Covid-19: pourquoi l'ampleur d'une potentielle 4e vague à la rentrée se joue maintenant

Des passants sur les Champs-Elysées, à Paris, le 17 juin, au premier jour de la levée de l'obligation de porter le masque en extérieur. - Thomas COEX / AFP
Le nombre de vaccinations réalisées dans les prochains jours sera crucial. Olivier Véran s'est réjoui mercredi de la hausse soudaine des prises de rendez-vous pour la vaccination contre le Covid-19 de l'ordre de 10 à 20%: "On continue, on accélère. Gratuit, rapide, et près de chez vous. Face à la menace du variant Delta."
L'accélération après la décélération. Ce coup de boost qui profite à la campagne vaccinale survient malgré tout après plusieurs jours de baisse de prises de rendez-vous pour la première injection du vaccin contre le Covid-19. Un rythme qui ne rassure pas les autorités sanitaires qui alertent déjà sur la probabilité d'une nouvelle vague au mois de septembre.
L'immunité collective pas encore atteinte
Ces appels lancés à l'approche des vacances d'été sont tout sauf le fruit du hasard: le variant Delta, plus contagieux que les autres souches du virus, progresse rapidement en France et pourrait devenir majoritaire d'ici la rentrée. Les autorités le savent, le cap atteint mardi des 50% de Français primo-vaccinés est loin de suffire pour espérer l'immunité collective.
Face à cette inquiétude, le discours du pouvoir reste inchangé. "Chaque vaccination est une protection contre une nouvelle vague", a déclaré ce jeudi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à l'issue du Conseil des ministres. Mais même si les doses ne manquent pas et que le délai entre les deux injections a été assoupli, l'exécutif sait que le calendrier estival ne joue pas en leur faveur.
"Les Français ne pensent pas à la vague du mois d'octobre, ils pensent à ce qu'ils vont faire quand les boîtes de nuit vont rouvrir", a estimé jeudi soir Gilles Pialoux. Le chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon à Paris, interrogé par nos confrères de LCI, pense que l'"insuffisance vaccinale" et la propagation de variants plus contagieux que la souche classique "redistribuent complètement les cartes de la prévention".
Le calendrier de réouverture n'aide pas non plus. La dernière étape du déconfinement progressif du pays a débuté mercredi, mettant fin aux jauges dans les lieux recevant du public et permettant le retour des concerts et des festivals.
Après des mois d'enfermement, la population française peut avoir des envies de liberté retrouvée dans un contexte d'amélioration de la situation sanitaire. Une situation qui peut freiner certains à se faire vacciner, n'y voyant désormais pas ou plus d'utilité.
"L'impact de la vaccination sur la rentrée devrait se jouer dans les prochains jours"
L'Institut Pasteur met pourtant en garde: un ralentissement de la vaccination en France laisse entrevoir "un pic d'hospitalisations important" au courant de l'automne. "Les personnes non-vaccinées contribuent de façon disproportionnée à la transmission: une personne non-vaccinée a 12 fois plus de risque de transmettre le SARS-CoV-2 qu’une personne vaccinée", soulignent également les chercheurs dans leurs projections communiquées lundi.
"C'est maintenant qu'on prépare notre automne et c'est en automne que les choses vont devenir très sérieuses. Il faut se faire vacciner pendant l'été", avertit le Pr Didier Pittet. Le président de la mission indépendante sur l'évaluation de la crise sanitaire en France a rappelé sur le plateau de LCI que la première dose de vaccin "est déjà efficace mais elle n'est pas suffisante".
Guillaume Rozier rappelle qu'il faut en moyenne un délai de six semaines entre deux doses d'un vaccin puis deux autres semaines pour atteindre un nombre maximal d'anticorps. Ainsi une personne souhaitant recevoir très prochainement sa première injection n'achèvera son schéma vaccinal qu'à la fin du mois d'août. Le jeune ingénieur fondateur de CovidTracker et de la plateforme Vite ma dose est catégorique: "l'impact de la vaccination sur la rentrée de septembre devrait se jouer dans les prochains jours. Après, ça sera trop tard."
"C'est maintenant qu'il faut y aller"
Rémi Salomon a lui aussi fait passer un message d'alerte ce jeudi matin. Le président de la commission médicale d'établissement de l'AP-HP a rappelé sur Twitter les bienfaits individuels et collectifs de la vaccination contre le coronavirus.
"Se faire vacciner c'est diminuer le risque d'attraper le Covid, de le transmettre, d'avoir une forme grave si on l'attrape et d'une quatrième vague avec des restrictions socio-économiques dont on ne veut plus", a énuméré le médecin, "le vaccin sauve des vies et nous permet de vivre normalement. Si on veut être tranquilles à la rentrée, c'est maintenant qu'il faut y aller."
Selon les dernières données communiquées par le ministère de la Santé, 33.896.012 personnes ont reçu au moins une injection et 22.785.561 personnes présentent désormais un schéma vaccinal complet en France. L'exécutif s'est fixé pour objectif d'atteindre les 40 millions de primo-vaccinés et les 35 millions de schémas vaccinaux complets d'ici la fin du mois d'août.