israélien dans la ville de Zibqin (dans le sud du Liban) a fait deux morts", a indiqué dans un communiqué le ministère libanais de la Santé, sans autre précision.
L'armée israélienne a déclaré dans un communiqué qu'un de ses avions avait frappé "deux terroristes du Hezbollah qui opéraient sur un véhicule d'ingénierie dans la région de Zibqin" et "tentaient de reconstruire des infrastructures terroristes du Hezbollah". "Il n'y avait pas de matériel militaire" dans la zone bombardée, a cependant assuré l'armée libanaise.
Une "ingérence flagrante"
Malgré un cessez-le-feu conclu le 27 novembre avec le mouvement chiite libanais, Israël continue de mener des frappes au Liban voisin.
En visite pour la deuxième fois au Liban, Morgan Ortagus, émissaire américaine adjointe pour le Moyen-Orient, s'est entretenue samedi et dimanche avec les autorités libanaises.
"Nous continuons de presser le gouvernement d'aller jusqu'au bout pour faire cesser les hostilités, ce qui inclut le désarmement du Hezbollah et de toutes les milices", a-t-elle déclaré sur la chaîne LBCI.
Elle s'est défendue d'être venue imposer des demandes de l'administration Trump aux dirigeants libanais mais a souligné que les deux pays "deviendraient les meilleurs amis si ceux-ci choisissent de travailler ensemble et de s'associer au gouvernement américain pour désarmer le Hezbollah".
Un député libanais, Ali Fayyad, a dénoncé une "ingérence flagrante" et rejeté "toute réforme calquée sur des volontés étrangères".
Cinq positions "stratégiques" au Liban
Selon un responsable libanais qui a requis l'anonymat, la discussion avec Mme Ortagus a porté sur "une intensification et une accélération du travail de l'armée libanaise pour démanteler l'infrastructure militaire du Hezbollah, afin que les armes soient détenues uniquement par l'État, sans fixer de calendrier".
La résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui a servi de base à l'accord de cessez-le-feu, prévoit que seuls les Casques bleus de l'ONU et l'armée libanaise puissent être déployés dans le sud du Liban et appelle au désarmement des groupes armés non-étatiques.
Selon cet accord, le Hezbollah devait repositionner ses forces au nord du fleuve Litani, à quelque 30 kilomètres de la frontière israélienne, et démanteler ses infrastructures militaires restantes dans le Sud.
Israël devait pour sa part achever son retrait du sud du Liban, mais ses troupes restent déployées dans cinq positions "stratégiques".