Rapprochement de Ferrandi et Alessandri en Corse: pas de décision "sous la pression de la rue"

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à la sortie de l'Elysée, le 15 décembre 2021 à Paris - Ludovic MARIN © 2019 AFP
La levée du statut de Détenu particulièrement signalé (DPS) par le Premier ministre vendredi dernier, est un "premier signe" vers un possible rapprochement d'Alain Ferrandi et Pierre Alessandri en Corse, selon Gérald Darmanin.
En visite sur l'île notamment pour évoquer d'éventuelles évolutions institutionnelles sur l'autonomie de la Corse, le ministre de l'Intérieur est revenu, lors d'une conférence de presse ce jeudi, sur les conditions de détention des deux hommes incarcérés au même titre qu'Yvan Colonna pour l'assassinat du préfet Claude Erignac.
"Le gouvernement avait déjà demandé les travaux permettant les rapprochements des deux détenus avant l’agression d’Yvan Colonna. (...) La levée de leur statut de DPS, faite par le Premier ministre, est un premier signe", souligne Gérald Darmanin.
Le 2 mars, Yvan Colonna, militant indépendantiste corse condamné à la réclusion à perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac en 1998, a été la cible d'une violente agression par l'un de ses codétenus à la maison d'arrêt d'Arles, dans les Bouches-du-Rhône. L'attaque a soulevé un mouvement de colère sur l'île, ravivant des revendications sur le rapprochement des détenus corses ainsi que sur l'autonomie de l'île.
Les deux autres membres du "commando Erignac", Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, également incarcérés sur le continent, demandent depuis des années à être transférés dans une prison en Corse, afin de se rapprocher de leurs proches.
Pas décision possible dans un "climat de violence"
Le ministre de l'Intérieur a toutefois prévenu ce jeudi: si les émeutes qui ont eu lieu sur l'île suite à des manifestations en soutien à Yvan Colonna reprennent, aucune décision ne pourra être prise concernant le rapprochement des deux prisonniers.
"Il y a un climat de violence avec des policiers blessés, un palais de justice a été incendié, un sous-préfet a dû être exfiltré, des bombes agricoles, des haches retrouvées dans les maisons de gendarmes... En aucun cas, en Corse ou ailleurs sur le territoire, le gouvernement ne pourra prendre de décisions sous la pression de la rue. Tant qu’il y aura des violences, il ne peut pas y avoir de rapprochements", a souligné Gérald Darmanin, saluant le retour au calme observé depuis quelques jours.
Le ministre a rendu visite, mercredi après-midi, à la famille d'Alain Ferrandi. Il évoque ce jeudi des échanges respectueux et calmes, notamment avec le fils du condamné. Le prisonnier devrait par ailleurs être fixé le 21 avril concernant un éventuel aménagement de peine.