"Si on amalgame tous les débats, on créé de la confusion": Macron et Bayrou prennent leurs distances avec Attal sur le voile

Le président Emmanuel Macron et le Premier ministre Gabriel Attal le 25 août 2025 - Teresa Suarez / POOL / AFP
Gabriel Attal est bien seul depuis qu'il a proposé d'interdire le voile pour les mineurs de moins de 15 ans, en marge d'un rapport sur les Frères musulmans qui met en garde contre le développement en France d'un islamisme "par le bas".
Élisabeth Borne, François Bayrou, Bruno Retailleau... Au sein du gouvernement, les prises de distance se sont multipliées, que la mesure soit critiquée sur le fond ou sur la forme, son application étant jugée "inconstitutionnelle" ou "inapplicable" par certains.
"Je ne sais pas ce que cela veut dire. (...) Comment vous faites? Cela veut dire que, dans la rue, les policiers disent à une jeune fille 'Montrez-moi votre carte d'identité pour voir si vous avez l'âge?", a déclaré François Bayrou ce mardi sur BFMTV-RMC, ajoutant: "Je n'ai pas envie de faire de l'Islam un sujet de fixation de la société française."
"Respect à l'égard de chacune et chacun"
Une autre personnalité s'est ajoutée à cette liste des réticents ce lundi 26 mai et pas des moindres: Emmanuel Macron, qui entretient des relations glaciales avec son ancien Premier ministre depuis la dissolution de l'Assemblée le 9 juin 2024.
Interrogé sur la disposition préconisée par ce dernier, en marge d'une tournée en Asie du Sud-Est, le président de la République s'est voulu catégorique: "Est-ce que ça répond à la question du séparatisme ou de l'entrisme? La réponse est non. Donc je pense qu'il faut avancer avec méthode. Si on amalgame tous les débats, on crée de la confusion chez nos compatriotes."
"Il faut que chacun vive dans une société où on doit être exigeant, ou il y a des droits et des devoirs, mais où il doit aussi y avoir du respect à l’égard de chacune et chacun", a-t-il ajouté.
Mercredi dernier, Emmanuel Macron avait déjà haussé le ton contre des propositions de son camp, jugeant que celle-ci n'étaient pas à la hauteur de "la gravité des faits", lors d'un Conseil de défense concernant le rapport sur les Frères musulman, auquel participaient plusieurs ministres.
Offensive d'Attal sur le régalien
De son côté, Gabriel Attal assume sa position sur le voile. Dimanche, il a renvoyé ses contempteurs à des "postures politiciennes" au cours d'une interview au Parisien. Au-delà de cette proposition, le patron de Renaissance et chef des députés du parti présidentiel, s'est lancé dans une offensive sur le réaglien, avec de nouvelles mesures à l'appui, présentées ce lundi.
Le parti souhaite notamment généraliser les polices municipales dans les communes de plus de 10.000 habitants "systématiquement armées" et dotées de prérogatives élargies, a expliqué la députée Violette Spillebout.
Il s'agit aussi de plaider pour une "loi d'accélération de la construction de prisons et de CRA" (centre de rétention administrative), sur le modèle de la loi spéciale ayant assoupli les procédures en vue des JO-2024.
Accusé de suivre une orientation droitière, Gabriel Attal s'est défendu lundi de prendre "un virage dans un sens ou dans l'autre". "S'il y a bien un sujet sur lequel les clivages n'ont plus beaucoup de sens, je crois que c'est celui-là: vivre en sécurité dans son pays, respecter l'ordre, nos frontières. Je crois profondément que ça n'est ni de droite, ni de gauche, ni du centre", a-t-il justifié.