Covid-19: comment expliquer le rebond épidémique?

Un homme réalise un test de dépistage au Covid à Dunkerque (photo d'illustration) - DENIS CHARLET / AFP
Une légère hausse du nombre de cas positifs au Covid-19 a été remarquée ces derniers jours, faisant craindre un nouveau pic de contaminations et une augmentation des hospitalisations, alors que quasiment toutes les restrictions sanitaires ont été retirées en France. L'obligation de porter un masque dans les lieux intérieurs clos a ainsi été levée ce lundi.
"Nous constatons actuellement un rebond, en France, dans les pays qui nous entourent, c'est-à-dire que le Covid ne baisse plus, il augmente même", déclarait vendredi le ministre de la Santé Olivier Véran.
"La levée des mesures ne veut pas dire la fin de l'épidémie, l'épidémie est bien présente, les contaminations malheureusement repartent un tout petit peu à la hausse, et c'est assez inévitable", a souligné Yves Coppieters, médecin épidémiologiste et professeur de santé publique, ce lundi sur BFMTV. Mais "l'impact sur les indicateurs hospitaliers est très faible" encore pour le moment.
· Le sous-variant BA.2 plus contagieux
"Qu'est-ce qui explique la reprise d'aujourd'hui? C'est un sous-variant BA.2 d'Omicron qui est plus contagieux que son prédécesseur et de fait entraîne cette remontée de l'épidémie", a déclaré l'épidémiologiste Arnaud Fontanet ce lundi sur France Inter.
"Le Conseil scientifique, que j'ai sollicité, nous dit que c'est surtout le sous-variant BA.2 qui est à l'origine de ce rebond" épidémique, avait déjà expliqué le Premier ministre Jean Castex samedi dans Le Parisien. "Il est plus transmissible que l'Omicron initial, mais il ne semble pas plus dangereux", a-t-il déclaré, s'appuyant sur le fait que "la pression hospitalière, qui reste notre juge de paix, continue de baisser".
D'après les derniers relevés de séquençages, le variant Omicron représente aujourd'hui plus de 98% des cas de Covid-19 identifiés en France.
· Le relâchement des comportements
Arnaud Fontanet met également en cause dans la reprise épidémique actuelle le "relâchement des comportements qui ont anticipé la levée des mesures comme c'est souvent arrivé dans le passé". L'annonce de l'arrêt du port du masque obligatoire date en effet d'il y a plusieurs semaines, et a été accompagné d'une diminution du nombre de cas positifs, ce qui a pu encourager du relâchement dans le respect des mesures barrières.
Or c'est en partie sur ce point que se joue la circulation future du Covid-19, selon les projections de l'Institut Pasteur.

"Dans tous les scénarios explorés, le pic des cas reste très inférieur au pic de janvier", expliquent les chercheurs, mais "il pourrait dépasser 100.000 cas quotidiens en mars dans les scénarios où les taux de transmission augmentent de façon très importante suite au relâchement des mesures de contrôle".
· La rentrée scolaire a pu jouer
"Il y a eu la rentrée scolaire également", ajoute l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, "on a bien vu que les régions où l'incidence est repartie à la hausse sont celles qui sont revenues de vacances le 21 février avec des incidences très élevées chez les 0-9 ans".
"Le taux de positivité du Covid-19 semble repartir à la hausse dans la zone B, une dizaine de jours après la rentrée scolaire", notait Guillaume Rozier, créateur de la plateforme CovidTracker, lundi dernier.
L'incidence de la circulation du Covid-19 à l'école a été plusieurs fois abordée depuis le début de la pandémie. Elle est complexe à gérer car il s'agit de protéger les enfants et leurs familles de l'infection tout en assurant la bonne continuité pédagogique.
Depuis ce lundi, le masque n'est plus obligatoire dans les établissements scolaires en France, mais reste recommandé pour les personnes positives et cas contacts à risque, les personnes symptomatiques et les professionnels de santé.
· Le mois de mars favorable au Covid-19 ?
Le lien entre la météo et la propagation du Covid-19 a plusieurs fois été pointé du doigt depuis le début de la pandémie. De la même façon que d'autres virus respiratoires, le SARS-CoV-2 semble mieux circuler quand il fait plus froid, car l'hiver, la population a tendance à rester dans des lieux clos et à moins aérer, ce qui facilite les contaminations. De plus les systèmes immunitaires sont plus fragiles et se défendent donc moins bien lorsqu'il fait froid.
Et le mois de mars semble, jusque-là, avoir été favorable au Covid-19. C'est "un mois où on sait que ce virus circule", rappelle Arnaud Fontanet. En 2020, c'est à cette période que la première vague s'était propagée en France. "Rappelez-vous mars 2020, c'est le mois où on a dû confiner", note l'épidémiologiste. Le troisième confinement en avril 2021 avait également été déclenché après un pic de contaminations au mois de mars.
"Après les choses devraient s'arranger et on peut espérer qu'avec le printemps aussi on arrive dans une période" où la circulation du virus sera moins importante, ajoute-t-il.
· Vers un rebond important?
Dans ses scénarios les plus pessimistes, l'Institut Pasteur estime que le pic des contaminations "pourrait dépasser 100.000 cas quotidiens en mars", un chiffre élevé mais "très inférieur au pic de janvier".
Comme à chaque fois, ces projections restent soumises à plusieurs incertitudes. On ne connait ainsi pas la durée de protection des vaccins, ni celle conférée aux personnes infectées par Omicron ces dernières semaines. D'autre part, de nouveaux variants pourraient changer la donne.
"On ne peut pas croire qu'il n'y aura pas de nouveaux variants préoccupants en 2022, il y en a eu cinq en 2021", rappelle Yves Coppieters, donc "sans doute qu'il y aura d'autres variants".
