"La civilisation va s’effondrer": pourquoi Elon Musk, père d'au moins 12 enfants, est obsédé par la natalité

L'image avait marqué les esprits. Dans le bureau ovale de la Maison Blanche, la star n'était pas le président Donald Trump mais plutôt X Æ A-Xii, bientôt 5 ans. L'enfant au nom difficilement prononçable – visiblement un hommage à l'avion Lockheed A-12 – était juché sur les épaules de son père Elon Musk ou à ses pieds, semblant intimer à Donald Trump de se taire – en tout cas selon les détracteurs du président.

X Æ A-Xii est le septième des douze ou treize enfants du milliardaire. Officiellement, ils sont douze mais, comme le rapportent les médias américains, l'influenceuse conservatrice Ashley St. Clair a déposé, la semaine dernière, une demande en reconnaissance de paternité pour son enfant né en septembre dernier.
La jeune mère présente Elon Musk comme un père désintéressé de cette naissance, même s'il ne nie pas être le géniteur. "J'ai hâte de vous voir, toi et lui, ce week-end" a-t-il au contraire répondu par SMS St. Clair. "Je veux te mettre enceinte à nouveau" a aussi écrit le milliardaire deux mois après la naissance de l'enfant.
Père absent?
De son côté, Elon Musk n'a fait aucun commentaire officiel mais l'affaire vient alimenter sa réputation de père absent. Car, pendant qu'Ashley St. Clair attendait une réponse, son ex-femme Claire Boucher (mère de trois de ses enfants, dont X Æ A-Xii) exigeait aussi l'attention du milliardaire sur la "crise médicale" d'un d'entre eux.
"Je ne donne pas de détails, mais il ne répond pas aux SMS, aux appels ou aux mails et a manqué toutes les réunions" alertait-elle sur X, avant de supprimer le message. "Notre enfant souffrira d'un handicap à vie s'il ne répond pas le plus vite possible."
En guerre avec Musk pour la garde des enfants, Claire Boucher s'était aussi offusquée de voir X Æ A-Xii affiché publiquement à la Maison Blanche.
Le patron de X a également eu des jumeaux, Vivian et Jenna en 2004, avec sa première compagne Justine Wilson, qui lui donnera ensuite des triplés Kai, Saxon et Damian en 2006. Une autre paire de jumeaux, Strider et Azure, naît en 2021, de sa relation avec une autre femme, Shivon Zilis. Cette dernière donnera aussi naissance à un troisième enfant, en juin 2024.
Cette grande famille du milliardaire serait anecdotique, si elle ne s'inscrivait pas dans sa quasi-obsession pour la natalité. "La véritable bataille se joue entre les extinctionnistes et les humanistes", écrivait-il en octobre 2023. "Une fois que vous l'avez vu, vous ne pouvez pas ne plus le voir."
Pour ce fan de l'empire romain, l'enjeu est civilisationnel. "Je ne le répéterai jamais assez: il n’y a pas assez de gens", martelait-il aussi en 2021, lors d'un événement organisé par le Wall Street Journal. "Et je pense que l’un des plus grands risques pour la civilisation est le faible taux de natalité... Si les gens n’ont pas plus d’enfants, la civilisation va s’effondrer."
"Je fais de mon mieux"
Dans sa propension à multiplier les enfants, impossible d'occulter le drame de sa vie – la mort de son premier enfant à l'âge de 10 semaines – mais la question de la natalité reste une lubie obsédante. La question de la famille a même influencé le design de la Tesla Model S en 2012, avec ses sept places (dont deux pour les enfants dans le coffre).
Mais en réalité, Musk évoque finalement peu la question de la famille au sens "nucléaire" du terme, c'est-à-dire au sein d'un couple, comme les conservateurs la mettent en avant traditionnellement. Lui parle plutôt de "taux de naissance" et de "natalité", comme un objectif à atteindre, ou une mission à réaliser.
"Je fais de mon mieux pour aider à résoudre la crise de sous-population" avait-il tweeté en 2022. "S’il n’y a pas assez de monde pour la Terre, il n’y en aura certainement pas assez pour Mars."
Car c'est là l'objectif premier pour lui: la colonie martienne. Bien avant d'évoquer les questions de natalité en baisse aux États-Unis ou en Europe – qu'il partage avec certains leaders comme la Première ministre Giorgia Meloni – son regard était tourné vers l'espace. Pressé de conquérir Mars, il imagine une colonie importante, capable d'être une sorte d'humanité de secours si la Terre est ravagée En ce sens, l'aventure martienne ne pourrait fonctionner qu'avec une démographie forte. Il espère un million de personnes d'ici 20 ans sur la planète rouge.
Conflits familiaux
À cet objectif, s'est donc ensuite greffé la crainte d'un supposé "effondrement" civilisationnel. "C'est simple, si les gens n’ont pas d’enfants, il n’y a pas de nouvelle génération", expliquait-il en 2022 lors d'un voyage en Italie.
Reste que Musk semble davantage se préoccuper de son rôle de géniteur plutôt que de père. Outre les relations désormais conflictuelles avec ses ex-femmes, il a aussi médiatisé la rupture avec un de ses enfants.
Un de ses jumeaux, Vivian, a annoncé sa transition de genre en 2022 et réclamé de porter le nom de jeune fille de sa mère. "Mon fils" est "mort, tué par le virus woke" avait ensuite commenté Elon Musk. Et Vivian de brosser ensuite le portrait d'un père "froid" et "colérique".
"Il s’emporte très vite. Il est indifférent et narcissique", explique encore Vivian auprès de NBC
Il n'empêche, Elon Musk a trouvé avec Donald Trump et surtout son vice-président J.D. Vance des oreilles attentives à ses obsessions. Ce dernier, qui avait traité certaines figures démocrates - dont Kamala Harris - de "femmes à chat sans enfants", a fait des naissances un de ses combats politiques. Reste à savoir s'il sera désormais une priorité nationale.