Liban: Israël confirme avoir visé un responsable du Hezbollah dans une frappe au sud de Beyrouth

De la fumée s'échappe du village de Touline au sud du Liban après une frappe israélienne le 22 mars 2025 - Rabih DAHER / AFP
Trois morts et sept blessés. L'armée israélienne a expliqué ce mardi 1er avril avoir tué un dirigeant du Hezbollah pro-iranien dans une nouvelle frappe sur la banlieue sud de Beyrouth qui a fait trois morts, selon le ministère libanais de la Santé, la deuxième frappe en moins d'une semaine après plusieurs mois de cessez-le-feu.
"La frappe a visé un terroriste du Hezbollah qui a dirigé des opérationnels du Hamas et les a assistés dans la planification d'une attaque terroriste significative et imminente contre des civils israéliens", a-t-elle déclaré dans un communiqué conjoint avec le service de sécurité intérieure Shin Bet.
Dans la foulée, Israël a confirmé avec visé Hassan Bdair, figure du Hezbollah, via un communiqué conjoint de l'armée israélienne, du Shin Bet, la sécurité intérieure, et du Mossad, le service du renseignement extérieur israélien.
"L'armée israélienne [...] a frappé et éliminé le terroriste Hassan Ali Mahmoud Bdair", indique le communiqué.
"Bdair avait récemment coopéré avec [le mouvement islamiste palestinien] Hamas, dirigé des terroristes du Hamas et les avait aidés à planifier et à préparer une attaque terroriste importante et imminente contre des civils israéliens", et il a été "frappé immédiatement afin d'éliminer (cette) menace", ajoute le texte sans plus de détails sur ce projet supposé d'attaque.
Le Hezbollah dénonce une "très grave agression"
Un député du Hezbollah a qualifié de "très grave agression" la frappe israélienne qui a visé un responsable du mouvement libanais et appelé l'État à "agir" pour "garantir la sécurité des Libanais".
"Ce qui s'est passé est une très grave agression", a déclaré Ibrahim Moussawi à des journalistes près de l'appartement visé, appelant les autorités à "agir avec la plus grande efficacité, à tenir la communauté internationale pour responsable et à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des Libanais".
Le raid de l'ennemi israélien sur la banlieue sud a fait, selon un nouveau bilan, trois martyrs et sept blessés", a indiqué de son côté le ministère libanais de la Santé, cité par l'Agence nationale libanaise d'information Ani qui avait rapporté une frappe israélienne ciblant les trois derniers étages d'un immeuble" dans la banlieue sud (Dahieh) "avec deux missiles".
Deux journalistes de l'AFP, présents dans la capitale libanaise, ont entendu au moins une importante détonation peu avant quatre heures du matin (trois heures, heure française), suivie d'un vrombissement d'avion.
Un autre immeuble détruit à proximité
Un troisième journaliste de l'AFP, qui s'est rendu sur les lieux de la frappe, a vu les deux derniers étages d'un immeuble de plusieurs étages détruits, tandis que des habitants réveillés en pleine nuit, descendaient de chez eux en pyjama, dans un état de panique. Ce journaliste a vu au moins trois blessés transportés par les secouristes affiliés au Hezbollah et à son allié le mouvement Amal, tandis qu'une pelleteuse retirait les décombres.
L'immeuble est situé à quelques mètres d'un autre immeuble déjà détruit pendant les deux mois de guerre ouverte entre le Hezbollah et Israël l'année dernière, dont le Hezbollah est sorti très affaibli. Le Hezbollah, allié du Hamas, avait ouvert un front contre Israël au début de la guerre dans la bande de Gaza le 7 octobre 2023.
Ces hostilités, qui ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2024, ont fait plus de 4.000 morts au Liban et contraint plus d'un million de personnes à fuir. La banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah pilonné par l'armée israélienne durant les deux mois de guerre ouverte, avait été désertée par ses habitants.
C'est dans cette banlieue sud que l'ancien chef du Hezbollah Hassan Nasrallah avait été tué le 27 septembre dans une frappe israélienne. Vendredi déjà, Israël avait bombardé la banlieue sud de Beyrouth pour la première fois après quatre mois de trêve, en riposte à des tirs de roquettes non revendiqués qui ont visé son territoire.
"Partou"
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, avait alors prévenu que la banlieue sud serait frappée "à chaque tentative" d'attaque contre le nord d'Israël. Le Hezbollah avait affirmé n'avoir aucun lien avec ces tirs de roquettes. Cette frappe est donc la deuxième visant la banlieue sud de Beyrouth depuis l'entrée en vigueur d'un accord de cessez-le-feu fin novembre. Elle n'a pas été précédée d'un appel israélien à évacuer.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait lui déclaré vendredi qu'Israël frapperait "partout au Liban contre toute menace", après des tirs de roquettes sur le nord d'Israël depuis le Liban. Depuis le retrait incomplet des soldats israéliens du sud du Liban le 18 février, Israël continue de mener des frappes au Liban, affirmant cibler des positions du Hezbollah. Les deux parties s'accusent mutuellement de violer l'accord.
Dans un discours télévisé samedi soir, le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait jugé "inacceptable" qu'Israël poursuive ses attaques contre le Liban, demandant à ce que "soit mis un terme à cette agression".
"Nous ne pouvons pas accepter qu'Israël attaque le Liban et agisse librement quand bon lui semble, pendant que nous restons les bras croisés", avait-t-il ajouté, sans évoquer explicitement le retour aux attaques contre Israël.