BFMTV
Société

La "charge mentale" des femmes, épuisées de tout gérer, une notion floue qui parle à beaucoup

Les tâches domestiques sont encore l'apanage des femmes (photo illustration)

Les tâches domestiques sont encore l'apanage des femmes (photo illustration) - Geoff Caddick-AFP

Une bande dessinée met en lumière la charge mentale qui pèse sur les femmes. Autrement dit la responsabilité mentale d'une femme sur l’organisation domestique du foyer.

Penser au rendez-vous chez le pédiatre, à la liste des courses, ou encore à lancer le lave-linge... En dessinant son quotidien, une illustratrice a souhaité mettre en lumière la "charge mentale" qui pèse sur les femmes, souvent gestionnaires du foyer.

Au-delà de la répartition, toujours inégale, des tâches domestiques entre les femmes et les hommes, il est une tâche supplémentaire, invisible: l'organisation de la vie du foyer et l'anticipation de ce qui pourrait la perturber.

"Responsable en titre du travail domestique"

Dans la BD "Fallait demander", publiée récemment sur Facebook, l'illustratrice Emma met en scène sa vie de mère, de femme et de salariée avec "un partenaire qui attend qu'elle lui demande de faire des choses", la voyant "comme la responsable en titre du travail domestique".

Cette ingénieure en informatique de 36 ans revient sur cette bande dessinée au micro de BFMTV. 

"J’ai recoupé mon expérience avec celle de mon entourage. On vit toutes la même chose. Réelle souffrance. Obligée de réfléchir tout le temps. Au boulot, la nuit ou sur nos moments de détente.", raconte la dessinatrice Emma à BFMTV. 

Plus de 200.000 partages plus tard, une traduction en anglais: "You should've asked", et des centaines de commentaires, souvent féminins. La féministe se réjouit, elle, d'avoir aidé à une "libération de la parole" et "un éveil des consciences". 

Penser à tout, tout le temps

Laetitia Zack, mère de 3 enfants raconte son quotidien au micro de BFMTV. Cette jeune femme salue la "la justesse" des propos de cette bande dessinée. 

"Faut que je pense à tout. Penser aux vaccins, ce qui manque à la maison. C’est ce que j’appelle la charge mentale…" 

Dans une enquête de 2009, deux chercheuses de l'Ined, Ariane Pailhé et Anne Solaz, soulevaient que "la charge familiale et domestique des femmes les accompagne même au travail". Selon elles, alors que l'implication féminine dans le foyer est "constante et durable", l'implication masculine est plutôt "temporaire et occasionnelle".

"Les hommes sont en appui. On voit qu’ils sont de bonne volonté, disposés à aider, mais ne prennent pas en charge la décision de faire la tâche domestique", ajoute Anne Solaz, chercheuse à l'Ined, à BFMTV.

"La répartition des tâches a tendance à se sexualiser"

Penser aux vaccins des enfants, prévoir le menu quand on reçoit des amis, faire les valises avant les vacances serait alors exclusivement féminin? "Assurément non, soutient François Fatoux. Des hommes gèrent très bien cela et dans les familles monoparentales la question ne se pose pas. Néanmoins, dans un couple, la répartition des tâches a tendance à se sexualiser".

Deux raisons à cela: "l'incompétence, inconsciente ou assumée, des hommes -qui fait que les femmes prennent les devants- et l'idée persistante d'un modèle féminin au foyer -qui fait que les hommes les laissent faire", poursuit-il.

"Pour bien faire, il faudrait laisser tomber sur des petites choses et assumer qu'on délègue", préconise Emma.

Et François Fatoux d'avancer: "tant que les hommes n'auront pas une part plus présente au foyer, ne resteront pas seul avec l'enfant, ils n'auront pas de charge mentale", dit-il, plaidant pour un congé paternité obligatoire et plus long.

Selon l'Insee, les femmes consacrent quotidiennement quatre heures aux tâches ménagères et parentales, contre 2h13 pour les hommes.

E. H. avec AFP