Covid-19: l'appel à la prudence des médecins à quelques jours de la levée des restrictions

(Photo d'illustration) - Pascal GUYOT / AFP
Le lundi 14 mars signera la fin du port du masque dans la quasi-totalité des lieux où il était obligatoire ainsi que la fin du pass vaccinal. Dans le même temps, depuis quelques jours, les contaminations repartent à la hausse. "Cette pandémie est loin d'être terminée", a, par ailleurs, mis en garde ce mercredi le patron de l'OMS.
Est-il trop tôt pour lever les restrictions sanitaires? Si certains spécialistes défendent la stratégie du gouvernement, d'autres appellent à la vigilance.
"Des promesses dans une situation électorale"
"On est dans une situation inédite pour une gestion de vague: on a annoncé un mois à l'avance que la partie était gagnée", déplore Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches dans les Hauts-de-Seine, à BFMTV.com. À titre d'illustration, en vigueur seulement depuis le 24 janvier, la fin du pass vaccinal a très vite été annoncée pour le courant du mois de mars.
Une situation qui ne permet pas de freiner l'épidémie de la meilleure des manières. "Forcement ça entraîne un relâchement bien avant la date butoir, poursuit Benjamin Davido. On attend le 14 mars comme on attend Noël".
"On a fait des promesses dans une situation électorale, c'est ça le problème", affirme Benjamin Davido.
En plus de la levée des restrictions et d'un potentiel relâchement des Français, le rebond actuel est également du aux vacances scolaires. Elles ont, effectivement, entraîné un brassage de populations important, suivi d'un retour à l'école avec un protocole bien moins strict qu'auparavant. Conséquence, les régions les plus touchées par la hausse des contaminations sont celles de la zone B, la première à être rentrée de vacances.
Une levée des restrictions non-conditionnée
Pour Antoine Flahault, épidémiologiste, professeur de santé publique et directeur de l'Institut de santé globale de l'université de Genève, le principal problème de la situation actuelle est que l'on a fixé des levées de restrictions "en se basant sur un calendrier et non sur des indicateurs".
En effet, le 22 février, devant le Sénat, Olivier Véran annonce un retrait du pass vaccinal si certaines conditions concernant l'épidémie sur le territoire sont respectées. "Au 14 mars, on n'y sera pas", estime Antoine Flahault à BFMTV.com.
Pour les spécialistes, les restrictions sanitaires, et leur retrait, ne doivent plus être basées sur un calendrier, ni même si le nombre de contaminations qui n'est plus corrélé aux hospitalisations. A contrario, ce sont les données hospitalières qui doivent guider la politique sanitaire.
Une stratégie de long-terme
Pour autant, les médecins ne se veulent pas alarmistes. Pour le moment, ce rebond n'est qu'un "bruit de fond" à l'hôpital, explique Benjamin Davido. Toutefois, il y a généralement un décalage de dix jours entre l'évolution du nombre de contaminations et une éventuelle répercussion dans les hôpitaux.
"Beaucoup de personnes, notamment les plus jeunes et les vaccinés, ne risquent pas grand-chose. Mais il y a quand même la problématique des Covids longs et celles des personnes vulnérables qu’on laisse un peu seules et livrées à elles-mêmes", regrette Antoine Flahault, favorable à un maintien plus long du port du masque en intérieur.
Si certains spécialistes se montrent optimistes sur ce rebond qui, selon eux, devrait largement être freiné par l'arrivée des températures printanières, d'autres appellent à la prudence. "En Nouvelle-Zélande ou à Hong-Kong, on est au coeur de l'été et au coeur d'une grosse vague épidémique, met en garde l'épidémiologiste. Le climat joue un certain rôle mais ne bloque pas le virus".
"Le problème, ce ne sont pas les quinze prochains jours". Pour les spécialistes, le défi des autorités est de trouver une stratégie de long-terme pour créer des digues afin que le virus circule faiblement et ne crée pas de vagues trop importantes pour le système hospitalier.