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Pesquet de retour sur Terre: l'astronaute pourra-t-il retourner une troisième fois dans l'espace?

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L'astronaute français vient d'achever son deuxième séjour à bord de l'ISS. S'il est possible qu'il parte une nouvelle fois vers les étoiles, ce troisième voyage devrait l'emmener plus loin que la Station spatiale internationale.

Pas de nouvel envol, du moins pour l'instant. Si Thomas Pesquet va devoir à nouveau se réhabituer à la gravité depuis son retour sur Terre ce mardi, l'astronaute français peut tout à fait prétendre à un nouveau séjour dans l'espace.

"Actuellement il a déjà la fierté d'avoir bien fait son travail, le sentiment du devoir accompli", confie Rémi Canton à BFMTV.com. Le chef de projet de la mission Alpha, à laquelle le spationaute a participé au cours de ces six mois à bord de la Station spatiale internationale (ISS), ajoute que Thomas Pesquet a néanmoins eu "un petit brin de nostalgie de quitter cet environnement".

Lors de son précédent retour en 2017, après sa première mission baptisée Proxima, l'astronaute français n'avait pas caché son envie de repartir:

"L'espace, c'est une drogue dure", déclarait-il dans les colonnes du Parisien, "Oui, forcément. Cela me manque."

S'il est désormais remplacé par l'Allemand Matthias Maurer qui le sera ensuite par l'Italienne Samantha Cristoforetti, l'Agence spatiale européenne (ESA) entend bien faire appel une nouvelle fois à l'ambassadeur français de l'espace. Mais pour quelle mission cette fois-ci?

• Pas de troisième vol prévu vers la Station spatiale internationale

Avec l'engouement qu'a suscité ce deuxième voyage de Thomas Pesquet dans l'ISS, notamment en raison de son lancement depuis les États-Unis avec un vaissau SpaceX, l'Agence spatiale européenne pourrait être tentée de l'envoyer une troisième fois à 400km de la planète bleue. L'adage "jamais deux sans trois" s'applique-t-il ici?

Contrairement à ce que nous vous indiquions dans une précédente version de notre article, l’ESA ne limite pas ses astronautes à deux vols vers la Station spatiale internationale. Rien n’interdit donc à ce que Thomas Pesquet puisse retourner une troisième fois dans l’ISS, comme l’a rappelé lundi dernier Nathalie Tinjod, cheffe du projet histoire à l’Agence spatiale européenne.

Dans cette hypothèse, le Français ne repartira toutefois pas avant plusieurs années, plusieurs autres astronautes européens devant également effectuer leur premier et/ou second vol à bord de la station. Dans la promotion de 2009, à laquelle appartient Thomas Pesquet, tous ont réalisé au moins un vol. Les derniers à effectuer leur second séjour à bord de l'ISS le feront en 2025. Matthias Maurer, sélectionné en 2015, commence quant à lui son premier séjour.

Par conséquent l’Agence spatiale européenne pourrait être tentée de proposer un troisième voyage spatial pour Thomas Pesquet, mais cette fois-ci vers une toute autre destination.

Les astronautes de l'Agence spatiale européenne en activité, avec la promotion 2009 de Thomas Pesquet, à laquelle s'ajoute l'Allemand Matthias Maurer.
Les astronautes de l'Agence spatiale européenne en activité, avec la promotion 2009 de Thomas Pesquet, à laquelle s'ajoute l'Allemand Matthias Maurer. © ESA

• Destination Mars? Il est "peut-être un petit peu trop vieux"

Pour les amateurs d'espace, les plus grandes prouesses sont encore à venir. Après la Lune vient l'objectif martien, prochaine grande étape de la conquête spatiale. La planète rouge n'a jamais parue aussi proche des habitants de la planète bleue, si bien que le milliardaire Elon Musk a plusieurs fois fait savoir son intention d'envoyer des astronautes sur place d'ici la fin de la décennie.

Est-ce néanmoins réalisable? Sans doute pas avant un bon nombre d'années encore. "C'est vrai que ce qu'a fait SpaceX, c'est assez impressionnant", reconnaissait Thomas Pesquet sur RTL en avril dernier. L'astronaute estimait toutefois qu'atteindre Mars d'ici les prochaines années est peu probable: "Ça ne marchera pas."

Car le voyage vers Mars est des plus complexes. De par sa distance - la Terre ne sera plus visible pour les astronautes - et de par sa durée - plusieurs mois au moins. Aussi il faut préparer psychologiquement et physiquement celles et ceux qui s'engageraient dans cette exploration spatiale.

Âgé aujourd'hui de 43 ans, Thomas Pesquet sera-t-il apte à faire partie du voyage ? Olivier Sanguy, médiateur scientifique à la Cité de l’espace à Toulouse ne voit "aucun problème" à ce que le Français puisse continuer à voler après 50 ans. L'intéressé n'est pas de cet avis. Interrogé sur BFMTV quelques semaines avant son départ vers l'ISS, Thomas Pesquet s'estimait "peut-être déjà un petit peu trop vieux" pour espérer aller lui-même sur Mars. Il est toutefois sûr d'une chose: "Mars sera l’aventure scientifique de ce XXIe siècle."

• Objectif Lune? "Il est tout à fait éligible"

Impossible pour l'ISS, trop tôt ou trop tard pour Mars selon le point de vue duquel on se place. Un juste milieu existe, et il est tout à fait réaliste. L'Agence spatiale européenne est parvenue à un accord avec la Nasa pour effectuer trois vols européens vers Gateway, une nouvelle station spatiale. Une seconde autour de la Terre? Non, autour de son seul satellite naturel, la Lune.

"Être autour de la Lune est un objectif plus atteignable pour sa carrière", explique pour BFMTV.com Olivier Sanguy. "Il a clairement dit que c'était quelque chose qui l'intéressait, Mars aussi mais ça semble beaucoup plus lointain."

Thomas Pesquet aurait ici toutes ses chances de rejoindre ce nouvel engin spatial, toujours pas lancé, puisque l'Agence spatiale européenne - par l'Italie et la France - doit fournir deux modules à cette nouvelle station. Accorder un vol au Français serait donc à la fois un geste diplomatique fort, mais pas seulement. "D'un point de vue européen, il a fait deux vols de six mois. A été commandant de bord, a effectué des sorties extravéhiculaires... Il est tout à fait éligible pour aller sur les missions lunaires", estime Rémi Canton qui souligne qu'il faudra "des astronautes expérimentés".

Avis partagé par Olivier Sanguy: "Il a montré ses qualités. Il est perçu comme un grand astronaute par la Nasa". Pour preuve, en septembre dernier, Thomas Pesquet est choisi par l'agence spatiale américaine pour remplacer l'Américan Mark Vande Hai, gêné au cou, pour effectuer une nouvelle sortie extravéhiculaire. La sixième de sa carrière.

"Dans les opérations spatiales, il y a la diplomatie, la gentillesse, mais on met aussi la personne la plus apte, il y a un moment où on est très dur, on ne va pas envoyer quelqu'un en sortie spatiale pour lui faire plaisir", poursuit le médiateur scientifique. "Cela en dit long sur le professionnalisme de Thomas Pesquet."

Reste que l'accord passé entre les deux agences ne prévoit que des séjours en orbite autour de la Lune et non pas un alunissage. Il n'est donc pas prévu à l'heure actuelle que Thomas Pesquet puisse fouler le sol lunaire. Ce qui reste un "grand rêve" pour lui.

Hugues Garnier Journaliste BFMTV