Réforme des retraites: pour Raffarin, "il ne faut jamais sous-estimer un Président élu par les Français"

Emmanuel Macron a-t-il toujours autant d'autorité? Près de 15 mois après le début de la crise des gilets jaunes et alors que la réforme des retraites est toujours aussi impopulaire pour une grande partie des Français, la personnalité du président de la République apparaît plus clivante que jamais. Un faux-débat dont il faut se méfier, à en croire Jean-Pierre Raffarin invité ce lundi matin de RMC et BFMTV.
"Nos institutions donnent trop d'importance aujourd'hui au seul président de la République" juge ainsi sur notre antenne l'ancien Premier ministre, interrogé par Jean-Jacques Bourdin.
"Dans le septennat il y avait un rôle pour le Parlement qui était différent, une organisation Président-Premier ministre qui étaient différente", se remémore celui qui fut le premier chef du gouvernement lors du premier quinquennat de la Ve République, lors du deuxième mandat de Jacques Chirac.
"On met tout sur les épaules d'un seul homme"
"Je pense qu'aujourd'hui on concentre les pouvoirs au sommet, on met tout sur les épaules d'un seul homme, et un homme aujourd'hui ne peut incarner une société aussi complexe que la nôtre, aussi différenciée que la nôtre, aussi multiple que la nôtre."
Conséquence directe, analyse notre invité: "Un seul homme a dû mal à incarner cette France là, et donc naturellement on lui adresse beaucoup de critiques, c'est un leadership qu'il est difficile à incarner."
Ne jamais dire "jamais" en politique
Derrière les considérations liées à la personnalité du chef de l'État et face à la fronde qui s'exprime aussi bien au Parlement que dans la rue, c'est surtout la capacité d'Emmanuel Macron à continuer ses réformes qui est également en question. Un sujet abordé volontiers par le pouvoir en place, qui conditionne lui-même la réussite de son quinquennat à la réforme des retraites, avant même de se projeter vers 2022. "Le président de la République, il a des occasions de rebond en permanence" commente l'ancien sénateur et figure de la droite, qui n'a jamais caché sa sympathie envers l'actuel locataire de l'Élysée.
"En politique française, faisons très attention", avertit l'homme d'État avant de citer l'exemple de son ancien chef de file, mort en septembre dernier:
"Moi J'ai vu Jacques Chirac perdre de l'autorité avec la dissolution, et je l'ai vu gagner une élection présidentielle après."
Une fonction qui porte
Plus qu'une question d'homme, la fonction elle-même peut à tout moment transcender celui qui l'occupe, explique encore notre invité. "La fonction présidentielle en France, voulue par le Général De Gaulle, qui fait que 'l'homme présidentiel est en charge de l'essentiel', disait-il, cette capacité là fait que la fonction porte quelque fois l'homme. Quand l'homme a des fragilités, la fonction le porte."
Ce qui fait penser à Jean-Pierre Raffarin, pour conclure, qu'"il ne faut jamais sous-estimer un Président élu par les Français": "Il a toujours, un moment ou un autre, des circonstances qui lui donnent de l'autorité."