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"Chien d'attaque" de Donald Trump, fervent catholique... Qui est J.D. Vance, l'omniprésent vice-président américain?

J.D. Vance avant le discours de Donald Trump devant le Congrès américain, le 4 mars 2025, à Washington.

J.D. Vance avant le discours de Donald Trump devant le Congrès américain, le 4 mars 2025, à Washington. - ALLISON ROBBERT / AFP

Le vice-président J.D. Vance s'est imposé comme l'un des plus fervents porte-voix de Donald Trump, particulièrement sur la scène internationale, où il multiplie les déclarations fracassantes.

Son rôle dans l’altercation entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky a révélé son influence grandissante dans l’administration américaine. Le vice-président américain J.D. Vance est devenu en quelques semaines une figure incontournable du camp Trump, dont les récentes déclarations ont semé la stupeur chez les alliés des États-Unis.

Vendredi dernier dans le Bureau ovale, c'est lui qui a le premier donné la charge contre le président ukrainien, faisant basculer l’échange sous l'œil des caméras du monde entier.

Scandale dans le Bureau ovale

Assis sur un canapé à la gauche de Donald Trump, le doigt tendu vers son interlocuteur, J.D. Vance a accusé Volodymyr Zelensky de ne pas avoir "remercié" les États-Unis pour leur aide militaire, d'avoir un comportement "irrespectueux" dans le Bureau ovale ou encore d’organiser des "visites de propagande" sur le front.

Donald Trump s'est ensuite joint aux attaques du vice-président, en lançant à son homologue ukrainien qu'il n'a "pas les cartes" en main pour négocier. L’ancienne vedette de la téléréalité The Apprentice a ensuite mis fin à la discussion, se félicitant d’avoir créé un "grand moment de télévision".

L'image d'un président d'une nation envahie par un régime autoritaire, humilié en direct par un pays allié, a frappé d’effroi les dirigeants européens et occidentaux, réunis dimanche à Londres pour assurer Kiev de leur soutien.

À Munich, un discours coup de poing

Quelques semaines plus tôt, J.D. Vance avait déjà médusé les Européens lors de la conférence de Munich, rendez-vous annuel consacré aux questions de sécurité internationale. Dans un discours virulent aux allures de sermon, le vice-président avait dénoncé un prétendu recul de la "liberté d'expression" en Europe et mis en garde contre le danger de "l’immigration de masse".

"La menace qui m’inquiète le plus vis-à-vis de l’Europe, ce n’est ni la Russie ni la Chine ni aucun autre acteur externe. Ce qui m’inquiète c’est la menace qui vient de l’intérieur. Le recul de l’Europe par rapport à certaines de ses valeurs les plus fondamentales", avait-il notamment déclaré.

Une leçon qui est mal passée auprès des chancelleries européennes. En France, le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot avait rétorqué que "personne" ne pouvait venir "imposer son modèle" en Europe. "La direction que prendra notre démocratie, nous seuls en décidons. Nous et personne d’autre", avait également assuré le chancelier allemand Olaf Scholz.

"Vance avait clairement préparé cette tirade depuis longtemps pour servir de coup d’envoi à la tentative de la seconde administration Trump de raviver le populisme en Europe", analyse un éditorialiste de CNN, alors qu’un autre proche de Donald Trump, Elon Musk, a soutenu l’extrême droite allemande avant les élections législatives.

Au moment où l'administration Trump redessine les relations transatlantiques, J.D. Vance multiplie les mots durs contre ses partenaires européens. Ce lundi, il a encore choqué en raillant des États "qui n'ont pas fait la guerre depuis 30 ou 40 ans". Des propos interprétés en France et au Royaume-Uni comme un manque de respect aux vétérans tombés au Moyen-Orient aux côtés de soldats américains.

Un opposant converti

Très présent dans les médias, J.D. Vance semble vouloir renouveler sa fonction. Historiquement, à de rares exceptions près, le vice-président des États-Unis joue un rôle effacé, son rôle étant surtout de pouvoir remplacer immédiatement le chef d'État en cas de décès et de faire basculer un vote au Sénat en cas d'égalité.

Un temps éclipsé par les outrances d'Elon Musk, J.D. Vance a su trouver sa place dans l'administration Trump. "Il se démarque car il porte des messages qui ne sont pas portés par Donald Trump. Son discours sur la liberté d'expression en Allemagne, par exemple, fait davantage écho à celui d'Elon Musk", souligne auprès de BFMTV.com Ludivine Gilli, directrice de l’observatoire Amérique du Nord de la Fondation Jean-Jaurès.

Ces derniers jours, le vice-président a pris position sur les grands sujets internationaux, quitte à faire de l'ombre au vrai chef de la diplomatie, le secrétaire d'État Marco Rubio, resté mutique lors du clash dans le Bureau ovale vendredi dernier.

D'interview en discours, J.D Vance porte fidèlement le message de l'"Amérique d'abord". Qualifié de "chien d'attaque de Donald Trump" par le New York Times, il est pourtant loin d'avoir été toujours un fervent supporter du président américain. En 2016, il promettait même de ne "jamais" voter pour lui, craignant qu'il ne devienne "le Hitler de l'Amérique".

Enfance chaotique

Son parcours est d'ailleurs bien différent de celui du milliardaire républicain. James David Vance a grandi dans une famille monoparentale modeste de la Rust Belt, région du nord-est des États-Unis victime du déclin industriel. Son enfance est marquée par la toxicomanie de sa mère et les problèmes d'argent.

À 19 ans, il s'engage chez les Marines. Il étudie ensuite à Yale, l'une des universités les plus prestigieuses du pays, avant de faire carrière dans la Silicon Valley où il travaille avec Peter Thiel, l'un des premiers géants de la tech à soutenir publiquement Donald Trump.

Mais c'est un livre, Hillbilly Elégie, publié en 2016, qui a fait connaître J.D. Vance au grand public. Dans ce récit autobiographique devenu un best-seller adapté au cinéma, il raconte son enfance chaotique dans une Amérique blanche meurtrie par le chômage, et fait entendre la voix d'une population ouvrière pleine de rancunes. Son livre a attiré l'attention du fils aîné du président, Donald Trump Jr, dont il est devenu un proche ami.

J.D. Vance avec Donald Trump lors du discours du président américain devant le Congrès, le 4 mars 2025, à Washington.
J.D. Vance avec Donald Trump lors du discours du président américain devant le Congrès, le 4 mars 2025, à Washington. © ALLISON ROBBERT / AFP

Catholicisme "intégral"

En 2022, J.D. Vance entre officiellement dans l'arène politique quand il est élu sénateur de l'Ohio, avec le soutien de Donald Trump. Deux ans plus tard, le candidat républicain le choisit comme colistier. "Est-ce qu'il a changé d'avis ou est-ce qu'il s'est rangé derrière lui par opportunisme? C'est une bonne question", pose Ludivine Gilli, qui rappelle "qu'entre temps il s'est converti au catholicisme (en 2019, NDLR)".

Sa nouvelle foi l'aurait-elle influencé? "Il adhère à la mouvance de 'l'intégralisme catholique', qui vise dans sa forme la plus pure à faire de l'État fédéral un vecteur de l'orthodoxie catholique", explique la spécialiste des États-Unis.

"Sur le plan sociétal, il porte une idéologie catholique ultra-conservatrice. À la convention des conservateurs, il a déclaré qu'il était favorable à une interdiction de l'IVG dans tout le pays, alors même que Donald Trump se disait contre une interdiction fédérale", poursuit la chercheuse.

Bien que fervent croyant, il n'a pas hésité à critiquer ouvertement la Conférence des évêques catholiques américains, lorsqu'elle a dénoncé l'intention affichée par l'administration Trump d'arrêter des migrants sans papiers jusque dans des écoles et des lieux de culte.

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Le jeune quadragénaire, marié à une avocate d'origine indienne, pourrait-il nourrir de plus grandes ambitions ? Même subalterne, la fonction de vice-président est vue aux États-Unis comme un tremplin naturel vers la magistrature suprême. Un tiers des présidents américains ont exercé cette fonction avant d'être élus à la tête du pays.

Donald Trump, à qui la Constitution interdit de briguer un troisième mandat, a récemment été interrogé sur Fox News pour savoir s'il voyait d'ores et déjà en J.D. Vance son successeur pour la prochaine présidentielle. "Non, mais il est très compétent", a-t-il répondu, jugeant qu'il est "trop tôt" pour se prononcer.

François Blanchard