"Un miracle qu'il n'y ait pas eu de mort": "consternation" des policiers après les violences en Corse

La manifestation qui s'est déroulée dimanche à Bastia en soutien à Yvan Colonna, violemment agressé à la prison d'Arles, a viré rapidement à l'"émeute". Les policiers évoquent leur vive inquiétude alors que 70 d'entre eux ont été blessés.

"C'était le chaos, j'ai jamais vu ça." Dimanche soir, ce policier affecté en Corse évoquait son inquiétude après les heurts qui se sont produits dans le centre-ville de Bastia peu de temps après le début de la manifestation en soutien à Yvan Colonna, toujours entre la vie et la mort après avoir subi une violente agression le 2 mars à la prison de Arles.

Jets de pierres, de boules de pétanque, de cocktails Molotov, de bombes agricoles, les forces de l'ordre ont essuyé de nombreux tirs de la part de manifestants vêtus de noir, cagoulés ou capuche sur la tête. Un incendie, rapidement éteint, a éclaté à l'hôtel des impôts, les vitres de la Poste ont été soufflées par ce qui semble être des charges explosives.

"Insurrection"

En amont du rassemblement, près de 400 cocktails Molotov avaient été saisis. Mais face à des "jeunes lourdement équipés", les forces de l'ordre évoquent des scènes d'"insurrection". Selon le dernier bilan transmis par la préfecture, 93 personnes ont été blessées dont 70 parmi les forces de l'ordre. Au moins 650 cocktails molotov ont été jetés sur les policiers et gendarmes.

"C'est un miracle qu'il n'y ait pas eu de mort, souffle un policier. Les forces mobiles se sont faites ravager de cocktails Molotov." Le fonctionnaire évoque "l'épuisement, l'inquiétude" et même le "choc" ressentis par les policiers et gendarmes sur place.

Le procureur de la République de Bastia avait parlé dès dimanche d'"émeute" alors que les premières violences ont éclaté un peu plus d'une heure après le début de la manifestation, qui a rassemblé entre 7000 et 10.000 personnes, dont le mot d'ordre était "la vérité et la justice pour Yvan, la liberté pour les patriotes et la reconnaissance du peuple corse". Les échauffourées ont duré jusque tard dans la soirée. Les forces de l'ordre ont répliqué avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau.

Darmanin à la rencontre des forces de l'ordre

"C'est la consternation pour beaucoup de policiers", estime Bruno Bartoccetti, délégué zone Sud du syndicat Unité SGP Police FO. Depuis le 2 mars et l'agression dont a été victime Yvan Colonna agressé par un autre détenu à la prison d'Arles, les manifestations se multiplient et sont le théâtre d'échauffourées. L'inquiétude dans les rangs des policiers est présente alors qu'ils s'attendent à de nouveaux affrontements dans les prochains jours.

Alors que le ministre de l'Intérieur doit se rendre mercredi et jeudi en Corse pour "ouvrir un cycle sans précédent de discussions avec l'ensemble des élus et des forces vives de l'Île", Gérald Darmanin "ira également à la rencontre des forces de l'ordre qui sont mobilisées depuis 10 jours pour maintenir l'ordre public".

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV