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Leonarda: le point sur l'affaire après les aveux du père

Leonarda, sa mère, et ses frères et soeurs, jeudi, au Kosovo.

Leonarda, sa mère, et ses frères et soeurs, jeudi, au Kosovo. - -

La journée de jeudi a été riche en rebondissements dans cette affaire qui agite toujours la classe politique. Aveux du père, mobilisation lycéenne et appel à la démission de Valls... Retour sur les derniers développements de cette affaire.

L'affaire Leonarda continue d'agiter la classe politique et publique. Alors que de nombreux lycéens ont manifesté jeudi leur colère contre la politique gouvernementale d'expulsion des sans-papiers, des aveux du père de famille, Reshat Dibrani, sont venus troubler l'histoire de la famille renvoyée au Kosovo. Retour sur les événéments de la journée.

> Les surprenants aveux du père

Leonarda et sa famille ont été expulsées vers le Kosovo, après avoir épuisé tous leurs recours administratifs. Le père de famille, Reshat Dibrani, avait demandé un droit d'asile en affirmant aux autorités qu'ils venaient tous du Kosovo.

Il s'agit en réalité d'une ruse de sa part. Si lui vient effectivement de ce pays meurtri par des années de guerre, ses enfants et sa femme, eux, sont nés en Italie. "Ce n'est presque pas mentir, c'est pour avoir des papiers. Parce que si je dis que j'arrive du Kosovo et qu'eux arrivent d'Italie, la France ne va pas me dire "Oui bien sûr, vous avez vos papiers tout de suite"", a-t-il confié jeudi à BFMTV.

L'homme confie également avoir présenté un faux certificat de mariage lors de sa seconde demande de régularisation. Un papier "acheté 50 euros à Paris" en 2011.

> Les secrets de cette famille

La famille Dibrani a passé 4 ans et 10 mois en France. Les six enfants sont âgés de 17 mois à 17 ans, et sont scolarisés. La plus grande, Marija, était élève en CAP restauration hôtellerie. Aucun des enfants ne parle l'albanais, la langue du Kosovo. Leonarda, par qui le scandale a pu éclater, se sent étrangère dans le pays de son père: "Ma maison n'est pas là. Ma maison est en France. En France j'ai tout, j'ai tous mes amis, mon petit ami, mes professeurs, mon école, mon avenir. Je n'ai rien ici."

Depuis deux jours, le père de famille est décrit comme "violent" par Gérard Guinot, un homme qui se présente comme le porte-parole du comité de soutien aux sans-papiers de la région. Mais des militants locaux de RESF, joints par BFMTV.com, se désolidarisent totalement de la parole de ce militant. "Il a pété les plombs et raconte n'importe quoi sur la famille de Leonarda", dit l'un d'eux. La justice, elle, n'a pas communiqué à ce sujet.

> La valse de Manuel Valls

Le ministre de l'Intérieur, qui a défendu la procédure d'expulsion tout en diligentant une enquête administrative quand la polémique a éclaté, doit faire face à une opposition grandissante à gauche. Jeudi, Jean-Luc Mélenchon a exigé sa démission sur BFMTV.

"Ce que je dis est très clair, je demande la démission du ministre […] parce que je veux qu’il y ait une victoire morale dans ce pays", a tancé le leader du Front de Gauche." Il y a une loi par-dessus toutes les lois, c’est la loi du cœur qui dit qu’un enfant doit être scolarisé […] On n’expulse pas des enfants comme on expulse des paquets de marchandise", a-t-il martelé.

> La mobilisation des jeunes

Des milliers de lycéens ont défilé dans l'après-midi à Paris, et quelques centaines à La Rochelle, scandant des slogans hostiles au ministre Manuel Valls. Ils se sont mobilisés pour réclamer le retour de deux jeunes expulsés: Leonarda, mais aussi Katchik, un lycéen arménien de 19 ans placé en centre de rétention le jour de son anniversaire et renvoyé samedi dernier. Le garçon est recherché par l'armée dans son pays, et encourt trois à cinq ans de prison pour désertion, selon RESF.

La mobilisation des jeunes, qui s'est traduite également par des blocages de lycées jeudi matin dans l'est parisien, doit se poursuivre vendredi, soutenue par des parents d'élèves de la FCPE, des enseignants de la FSU, et des associations comme RESF. Jean-Luc Mélenchon a lui aussi prévu de se joindre au cortège.

Alexandra Gonzalez