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Iran

Nucléaire iranien: pourquoi la France montre les muscles

François Hollande a évoqué la question iranienne à plusieurs reprises lors de son voyage en Israël.

François Hollande a évoqué la question iranienne à plusieurs reprises lors de son voyage en Israël. - -

La France tient la position la plus dure face à Téhéran, à l'occasion des négociations sur le nucléaire iranien.

François Hollande veut se positionner en fer de lance des négociations dans le dossier du nucléaire iranien. La France, qui compte parmi le groupe des "5+1", négocie à nouveau avec l'Iran, ce mercredi à Genève, sur la question du nucléaire. Début novembre, lors de la précédente séance de négociations, le président de la République avait obtenu un durcissement du texte de l'accord préparé par l'Iran et les Etats-Unis, poussant Téhéran a refuser le texte final. Décryptage de la position de la France sur cette question.

Signes d'hostilité à l'égard de l'Iran

La France multiplie maintenant les signes de durcissement de sa position. Ce mercredi, François Hollande a condamné les propos "inacceptables" de l'Iran qui "compliquent la négociation". Des propos tenus par le guide suprême iranien, Ali Khamenei, selon lesquels Israël serait "voué à la disparition". Le 9 novembre, Laurent Fabius avait conclu une première phase de discussions en déclarant: "Je n'ai aucune certitude qu'on puisse conclure". Il s'est montré inflexible lors d'une visite en Israël, et a déclaré que la France posait quatre "exigences" à un accord intermédiaire avec Téhéran, dont la suspension de l'enrichissement de l'uranium à 20%, ce que l'Iran considère comme un droit inaliénable.

Cette ligne dure française détonne parmi les partenaires occidentaux. Le premier ministre britannique David Cameron a téléphoné au président iranien Hassan Rohani, un geste inédit depuis 10 ans dans les relations diplomatiques entre les deux pays. Barack Obama, lui, a demandé au Sénat américain de ne pas muscler les sanctions. Au contraire, François Hollande reste inflexible.

Or, pour Bernard Hourcade, géographe spécialiste de l'Iran et chercheur au CNRS, il n'est pas surprenant que les Etats-Unis "envisagent d'autres options que le démantèlement de tout, ce qui est une demande irréaliste".

La position la plus dure des négociateurs

"Tout le monde doit avoir à l'esprit que les demandes excessives peuvent compliquer le processus vers un accord gagnant-gagnant", a de fait répondu Hassan Rohani, sans citer la France, lors d'une rencontre avec Vladimir Poutine.
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Sur ces accords, "la France tient la position la plus dure", estime Thierry Coville, chercheur à l'Iris et spécialiste de l'Iran. "Mais il vaut mieux être seul sur une bonne décision que nombreux sur une mauvaise", a tranché François Hollande en Israël.

"La France considère que les sanctions économiques ont affaibli le pouvoir iranien", mais "à trop tirer sur la corde, on rique de la casser", met en garde Bernard Hourcade, car à ses yeux, "si Rohani échoue dans les négociations, l'Iran peut décider de reprendre la politique de confrontation".

"Seules les grandes puissances peuvent gérer la bombe atomique"

Plusieurs raisons peuvent partiellement expliquer l'intransigeance de la France face à l'Iran. "C'est la position classique de la France depuis 2007, avant elle était plus nuancée", rappelle Bernard Hourcade, "c'est une position mécanique, idéologique, de principe", portée par un "certain nombre de personnes qui gèrent ce dossier" depuis plusieurs années d'une main de fer, et dont la "vision anti-tiermondiste (...) consiste à dire que seules les grandes puissances peuvent gérer la bombe atomique".

"Il existe un groupe néo-conservateur au ministère des Affaires étrangères qui se montre très méfiant vis-à-vis de l'Iran", confirme Thierry Coville.

La "voix" de la France

Autre raison supposée de la fermeté hexagonale, la proximité française et américaine avec l'Arabie Saoudite, qui dispute à l'Iran un rôle d'influence dans la région.

Enfin, certains observateurs y voient également une volonté de la France de se positionner sur le plan international, après le camouflet infligé par les Etats-Unis sur la Syrie. Derrière le pouvoir des "néo-conservateurs du Quai d'Orsay, Bernard Hourcade admet que la réaction française relève aussi d'un "mouvement d'humeur" face aux Etats-Unis, de la préparartion de la visite de François Hollande en Israël.

Le gouvernement défend une position "ferme mais pas fermée", selon l'expression de sa porte-parole, Najat Vallaud-Belkacem. Une position qui pourrait malgré tout coûter cher. Aux yeux de Bernard Hourcade et pour l'heure, la France ne mettrait pas les négociations en danger. "La machine est impossible à stopper, mais on peut la retarder considérablement", redoute-t-il.

Aurélie Delmas avec AFP