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Liban: fin du délai d'application de l'accord de trêve, Israël se maintient dans cinq points

Un panneau militaire israélien se trouve à la frontière israélo-libanaise, avec en toile de fond le village libanais de Blida, le 17 février 2025

Un panneau militaire israélien se trouve à la frontière israélo-libanaise, avec en toile de fond le village libanais de Blida, le 17 février 2025 - Jalaa MAREY / AFP

Si ce mardi 18 février marque la fin du délai fixé pour le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec le Hezbollah, Israël compte se maintenir dans "cinq points stratégiques".

Le délai fixé pour le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec le Hezbollah, a expiré ce mardi 18 février, après qu'Israël a confirmé maintenir des troupes dans "cinq points stratégiques" pour surveiller la frontière.

À quelques heures de l'échéance, déjà repoussée une fois, un responsable libanais a indiqué, sous couvert d'anonymat, que l'armée israélienne avait entamé un retrait de "villages frontaliers (...) tandis que l'armée libanaise avance".

Mais Israël a déjà prévenu lundi compter "laisser temporairement un petit nombre de soldats déployés sur cinq points stratégiques le long de la frontière libanaise", malgré la volonté des autorités libanaises de pousser à un retrait total.

100.000 Libanais toujours exilés

La chaîne libanaise LBCI a indiqué mardi que "l'armée libanaise s'est déployée pendant la nuit" dans les localités de "Yaroun, Maroun, Blida, Mahbib et Mais al-Jabal", sur la messagerie Telegram.

Entré en vigueur le 27 novembre, l'accord a été conclu après deux mois de guerre ouverte entre Israël et le mouvement Hezbollah, pendant lesquels les troupes israéliennes ont pris position dans le sud du Liban, à la frontière du nord d'Israël.

Les autorités estiment le coût de la reconstruction à plus de dix milliards de dollars, tandis qu'environ 100.000 Libanais, parmi plus d'un million de déplacés, restent toujours exilés, selon l'ONU.

Malgré l'ampleur sans précédent des destructions, notamment dans les villages frontaliers, les déplacés attendent de rentrer chez eux pour constater l'état de leurs biens et récupérer les corps de combattants parmi leurs proches, laissés depuis des mois.

"Tout me manque"

Parmi eux, Fatima Choukeir, une sexagénaire ayant fui son village de Meiss el-Jabal, à la frontière, il y a un an et demi, prévoit d'y retourner dès les premières heures du matin.

"Mon plus grand souhait est de m'asseoir devant ma maison, près de mes fleurs, et de savourer un café le matin", confie-t-elle. "Tout me manque à Meiss el-Jabal, mes voisins... Nous avons été dispersés, et je ne sais même pas où ils sont partis", ajoute-t-elle.

Plusieurs municipalités ont appelé les habitants à attendre que l'armée libanaise se déploie dans leurs villages pour garantir leur "sécurité". C'est le cas de Meiss el-Jabal, qui fait partie des zones dont l'armée israélienne a commencé à se retirer lundi, selon le responsable libanais.

Selon les termes de l'accord de cessez-le-feu, Israël était censé avoir achevé le 26 janvier son retrait du sud du Liban, où seuls l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU devaient être déployés.

Le Hezbollah devait pour sa part démanteler ses infrastructures et se retirer au nord du fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne. Fin janvier, l'échéance avait été repoussée au 18 février.

"Mesure temporaire"

Puissant mouvement armé ayant dominé pendant des années la vie politique au Liban, le Hezbollah a été fondé et financé par l'Iran, ennemi juré d'Israël.

Au lendemain du lancement d'une offensive militaire israélienne à Gaza en riposte à une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël, tirant des roquettes en direction du territoire israélien depuis le sud du Liban, son fief.

Il disait agir "en soutien aux Palestiniens" et au Hamas, son allié. Les tirs transfrontaliers ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2024. Le Hezbollah en est sorti affaibli, sa direction largement décimée.

L'armée israélienne a présenté sa décision de rester dans cinq points "stratégiques" comme "une mesure temporaire jusqu'à ce que les forces armées libanaises soient en mesure d'appliquer pleinement l'accord".

Cette annonce place les autorités libanaises dans une situation délicate vis-à-vis du Hezbollah, qui, très affaibli, a estimé dimanche qu'il incombait au gouvernement libanais de pousser Israël à retirer ses troupes.

"Le Hezbollah doit être désarmé, et Israël préférerait que l'armée libanaise s'en charge, mais personne ne doit douter qu'Israël fera ce qu'il a à faire pour que l'accord de cessez-le-feu soit respecté et pour défendre notre sécurité", a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Le nouveau gouvernement libanais a affirmé lundi que l'État devrait détenir le monopole des armes dans le pays et promis de libérer "tout le territoire", en plein débat au Liban sur le désarmement du Hezbollah.

Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, Israël mène des frappes aériennes qui ont fait plus de 60 morts, dont environ 24 le 26 janvier, alors que des habitants tentaient de retourner dans leurs villages frontaliers.

L'armée israélienne mène également des opérations de dynamitage dans les villages frontaliers. "La démolition délibérée par Israël des maisons et des infrastructures civiles" rend "impossible le retour de nombreux habitants" dans les zones frontalières, a déclaré lundi Ramzi Kaiss, de Human Rights Watch.

B.F. avec AFP