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"Renaissance, ce n'est pas LR": comment Gabriel Attal tente se démarquer de Bruno Retailleau et d'Édouard Philippe en vue de 2027

Le patron des députés Renaissance Gabriel Attal le 1er mai 2025 à Charleroi en Belgique

Le patron des députés Renaissance Gabriel Attal le 1er mai 2025 à Charleroi en Belgique - VIRGINIE LEFOUR / Belga / AFP

L'ancien Premier ministre, qui présente ce lundi 26 mai des propositions du parti présidentiel sur le volet régalien, tente de démonter sa fermeté en la matière. Tout en marquant ses différences vis-à-vis de Bruno Retailleau, qui est en pleine ascension à deux ans de l'élection présidentielle. Mais aussi à l'égard d'Édouard Philippe.

Dans les eaux qui mènent à la prochaine élection présidentielle, le capitaine Gabriel Attal a décidé de mettre le cap à droite toute. Symbole de cette orientation: sa proposition d'interdire le voile dans l'espace public pour les moins de 15 ans - une mesure largement critiquée, y compris par une partie de son camp, et jugée inapplicable par certains.

En plus d'assumer cette position dans une interview au Parisien Dimanche - renvoyant ses contempteurs à des "postures politiciennes" - l'ancien Premier ministre plaide pour "remettre l'autorité au centre du village", se lançant également dans une offensive sécuritaire.

Celle-ci se concrétisera ce lundi 26 mai à l'occasion de la convention régalienne de Renaissance, parti dont Gabriel Attal assure la présidence. Plusieurs mesures ont déjà été égrainées, comme le fait de systématiser les polices municipales dans les villes de plus de 10.000 habitants et de pérenniser la vidéosurveillance associée à des algorithmes de détections.

"Renaissance, ce n'est pas LR"

En prenant ce virage, Gabriel Attal risque indéniablement de croiser un certain Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur dont l'ascension place Beauvau a été confirmée par sa large victoire contre Laurent Wauquiez pour la présidence du parti Les Républicains (LR) dimanche 18 mai.

Lui, assure qu'il ne court pas après le ministre, rappelant ses propos passés lors de son passage à Matignon. Que ce soit au cours de sa déclaration de politique générale, marquée par la maxine "tu casses, tu répares", ou son discours à Viry-Châtillon (Essonne), lorsqu'il promettait un "sursaut d'autorité".

Le boss de Renaissance s'appuie également sur sa proposition de loi pour la justice des mineurs, récemment adoptée au Parlement, en attendant la décision du Conseil constitutionnel.

Pour ce qui est de la laïcité, Bruno Retailleau, "nous ne l'avons pas attendu pour interdire l'abaya et agir pour protéger nos enfants", souligne aussi l'intéressé dans Le Parisien Dimanche, en référence à son passage comme ministre de l'Éducation nationale. Le message se veut limpide: "Renaissance ce n'est pas LR."

Petite pique à Édouard Philippe

Gabriel Attal développe son propos: "Nous sommes profondément proeuropéens, là où LR n'est plus un parti proeuropéen. Nous voulons faire progresser les droits des Françaises et des Français, là où avec Bruno Retailleau, LR a choisi la ligne qui s'oppose à la constitutionnalisation de l'IVG, vote contre l'interdiction des thérapies de conversion pour les homosexuels et rejette toute évolution sur la fin de vie. C'est un parti conservateur."

Par ailleurs, "nous n'acceptons jamais la stigmatisation d'une partie des Français pour leur religion comme la phrase 'à bas le voile' le laisse craindre", griffe le député des Hauts-de-Seine, en référence à des propos tenus par Bruno Retailleau.

Au-delà de se distinguer de ce dernier, Gabriel Attal prend des distances avec l'un de ses prédécesseurs à Matignon, Édouard Philippe, par ailleurs candidat déclaré pour la présidentielle.

Au Parisien, qui lui fait remarquer que le patron d'Horizons envisage comme lui la suppression du juge d'application des peines, il répond: "Il me semble qu'Édouard Philippe n'a pas émis de proposition mais un questionnement (...) nous émettons des propositions."

En dessous de Retailleau et Philippe dans les sondages

Pour l'instant, Gabriel Attal refuse de se lancer pleinement dans la course élyséenne, mais il prépare le terrain, à l'image de cette déclaration, toujours pour Le Parisien: "Aujourd'hui, il y a des candidats sans projet. Moi je veux que notre projet ait un candidat."

Qui le soutiendra dans sa démarche? Ses récentes déclarations n'ont pas toujours plus dans son camp. "Est-ce que l'on imagine que des policiers vont interpeller, verbaliser des petites filles?", s'est interrogée l'ex-Première ministre Élisabeth Borne sur BFMTV dimanche, en référence à l'interdiction du voile pour les moins de 15 ans.

Tandis que Marc Fesneau, patron des députés du Modem, le parti de François Bayrou, a déploré dans La Tribune-Dimanche une "surenchère croissante sur les sujets régaliens", déclarant: "Dans le bloc central, on en vient à porter les discours, les thèses, les propositions de la droite, voire de l'extrême droite. Mais ce n'est pas ça le centre!" "N'oublions pas, les Français préfèrent toujours les originaux à la copie", a également rappelé l'ancien ministre de l'Agriculture.

"Les Français", justement, ont été interrogé dans un sondage Ipsos pour La Tribune Dimanche. Qui serait le meilleur président de la République s'il était élu en 2027? Parmi les quatre noms testés, Gabriel Attal (18%) arrive loin derrière Édouard Philippe (42%) et Bruno Retailleau (32%) mais devance Gérald Darmanin (8%).

Après le volet régalien ce mardi, le patron de Renaissance présentera les propositions de son parti sur l'économie et le social d'ici trois semaines, puis dans un autre temps celles sur l'écologie. L'occasion pour lui de recentrer son discours?

Baptiste Farge