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Ralliements: Macron veut rester "maître des horloges"

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Emmanuel Macron, dont Manuel Valls a annoncé qu'il voterait pour lui ce mercredi, accueille certains ralliements avec réticences.

"Je ne trie pas les soutiens, pas plus qu’on ne trie les bulletins de vote. Le soutien des citoyens, je m’en réjouis, mais l’agenda caché des politiciens, je m’en méfie".

Lors d'une conférence de presse mardi, Emmanuel Macron a imposé son autorité, alors que Manuel Valls a annoncé ce mercredi matin sur BFMTV et RMC qu'il voterait pour lui à la présidentielle.

Le message du candidat d'En Marche! est limpide et multiple. Tout d'abord, il affirme qu'il accueille à bras ouverts les soutiens, du moment qu'ils ne répondent pas à une tactique politicienne. Présentant mardi la manière dont il voudrait gouverner en cas de victoire à la présidentielle, le candidat a insisté à nouveau sur sa promesse de renouveau politique. Aucun ancien ministre ne figurera donc dans son gouvernement.

"Je prône le renouveau des visages, il s'applique pour l'équipe gouvernementale de manière très claire", a-t-il insisté.

Aucun accord d'appareil

Un message qu'il avait fait passer à Ségolène Royal et Marisol Touraine, mais qui vaut désormais aussi pour Jean-Yves Le Drian ou Manuel Valls. Ensuite, Emmanuel Macron refuse de devenir l'antichambre du PS, et plus généralement d'accueillir trop de soutiens venus de la gauche. Il a plusieurs fois affirmé son refus de négociations d'appareil, en particulier avec un parti de gauche.

"Notre mouvement est aujourd'hui ouvert mais cohérent. Il n'y aura aucun accord d'appareil", a-t-il répété mardi. "Mon gouvernement ne sera pas fait avec les états-majors des partis politiques", a-t-il encore affirmé. 

Trop peu de ralliements de droite

La seule alliance politique officielle validée par Emmanuel Macron est promise au MoDem de François Bayrou. Après le ralliement mardi de la sarkozyste Marie-Anne Montchamp, qui rejoint les trop peu nombreuses personnalités de droite d'un mouvement qui veut dépasser les clivages politiques, le candidat doit préserver l'équilibre. Avant elle, la juppéiste Aurore Bergé et le chiraquien Jean-Paul Delevoye ont rejoint le mouvement. 

D'après nos confrères de RTL, Emmanuel Macron aurait demandé à Manuel Valls de ne pas le rallier officiellement. Sans compter que ses opposants lui renvoient l'étiquette d'héritier de François Hollande. Or qui mieux que Manuel Valls, ancien Premier ministre, incarne le quinquennat?

Une "faute politique" pour Cambadélis

Et ces réticences sont analysées comme telles par les principaux concernés, à savoir les socialistes. Sur BFMTV mardi, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, a dénoncé une "faute politique" et "une certaine fébrilité" chez le candidat d'En Marche! après sa conférence de presse, déclarant que les ralliés à Emmanuel Macron n'étaient pas "désirés". 

"Manuel Valls lui ferait peur à tel point qu'il est obligé de faire une conférence de presse pour dire: 'Voilà ce que sera ma majorité', et dans cette majorité, il exclut des gens qui lui seront bien nécessaires s'il était au deuxième tour pour battre Marine Le Pen. M'enfin, c'est une faute politique", a-t-il estimé.  "Ce ne sont pas les décisions des uns ou des autres, qu’elles soient passées ou à venir, qui détermineront, ni la constitution de cette majorité présidentielle, ni son fonctionnement ni la composition du gouvernement. Dans cette campagne qui a beaucoup de soubresauts, il est bon de rester le maître des horloges", avait déclaré Emmanuel Macron un peu plus tôt. 

Un soutien a minima

Manuel Valls lui-même a sans doute compris le message aussi clairement. Son soutien devrait donc se faire a minima. "Il pourrait ne pas s'impliquer activement dans sa campagne d'ici au premier tour, ni occuper les médias. Quand bien même le voudrait-il, Macron ne le souhaite pas", explique Le Figaro. Un de ses proches, interrogé, estime qu'il pourrait se retirer temporairement de la scène nationale après son annonce.

"Ce n'est pas un ralliement, c'est une prise de position responsable", a confirmé Manuel Valls sur BFMTV et RMC.
Charlie Vandekerkhove