Une "menace" contre la nation: Bruno Retailleau précise ses mesures contre "l'entrisme" des Frères musulmans

Cinq jours après la publication d'un rapport sur les Frères musulmans, le ministre de l'Intérieur passe à l'offensive. En déplacement à Nanterre à la préfecture des Hauts-de-Seine ce lundi, Bruno Retailleau a promis de "rendre l'État plus efficace dans sa lutte contre l'islamisme".
"C'est un combat républicain à mener. Le déni n'est plus possible", a insisté le locataire de la place Beauvau lors d'une conférence de presse, dénonçant "une menace" contre la Nation.
Renforcement des contrôles de terrain
Le nouveau chef de file de la droite veut étendre un dispositif déjà existant, celui des Cellules de lutte contre l'islamisme radical (CLIR). Lancés en 2019, ces organes qui existent dans tous les départements réunissent des représentants des différences services de l'État, du ministère de l'Éducation à la Santé, et ont vocation à "s'attaquer aux écosystèmes islamistes".
Concrètement, leur travail est de faire "un diagnostic de l'état de l'islamisme" dans le département, de "centraliser" les informations et de faire "un suivi des infractions constatées" comme on peut le lire sur le site du secrétariat général du Comité interministériel de la délinquance et de la radicalisation.
Bruno Retailleau veut aller plus loin en déployant des CLIR renforcées dans les départements les plus touchées par "l'entrisme islamiste". La mesure vise à renforcer davantage les contrôles de terrain, par exemple dans les clubs sportifs ou les associations culturelles.
"La progression de l'islamisme est profonde, elle met en jeu la cohésion de notre Nation et peu l'ont vu", a encore regretté Bruno Retailleau.
De "nouvelles propositions" à présenter au président
Le déplacement du ministre cherche à rebondir sur la statégie "d'entrisme à bas bruit" qu'utilisent les Frères musulmans en France depuis des années et qui est expliquée dans un rapport commandé par Emmanuel Macron au printemps 2024.
Concrètement, ce mouvement qui porte un projet d'un islam politique, tente "d'infiltrer" des structures associatives ou religieuses. Mais le comité de défense organisée mercredi dernier à l'Élysée pour plancher sur les conclusions de ce travail et des propositions n'a pas convaincu le président.
Le chef de l'État n'a pas apprécié que le ministre de l'Intérieur évoque le contenu de ce rapport la veille de cette réunion. Quant aux pistes de travail, elles n'ont pas convaincu Emmanuel Macron qui a demandé à Bruno Retailleau de "plancher sur de nouvelles propositions".
Le ministre de l'Intérieur a pourtant décidé de jouer sa propre partition. Quelques heures après cette réunion avec le président, Bruno Retailleau a annoncé devant les sénateurs "une meilleure organisation de l'État" en "matière de renseignement".
Un "parquet administratif"
Ce lundi, le ministre de l'Intérieur a précisé que deux nouveaux services du ministère de l'Intérieur seront mobilisés, a annoncé le ministre. À la manœuvre, on trouvera la Direction nationale du Renseignement territorial (DNRT) Bertrand Chamoulaud, qui a déjà vocation à alerter les préfectures en cas de signes de radicalisation sur leur territoire.
Bruno Retailleau a également rappelé le rôle de la direction des libertés publiques. Cet organisme gouvernemental est sollicité par le biais d'équipes chargées de récolter des preuve et des monter des dossiers dans le but de mettre en place des mesures d’entrave administrative.
Cela peut passer par la fin de subventions municipales, la fermeture de certains lieux, la mise en examen de personnes qui appelent à la haine... Sa directrice Pascale Léglise aura "un rôle de parquet administratif" pour fournir "une expertise en matière d'entrave administrative".
Fermeté dans les Hauts-de-Seine
L'objectif de fermeté annoncée par Bruno Retailleau a été reçu 5 sur 5 par le préfet des Hauts-de-Seine Alexandre Brugère, présent lors de la conférence de presse du ministre.
Cet ancien directeur de cabinet de Gérald Darmanin, quand était lui-même en charge de l'Intérieur, a promis d'intensifier les contrôles dans son département visant "les commerces, les associations, les lieux de culte sur lesquels nous avons des soupçons avérés d'islamisme".
Exemple à l'appui: la préfecture du 92 a récemment fermé une école coranique après avoir constaté des affiches où figuraient "des affiches d’adultes et d’enfants sans visages, ce qui est le signe d’un environnement radical".