"Abjecte et cruelle": l'ONU dénonce la mise en scène du retour des dépouilles des otages du Hamas

Des membres du Hamas et du Jihad islamique sécurisent une zone avant de remettre des otages israéliens à une équipe de la Croix-Rouge à Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 février 2025. - BASHAR TALEB / AFP
La mise en scène de retour des dépouilles de quatre otages israéliens du Hamas à Gaza ce jeudi 20 février est "abjecte et cruelle", a dénoncé l'ONU, la Croix-Rouge demandant une nouvelle fois que le transfert se déroule "en privé".
"La parade des corps que nous avons vue ce matin est abjecte et cruelle, et va à l'encontre du droit international. Nous demandons que tous les retours soient effectués en toute confidentialité, avec respect et soin", a dénoncé le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk.
"En vertu du droit international, toute remise de dépouilles doit se conformer à l'interdiction de traitement cruel, inhumain ou dégradant" et "garantir le respect de la dignité des personnes décédées et de leurs familles", a-t-il ajouté.
"Avec dignité et discrétion"
Chargé du transfert des otages et des prisonniers entre les parties palestinienne et israélienne depuis le début de la guerre le 7-Octobre, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a réclamé encore une fois que ces transferts se fassent en privé et non pas sur la place publique parmi une foule de badauds et de combattants islamistes armés.
"Ces opérations devraient se dérouler en privé, dans le plus grand respect pour le défunt et pour ceux qui portent le deuil", écrit le CICR dans un communiqué.
"Chaque libération, qu'elle concerne des vivants ou des défunts, doit être menée avec dignité et discrétion", souligne encore l'organisation basée à Genève.
Lors d'une mise en scène organisée à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, des combattants cagoulés et armés du mouvement islamiste Hamas et d'autres groupes armés palestiniens ont exposé sur un podium quatre cercueils portant chacun la photo d'un des otages. Au dessus, un poster où le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu apparaît le visage maculé de sang, flanqué de dents de vampire.
En début de matinée à Khan Younès, les quatre cercueils noirs ont été transférés par le Hamas au CICR qui les a remis à l'armée israélienne. Le convoi les transportant est ensuite entré dans le sud d'Israël, à Kissoufim.
Un porte-parole israélien s'est livré une nouvelle fois à une attaque en règle contre le CICR, allant jusqu'à accuser l'organisation humanitaire de "complicité partielle dans toute cette affaire des otages".
Après la remise des corps, David Mencer, porte-parole du gouvernement israélien, a reproché au CICR de n'avoir pas rendu visite "une seule fois" aux otages détenus à Gaza et "de n'avoir fait aucun effort quel qu'il soit" pour leur apporter des médicaments.
Le CICR, qui tend à ne pas répondre publiquement aux critiques, a néanmoins répété à de nombreuses reprises depuis le début du conflit qu'il faisait tous les efforts possibles pour pouvoir se rendre auprès des otages, mais en vain.
Les corps remis jeudi sont, selon le mouvement islamiste palestinien Hamas, ceux d'Ariel et Kfir Bibas, âgés respectivement de 4 ans et huit mois et demi lors de leur enlèvement durant l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, ainsi que celui de leur mère, Shiri, et d'Oded Lifshitz, âgé de 83 ans ce jour-là.