Pour Fillon, l'enseignement de l'histoire doit être celui du "récit national"

S'il est élu président, François Fillon veut faire réécrire les programmes d'histoire (photo d'illustration) - CHARLY TRIBALLEAU / AFP
Pour François Fillon "le récit national" et l'enseignement de l'histoire devraient être liés. Dans une tribune publiée dans Le Figaro, le candidat à la primaire de la droite et du centre assure que "la nation doit être enseignée à l'école". Il réitère dans ce texte, les propos qu'il a tenu lors de son discours de Sablé-sur-Sarthe.
Enseigner "l'édification progressive de la nation"
Formulant une promesse de campagne, François Fillon assure:
"Si je suis élu président de la République, je donnerai instruction au ministre de l'Éducation nationale d'abroger ces programmes et de demander à trois académiciens de renom de s'entourer des meilleurs avis afin de les réécrire, avec l'idée de les concevoir comme un récit national".
Un "récit" qu'il définit ensuite:
"Le récit national, c'est une histoire faite d'hommes et de femmes, de héros, de symboles, de lieux, de monuments, d'événements qui trouvent un sens et une signification dans l'édification progressive de notre nation."
Détaillant la teneur du récit, François Fillon aimerait qu'il soit construit "en partant de la France et en axant ce récit sur celle-ci et non en le diluant, comme on le fait aujourd'hui, dans l'étude des faits généraux "mondialisés"".
Les historiens dénoncent la posture de Fillon
Le 29 août, l'historien Nicolas Offenstadt, revenait dans Libération sur les propos du candidat. Il explique que le "récit national" voulu par François Fillon est l'équivalent d'un "roman national", une "conception de l'enseignement de l'histoire au XIXe siècle".
Pour le professeur, faire intervenir des Académiciens dans la constitution des programmes serait faire de l'histoire "sans historiens". La discipline, telle que voulue par François Fillon, "aurait une fonction unificatrice et aujourd'hui protectrice mais souvent au mépris de l'enseignement critique".
Lors de son discours du 28 août, François Fillon avait par ailleurs assuré que la colonisation visait à "partager sa culture". Une opinion critiquée sur Twitter par l'historienne Mathilde Larrere.
En février 2005, alors que François Fillon était ministre de l'Education nationale, un article de loi intégrant la reconnaissance dans les programmes scolaires, "du rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord" avait suscité une vive polémique. Un an plus tard, il était finalement abrogé.