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Faire cours dehors pour limiter la propagation du Covid: la proposition d'Hidalgo est-elle réaliste?

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Après avoir rejeté l'hypothèse de confinement strict évoquée par son premier adjoint, la maire de Paris a fait une suggestion qui, au printemps dernier, avait été faite par un collectif d'enseignants.

Après avoir définitivement écarté la proposition - devenue une simple "hypothèse" - d'un confinement strict de plusieurs semaines à Paris, émise par son premier adjoint, Anne Hidalgo en a sortie une autre de son chapeau. Ce lundi lors d'un point presse, la maire de la capitale a suggéré qu'à mesure que le beau temps reviendrait, les classes d'écoliers puissent être organisées à l'extérieur.

En théorie donc, les parcs et jardins seraient mis à disposition des élèves et de leurs enseignants. L'idée est censée permettre de limiter au maximum les risques de circulation du virus, accentués par l'enfermement en salle de classe.

Les parents partagés

Parmi les parents interrogés par BFMTV, la proposition divise. "Si c'est possible rapidement, oui", acquiesce un père. "Avec les temps qui courent aussi, pour une question sanitaire, ça peut être aussi de meilleures conditions."

Une mère se montre beaucoup plus sceptique. "Alors comme ça oui, c'est vrai que ça pourrait faire rêver, mais ça ne nous semble pas du tout réaliste", raille-t-elle. "Comment va faire la maîtresse? (...) Pour les matières un peu classique comme les maths et le français, elle a quand même besoin de matériel, de bureaux, de tableaux."

Ghislaine Morvan-Dubois, présidente de la section parisienne de la FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves), trouve l'idée excellente, surtout "si ça peut permettre de maintenir des élèves dans un groupe-classe et avec leur enseignant".

"Il faut peut-être diversifier les lieux pour que tout le monde puisse y avoir accès", prévient-elle.

Déjà proposé à l'issue du premier confinement

Certains syndicats d'enseignants, quant à eux, jugent la mesure envisageable, même si elle nécessite une certaine réflexion: "Enseigner la division à l'école élementaire, on peut très bien le faire en extérieur", estime Élisabeth Kutas, secrétaire départementale du syndicat SNUippp-FSU, mais tout ça "demande de l'organisation".

"Cette proposition semble comme ça séduisante", a poursuivi Caroline Pecqueur, membre du même syndicat, ce mardi sur BFM Paris. Mais elle reste sceptique sur sa mise en application. "Il faut rappeler qu'à Paris, il y a quand même 650 écoles, environ dix fois plus de classes, donc beaucoup d'élèves pour des espaces verts peu nombreux. Donc ça ne peut pas être un réponse à la crise sanitaire en soi. Ça restera anecdotique".

Au printemps dernier, lorsque le premier confinement touchait à sa fin, un collectif de chercheurs, d'enseignants, de formateurs et d'acteurs associatifs signait dans Le Monde une tribune esquissant la même innovation.

"Pourquoi ne pas faire cours dehors? Cela aiderait à protéger les enfants, les enseignants et les familles. À l’extérieur, le renouvellement de l’air permet de réduire le risque de contagion par aérosol. Cela permettrait aussi de renforcer le système immunitaire des enfants et des enseignants, ce qui est utile en période d’épidémie", écrivaient-ils.

Les rédacteurs de cette tribunes arguaient par ailleurs qu'au-delà de l'impératif sanitaire, dispenser des cours à l'extérieur permettrait de mieux développer le rapport de l'enfant à la nature.

Jules Pecnard Journaliste BFMTV