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Pourquoi le nom que le prochain pape choisira en dira long sur son pontificat

Des cardinaux assistent à une messe au Vatican après la mort du pape François, le 1er mai 2025 (photo d'illustration)

Des cardinaux assistent à une messe au Vatican après la mort du pape François, le 1er mai 2025 (photo d'illustration) - Filippo MONTEFORTE / AFP

Jean, Paul, Benoît ou Pie... le nom de règne que le nouveau pape, élu ce jeudi 8 mai parmi les cardinaux, va se choisir donnera quelques clés quant aux grandes orientations de son pontificat à venir.

Les quelque 133 cardinaux électeurs ont élu l'un d'entre eux. Ce jeudi 8 mai, un nouveau pape a été élu pour succéder à François.

L'identité du souverain pontife ne sera connue que quand le cardinal protodiacre - le français Dominique Mamberti - prononcera la célèbre locution latine "habemus papam" depuis le balcon central de la basilique Saint-Pierre, au Vatican. Il donnera ensuite le nom civil du cardinal devenu pape puis son nom de règne, c'est-à-dire le nom que le nouveau pape aura lui-même choisi.

"Le pape n'a pas l'obligation de choisir un nom de règne, il est arrivé par le passé qu'un pape conserve son prénom pour nom de règne, mais c'est un rituel, un usage", explique à BFMTV.com Jean-Benoît Poulle, historien du catholicisme. En général: un prénom de Saint ou de pape.

"C'est un peu comme quand on prononce des vœux religieux, comme une renaissance ou un baptême."

Avec une portée souvent symbolique. Pour la saisir, il suffit ainsi de se pencher sur les papes ou le saint qui ont porté ce nom.

"Un nom de règne est programmatique"

Christine Pedotti, directrice de la rédaction de la revue Témoignage chrétien, évoque le cas du pape Jean-Paul Ier. "Il a choisi lors de son élection en 1978 d'associer les noms de ses prédécesseurs Jean XXIII, à l'initiative du concile Vatican II (la grande réforme qui a ouvert l'Église au monde en 1962, NDLR) et Paul VI, son successeur considéré comme le premier pape moderne." Alors quand Karol Wojtyla prend sa succession en 1978, il choisit un nom de règne qui rappelle cet héritage progressiste.

Après Benoît XVI - qui a incarné une forme de retour à un catholicisme plus conservateur mais dont le nom de règne évoque Benoît XV, ce pape qui a tenté de faire la paix pendant la Première Guerre mondiale - François a quant à lui incarné une rupture. Il a été le premier à opter pour un nom n'ayant jamais été porté par un pape - François fait référence à François d'Assise, un Saint du 12e siècle.

"Rien que par son nom, Jorge Bergoglio a montré sa volonté de s'inscrire dans une vraie nouveauté", poursuit Jean-Benoît Poulle, également auteur de l'Observatoire du conclave publié sur le site du Grand Continent où il a analysé les profils des 19 papabili, les cardinaux favoris.

"Dans un nom de règne, vous avez les grandes orientations du pontificat à venir. Un nom de règne est programmatique."

François d'Assise, un Saint qui a fait vœu de pauvreté et d'humilité, également considéré comme un précurseur de la défense du vivant. Deux ans après son arrivée au Vatican, le pape François publiait une encyclique entièrement consacrée à l'écologie et prônant la décroissance.

Jean, Pierre ou Alexandre?

Le nouveau souverain pontife pourrait-il opter pour François II? "Le pape François est déjà allé assez loin à l'échelle de l'Église", pointe Jean-Benoît Poulle. Sauver son héritage, oui, mais le réinscrire dans une forme de normalité."

"Je parierai plutôt sur un nom de pape traditionnel."

Comme Jean (XXIV), Benoît (XVII) ou (Clément XV). "Clément n'a plus été porté par un pape depuis la Révolution", précise l'historien. "Mais c'était le quatrième pape de l'Église et c'est un saint en bonne place à la messe." Paul (VII) a également ses chances. "Rome, c'est la ville de Pierre mais aussi de Paul, l'un des deux apôtres les plus importants." Un nom qui serait par ailleurs signe d'ouverture: Paul III ayant condamné l'esclavage et Paul VI était connu pour ses positions progressistes.

En revanche, les chances sont faibles pour que le nouveau chef de l'Église catholique choisisse de s'appeler Pierre. "C'est le nom de saint Pierre, le tout premier pape (et un des disciples de Jésus de Nazareth, NDLR)", rappelle Jean-Benoît Poulle.

"Aucun pape n'a jamais choisi de s'appeler Pierre. C'est un modèle indépassable."

Peu de chances non plus que ce soit Jean-Paul (III), "cela ferait assez orgueilleux avec la statue exceptionnelle de Jean-Paul II", poursuit l'historien. Et encore moins avec Alexandre (VIII). "Alexandre VI a été l'un des pires papes de l'Histoire. Rodrigo Borgia, associé au pape des orgies". Quant à un éventuel Pie XIII, le nom fait avant tout référence à ces papes d'avant l'ère Vatican II, plutôt traditionalistes. "Ce serait le signe d'un retour en arrière", juge Jean-Benoit Poulle.

Christine Pedotti, directrice de Témoignage chrétien, résume: "Le nom d'un pape raconte toujours une histoire". Dont le premier chapitre est attendu dans les prochaines heures ou les prochains jours dès l'apparition d'une fumée blanche au-dessus de la chapelle Sixtine.

https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV