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Tollé à droite et à l'extrême-droite après les propos de Macron sur la colonisation

Emmanuel Macron, le 16 novembre 2016.

Emmanuel Macron, le 16 novembre 2016. - Patrick Kovarik - AFP

Après les propos d'Emmanuel Macron, qui a qualifié la colonisation de "crime contre l'humanité", plusieurs voix, au FN et chez Les Républicains, se sont élevées depuis mercredi pour dénoncer la "repentance". Au risque parfois de quelques contradictions.

C'est le faux pas que ses adversaires attendaient. Lors d'un déplacement de deux jours en Algérie, au cours d'une interview à la chaîne privée Echourouk News, le candidat d'En Marche! a qualifié la colonisation de "crime contre l'humanité". Des propos qui ont provoqué les critiques immédiates du candidat de la droite à la présidentielle, et de plusieurs membres du Front national, alors que l'équipe du candidat a tenté de calmer le jeu en affirmant jeudi sur BFMTV qu'il n'avait pas employé cette expression dans son acception juridique.

En meeting à Compiègne, dans l'Oise, François Fillon n'a pas attendu cette explication pour critiquer son compétiteur dès mercredi soir.

"Cette détestation de notre histoire, cette repentance permanente est indigne d'un candidat à la présidence de la République", a-t-il estimé.

Une posture reprise par Jean-Pierre Raffarin sur BFMTV.

"Opposer les Français, ressortir ces histoires pour diviser, pour remobiliser, je vois bien les soucis électoraux qu'il y a derrière tout ça. Ce n'est pas digne d'un chef d'Etat d'aller agiter des cicatrices qui sont encore très douloureuses", a lancé le soutien de François Fillon, interrogé par Ruth Elkrief. 

"Le candidat de la repentance"

Plusieurs représentants du Front national ont également condamné les propos de l'ancien ministre, ciblant eux aussi la "repentance". "Assez de repentance! Emmanuel Macron ne rassemble pas le pays avec ses propos sur la colonisation", a estimé le sénateur-maire de Fréjus, David Rachline, sur BFMTV également. "#Macron, le candidat des élites, des banques, des médias et... de la repentance!", a commenté pour sa part Marion-Maréchal Le Pen, la députée du Vaucluse. 

Le vice-président du Front national, Florian Philippot, a estimé quant à lui que ces propos étaient "une faute très grave". "Pourquoi dit-il cela, quelle plaie veut-il raviver? C'est un crime contre l'humanité les routes qu'on y a laissées, les écoles qu'on y a mis, les hôpitaux qui ont été construits, la langue française qui a été laissée en héritage, la culture française?", a-t-il déclaré sur LCI.

François Fillon, relégué à la troisième place dans les sondages et doublé par le candidat d'En Marche! a reproché en particulier à son adversaire certaines contradictions. "Il y a quelques temps, Monsieur Macron trouvait des aspects positifs à la colonisation. Ca veut dire qu'Emmanuel Macron n'a aucune colonne vertébrale. Il dit simplement ce que ceux qui l'écoutent veulent entendre", a-t-il affirmé à Compiègne. 

Les contradictions de Fillon

Lors d'une interview en octobre au magazine Le Point, Emmanuel Macron avait suscité l'indignation de nombreux Algériens en déclarant:

"Alors oui, en Algérie il y a eu la torture, mais aussi l'émergence d'un Etat, de richesses, de classes moyennes, c'est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie".

Sa visite en Algérie était donc l'occasion de réparer cette bévue, et c'est ce qui explique en grande partie ses dernières déclarations. Mais en pointant les aller-retour de son adversaire, François Fillon occulte ses propres antagonismes.

En août 2016, il avait expliqué que la colonisation visait à "partager sa culture". Lors d'un déplacement à La Réunion, il y a quelques jours, il a cette fois estimé que "l'esclavage, la colonisation, la traite des êtres humains, étaient des abominations". 

Charlie Vandekerkhove avec AFP