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Société

Vincent Lambert: entretenir l'"amalgame" avec l'euthanasie est "délétère", estiment des médecins

Rassemblement contre l'arrêt des traitements de Vincent Lambert à Reims, le 19 mai 2019

Rassemblement contre l'arrêt des traitements de Vincent Lambert à Reims, le 19 mai 2019 - FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

Un collectif de professeurs de médecine publie une tribune visant à "clarifier" les "imprécisions" et les "confusions sémantiques" nombreuses, selon eux, dans le débat autour de la "tragédie complexe" sur la situation de Vincent Lambert.

Dans une tribune publiée ce lundi dans les pages du Monde, et alors que l'arrêt des traitements de Vincent Lambert a commencé, un collectif de professeurs de médecins spécialistes des soins palliatifs rappelle la différence entre un arrêt des soins et une euthanasie.

"Arrêter une nutrition et une hydratation artificielles est suivi du décès d'une personne dans les jours qui suivent alors qu'une euthanasie provoque la mort en quelques minutes", expliquent 12 professeurs de médecine palliative dont Régis Aubry, président de l'Observatoire national de la fin de vie et membre du Comité consultatif national d'éthique.

"Injecter milligramme par milligramme un hypnotique pour endormir une personne qui étouffe diffère de l'injection en flash d'un curare pour arrêter la vie d'une personne. Entretenir un amalgame entre ces décisions nous semble injustifié, erroné et délétère", ajoutent-ils, dans un texte visant à "clarifier" les "imprécisions" et les "confusions sémantiques" nombreuses, selon eux, dans le débat autour de cette "tragédie complexe".

"Vincent Lambert n'est pas en fin de vie"

Les parents de Vincent Lambert, opposés à "l'arrêt des traitements" de leur fils, mis en oeuvre ce lundi, avaient organisé dimanche un rassemblement devant l'hôpital Sébastopol de Reims pour dénoncer une "euthanasie déguisée".

Dans une tribune distincte également parue dans Le Monde, une trentaine de "médecins spécialisés dans le handicap", dont deux proches des parents de Vincent Lambert, Xavier Ducrocq et Bernard Jeanblanc, réaffirment qu'à leur sens, cet homme de 42 ans victime d'un accident de la route en 2008 "n'est pas en fin de vie" et que l'arrêt de ses traitements n'est donc pas justifié.

"Une personne diagnostiquée en état végétatif ou pauci-relationnel (état de conscience minimale, NDLR) peut être consciente", soulignent-ils, estimant que "même des équipes expérimentées se trompent dans 30 à 40% des cas" pour déterminer si un patient est conscient ou non.

Selon le collectif signataire de cette tribune, "il y a près de 1.700 personnes en France, hospitalisées en unités spécialisées EVC-EPR (état végétatif chronique-état pauci-relationnel) ou, pour certaines, à domicile".

En novembre 2018, les experts mandatés par la justice avaient conclu que l'ancien infirmier était dans un "état végétatif chronique irréversible" ne lui laissant plus "d'accès possible à la conscience".

Mélanie Rostagnat avec AFP