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UMP: "Il existe une nostalgie de Nicolas Sarkozy", mais...

Nicolas Sarkozy, lors de son discours controversé de Grenoble en 2010, qui a marqué un tournant décisif dans sa politique.

Nicolas Sarkozy, lors de son discours controversé de Grenoble en 2010, qui a marqué un tournant décisif dans sa politique. - Philippe Desmazes - AFP

Son retour acté, quelles sont les chances de Nicolas Sarkozy de revenir en 2017? Pour Yves-Marie Cann, directeur de l'opinion à l'institut CSA, l'ancien président devra revoir sa politique pour s'imposer, notamment au centre.

Même si sa victoire à l'élection du parti en novembre prochain face à Hervé Mariton et Bruno Le Maire semble acquise d'avance, Nicolas Sarkozy va devoir s'imposer pour obtenir une large majorité, nécessaire afin d'arriver en tête aux primaires de 2017. Quelles sont ses chances de réussite? Comment est-il perçu par les Français? Réponses avec Yves-Marie Cann, directeur de l'opinion à l'institut CSA.

Finalement, qui attend le retour de l'ex-président?

Il n’existe pas un désir majoritaire et massif de la population. Il n’y a pas un mouvement général en sa faveur. En revanche, le sondage publié samedi pour BFMTV montre qu’il reçoit un soutien très fort des sympathisants UMP (89%). Il fait figure de favori, mais si son score à la présidence du parti est inférieur à 80%, cela pourrait signifier que pour un certain nombre, le passage par la case "parti" n’était pas souhaitable pour aller au combat en 2017.

Bruno Le Maire estime que si Nicolas Sarkozy fait plus de 80% au scrutin pour la présidence de l'UMP, "le jeu sera fermé à droite"...

Il est certain que 80% voire plus serait un plébiscite. Aujourd’hui, on entrevoit à travers les sondages qu’il existe une nostalgie de Nicolas Sarkozy chez les militants et les sympathisants, même si on ressent également l’envie de voir émerger de nouvelles têtes. En ce sens, il sera très intéressant d’analyser les résultats de Bruno Le Maire, qui est parti tôt en campagne et a mis en place une véritable organisation. Son score devrait être supérieur au troisième adversaire, Hervé Mariton, qui apparaît plus comme une candidature de témoignage.

Et du côté des centristes?

Eux sont plutôt sur la réserve: 72% des sympathisants du MoDem n’approuvent pas son retour, alors que 55% l'accueillent favorablement à l’UDI. L’écart avec les résultats pour l’UMP veut dire quelque chose: le positionnement politique de Nicolas Sarkozy à la fin de son mandat, et plus précisément après le discours de Grenoble en 2010, a laissé des traces au centre. Les représentations associées à l’ex-président sont très marquées par son visage de 2012, et à ce stade, je ne perçois pas de changement politique par rapport à ce que j’ai vu dimanche soir sur France 2. Ses deux propositions fortes dimanche ont été les référendums et l’immigration à travers Schengen, qui sont justement deux marqueurs forts de sa dernière campagne présidentielle.

Qui sont ses challengers pour 2017?

Nicolas Sarkozy reste le champion le plus désiré à droite pour la présidentielle, mais on voit que les perceptions commencent à se modifier autour d’Alain Juppé. Il s’impose petit à petit comme un recours possible à Nicolas Sarkozy. Il a pris un avantage dans les sondages par rapport à François Fillon et Xavier Bertrand, mais reste encore loin derrière l’ancien chef de l’Etat. Il va désormais falloir voir quelle alternative il propose sur le plan politique.

Les come-back en politique peuvent-ils être réussis?

Les come-back sont très rares! On peut néanmoins tracer un parallèle avec le retour manqué de Valéry Giscard-d’Estaing, après sa défaite à la présidentielle en 1981, à la fin de son premier mandat de président. Comme Nicolas Sarkozy, il était jeune à l’époque (55 ans, ndlr), et caressait lui aussi le rêve de redevenir président. Il n’a jamais réussi. Seule différence notable: la défaite de Nicolas Sarkozy n’a jamais été perçue comme une humiliation par les militants du parti, ni même par lui. Et sa sortie a été considérée comme réussie. Personne ne l’a jamais jugé responsable de l'échec de la droite à la présidentielle, même si certains ont demandé un bilan critique de son mandat. En revanche, la sortie de Valéry Giscard d’Estaing a été considérée comme ratée à l’époque. Hors de nos frontières, seule l’Italie a connu un tel come-back…avec Silvio Berlusconi.