Pourquoi la famille royale britannique continue de fasciner?

Des Anglais célèbrent la naissance du dernier né de Kat et William, le 23 avril 2018. - JUSTIN TALLIS / AFP
Si tout ce qui touche à la famille royale britannique vous hérisse le poil, la période qui s’ouvre s’annonce compliquée à vivre. Il y a quelques semaines, Kate Middleton, duchesse de Cambridge, a donné naissance à son troisième enfant, un petit garçon, Louis, de 3,8 kilos. Et ce samedi 18 mai, nouvelle séquence très "british" en perspective, puisque le prince Harry se mariera avec la comédienne américaine Meghan Markle. Autant dire que la fascination pour la famille royale britannique ne risque pas de se démentir dans les jours qui viennent.
Des Français passionnés par les têtes couronnées d’outre-Manche, Chantal Lasserre en connaît quelques-uns. Gérante du "British Shop", dans le 16e arrondissement de Paris, cette franco-britannique vend quelques produits liés à la famille royale la plus connue de la planète, "mais que des jolies pièces parce que les gens les collectionnent", prévient-elle. Depuis l’ouverture de sa boutique il y a 36 ans, la vague ne s’est jamais démentie.
"Et ce ne sont que des Français! Je pense que ça les fait rêver, dans des moments qui sont parfois un peu moroses en France… Ils connaissent tout sur la famille royale, et d’ailleurs la plupart du temps ce sont eux qui m’apprennent des choses", reprend-elle.
"On a le sentiment que c’est vieillot parce que nous avons un modèle différent"
Et n’imaginez pas que ses visiteurs ne sont que des mamies amoureuses de produits kitch. "Il y a tous les âges, assure Chantal Lasserre. Même des jeunes filles qui viennent acheter des choses parce qu’elles ont prévu de se faire une soirée girly". "On a le sentiment que c’est vieillot parce que nous avons un modèle différent, républicain et non-monarchique, prévient Adelaïde de Clermont-Tonnerre, directrice de la rédaction du magazine Point de Vue. Mais si vous regardez, la moitié des pays d’Europe, et ce n’est pas rien, sont des monarchies. Donc ce que nous considérons comme archaïque n’est absolument pas le cas dès qu’on sort le nez de notre nombril hexagonal".
Chez Point de Vue, consacrer la une à la famille royale britannique n’est pourtant pas synonyme de carton de ventes assuré. "Ce n’est pas le joker magique, parce qu’il faut qu’ils aient une actualité. Il ne suffit pas de les mettre en couverture. Il faut qu’ils aient une histoire, et là on est très gâté. Il y a une actualité intense et récurrente", assure Adelaïde de Clermont-Tonnerre. Dans un sondage paru en 2015, à l’occasion de la naissance du 2e enfant de William et Kate, si 70% des Français avaient "une bonne opinion" de la famille royale, 21% considéraient tout de même cette naissance comme un fait "important".
"Un président qui puise dans beaucoup de symboles monarchiques"
De quand dater l’intérêt des Français pour les monarques britanniques? "Du mariage de Charles et Diana, promet Chantal Lasserre. C’est là où je me suis rendu compte que les Français l’aimaient beaucoup. Et d’ailleurs ils l’aiment encore. Je me suis promenée au pont de l’Alma, j’étais sidéré de voir le nombre de gens autour de cette petite flamme". Depuis, "les gens viennent régulièrement pour les baptêmes, les mariages et les naissances".
Les preuves de l’attrait des Français pour les monarques sont aussi à trouver du côté de l’exercice du pouvoir de leur président, à en croire Adelaïde de Clermont-Tonnerre.
"Quand on parle du président jupitérien, c’est un président qui va puiser dans beaucoup de symboles totalement monarchiques, assure la directrice de la rédaction de Point de Vue. Quand il reçoit Poutine à Versailles, qu’il fait des grands dîners d’Etat à l’Elysée, il va puiser dans quelque chose qui fait partie de notre culture et avec lequel on a nous Français un rapport complexe mais néanmoins fasciné".
"Comment peut-on ne pas aimer cette reine?"
Elle raconte également qu’Elizabeth II elle-même s’était étonnée lors de sa dernière visite en France d’entendre des "Vive la Reine!" dans la foule qui accompagnait ses déplacements. "Elle a avait même dit que c’était étonnant, vu l’accueil qui lui était réservée, que les Français aient coupé la tête de leur roi", s’amuse Adelaïde de Clermont-Tonnerre.
"Comment peut-on ne pas aimer cette reine?", sourit Chantal Lasserre. A 92 ans, Elizabeth II est toujours la clé de voûte du succès planétaire de la "royal family". "Contrairement au portrait qu’on peut faire d’elle, c’est une personnalité qui s’adapte, estime Adelaïde de Clermont-Tonnerre. Elle est ouverte, curieuse, et s’est adaptée aux mœurs de l’époque. Elle a épousé la transformation de la société. Là, les gens ont dit que la Reine n’allait pas aimer le profil de Meghan Markle, qu’elle ne voudrait jamais qu’elle épouse son petit-fils. Mais elle l’a tout de suite accueillie, et a compris que c’était un formidable atout pour sa famille et pour la monarchie. Cette capacité d’adaptation c’est l’atout et la force de cette famille et de cette monarchie".