Covid-19: plusieurs études britanniques assurent qu'Omicron entraîne moins d'hospitalisations que Delta

Mercredi, le Royaume-Uni où flambe le variant Omicron a déploré le signalement de 100.000 nouveaux cas de Covid-19. Mais c'est de ce même Royaume-Uni et de ce même mercredi qu'a jailli une double lueur d'espoir. D'après plusieurs études - deux anglaises, l'autre écossaise -, Omicron est certes bien plus contagieux que le variant Delta mais entraîne à ce stade bien moins d'hospitalisations.
En France, les spécialistes se réjouissent de ces observations qu'ils accueillent malgré tout avec beaucoup de nuances et de prudence vu la progression galopante d'Omicron.
Réduction des deux tiers des hospitalisations selon l'Université d'Edimbourg
Il faut commencer par une précision d'importance: aucune des deux études britanniques en question n'a encore eu le temps d'être visée "par les pairs" selon la formule consacrée. Elles vont toutefois dans le même sens, établissant conjointement la plus haute contagiosité du variant Omicron par rapport à Delta, le nombre moindre d'hospitalisations entraînées et aussi l'efficacité de la dose de rappel vaccinale.
L'étude écossaise nous vient de l'Université d'Edimbourg. Elle s'est concentrée sur les cas de contamination enregistrés localement en novembre et décembre et sur les admissions (c'est-à-dire les séjours hospitaliers d'au moins une nuit). Elle a ensuite divisé les patients en deux panels: le public atteint par Omicron, celui atteint par Delta. Sa conclusion, bien que balancée, est claire: "Omicron est associé à une réduction de deux tiers du risque d'hospitalisation pour Covid-19 par rapport à Delta".
"La dose de rappel offre une protection supplémentaire significative contre le risque de contracter une forme symptomatique du virus avec Omicron", poursuit le texte.
Des séjours plus rares et moins longs
La deuxième étude est quant à elle l'oeuvre du Collège impérial de Londres. Portant sur deux ensembles respectifs de 56.000 cas d'Omicron et 269.000 cas de Delta déclarés entre les 1er et 14 décembre comme l'a noté LCI, ces travaux ont constaté une réduction de 20 à 25% dans tout type d'hospitalisation pour Omicron comparé à Delta, et une réduction de 40 à 45% dans les hospitalisations pour une nuit ou plus.
Enfin, une troisième étude de l'agence sanitaire britannique évoque un chiffre encore plus élevé: il y aurait 70% de risque d'hospitalisation en moins en cas de contamination avec le variant Omicron par rapport à Delta, selon la BBC.
L'infectiologue, rattaché à l'hôpital parisien Bichat, Yazdan Yazdanpanah, a commenté ces dernières révélations autour de ces déclinaisons du virus, au cours d'une conférence de presse du Conseil scientifique tenue ce jeudi en fin de matinée et diffusée sur l'application Zoom. Il a remarqué une "baisse de sévérité de 35 à 80% d’Omicron par rapport à Delta". "On peut dire qu'il moins sévère mais à quel point?" s'est-il interrogé, dépeignant tout de même une durée moins importante des séjours hospitaliers, un besoin moindre en oxygène des patients concernés et enfin des transferts plus rares en réanimation.
Au cours de la même réunion, Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur, a mis ces études en miroir avec une troisième (mise en ligne mardi sur le site spécialisé MedRxiv), sud-africaine celle-ci, en exhumant l'observation d'une "baisse de 80% des hospitalisations pour les personnes infectées avec Omicron par rapport au Delta".
Controverses autour des conséquences pour l'hôpital
Plus tôt, en duplex lors de notre émission Focus Première, Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille, avait déjà évoqué ces données sud-africaines. "On se posait déjà la question avec les données venant d'Afrique du sud", a-t-il lancé, mais "comme la population y est beaucoup plus jeune", le praticien a vu dans les documents britanniques "une excellente confirmation".
"Ça ne résoud pas le problème de la contagion fulgurante mais par rapport au risque de surcharge des hôpitaux, ça permet d'avoir un peu d'espoir", a-t-il repris.
Tout le monde, malheureusement, n'est pas de ce dernier avis. Ainsi, Rémi Salomon, président de la Commission Médicale d'Établissement de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, a développé un tout autre tableau après la lecture de ces études sur RTL.
"Il faut tout de suite pondérer ces bonnes nouvelles avec l'extrême contagiosité d'Omicron. On n'a jamais vu un virus aussi contagieux que celui-ci. Il se répand comme une traînée de poudre. En moins de trois semaines, il a remplacé Delta dans certains pays et en France, la bascule est en train de se faire. Dans les jours qui viennent il sera majoritaire en France, et il n'y aura plus que du Omicron en janvier", a-t-il commencé, ajoutant alors: "Donc même s'il y a un peu moins de cas graves, il y aura tellement de cas au total que probablement il y aura une augmentation importante, voire très importante du nombre de patients dans les hôpitaux".
Un "gros rhume"
Pour les spécialistes, différentes hypothèses peuvent déjà expliquer la relative rareté des formes sévères de Covid-19 sous Omicron par rapport à Delta: son intrusion au sein d'une population déjà largement vaccinée, et la jeunesse de la cible préférentielle du nouveau variant jusqu'à présent - soit les 20-40 ans, d'après Philippe Amouyel sur notre antenne ce jeudi matin.
Généralement moins grave, Omicron passe plus souvent incognito. Une discrétion qui n'est pas sans risque ni implications sanitaires. Boris Hansel, médecin et consultant de BFMTV pour les questions de santé, a décrit cet écueil dans nos studios.
"On ne le dit pas assez mais Omicron se traduit chez beaucoup de personnes par un gros rhume. Le variant se multiplie énormément dans les voies aériennes supérieures. Certains disent que c'est peut-être pour ça qu'on est moins atteint car s'il descend moins dans les poumons, ça reste très superficiel", a posé le docteur en préambule. Il a enchaîné: "Mais ça veut dire aussi sur le plan très concret qu'il faut arrêter de se moucher avec le même mouchoir et devant tout le monde. Et il faut se laver les mains systématiquement après s'être touché le nez."
Une perspective moins angoissante au moins qu'une hospitalisation.
