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Primaire populaire: arrivée cinquième, Anne Hidalgo face à une nouvelle désillusion

La maire de Paris et candidate socialiste à la présidentielle, Anne Hidalgo, le 13 janvier 2022 à Paris

La maire de Paris et candidate socialiste à la présidentielle, Anne Hidalgo, le 13 janvier 2022 à Paris - Thomas COEX © 2019 AFP

Dimanche, la maire de Paris n'est arrivée qu'en cinquième position à la "Primaire populaire" dont elle avait refusé le principe. Une nouvelle désillusion toutefois pour la candidate socialiste à la présidentielle dont la campagne connaît les plus grandes difficultés.

La dernière campagne présidentielle avait coûté son siège rue de Solférino au Parti socialiste. Quel sera cette fois-ci le prix à payer? Dimanche soir, la candidate du PS à la prochaine présidentielle, Anne Hidalgo, n'a été désignée qu'en cinquième position par les votants inscrits à une "Primaire populaire" dont - il est vrai - elle ne reconnaissait pas la légitimité.

Certes, le résultat, favorable à sa rivale directe Christiane Taubira, n'était pas pour la surprendre, elle qui dès vendredi soir auprès de LCI moquait une victoire "un peu écrite d'avance". Toutefois, le "passable" que lui a attribué le jugement majoritaire - le mode de scrutin adopté par la "Primaire populaire" - la situe dans l'étiage de Pierre Larroutourou - qui la devance - et de Charlotte Marchandise. Une gifle symbolique et douloureuse, qui la menace de contrecoups politiques sérieux.

"Passable"

Cinquième donc. Derrière l'ex-garde des Sceaux mais également le candidat écologiste Yannick Jadot, l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon ou le leader de Nouvelle Donne Pierre Larroutourou. Le résultat d'Anne Hidalgo à la "Primaire populaire" n'est guère reluisant.

Le cumul des avis que lui a décerné dimanche le collège des inscrits lui a valu un sinistre "passable".

Les résultats d'Anne Hidalgo à la "Primaire populaire"
Les résultats d'Anne Hidalgo à la "Primaire populaire" © Capture d'écran "La Primaire populaire"

Les parrainages en cache-misère

Même pas mal, a pourtant assuré dans la foulée la principale intéressée sur le plateau de C dans l'air sur France 5. Elle a pointé en Christiane Taubira "une candidate de plus".

"Ça aurait pu être un moment de rassemblement de la gauche pour une candidature unique, c'est une candidature de plus", a-t-elle surenchéri.

Anne Hidalgo a enchaîné, affirmant qu'elle poursuivrait une campagne présidentielle reposant sur "très beaux sujets" et la "proposition d'une gauche républicaine, sociale-démocrate et écologiste".

Son entourage est à l'unisson. Patrick Kanner, l'un de ses soutiens essentiels et patron des sénateurs socialistes, a d'ailleurs souligné qu'elle s'apprêtait à lever en ce qui la concernait l'obstacle qui gêne tant de candidats à la présidentielle, d'Eric Zemmour ou Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon: l'obtention des parrainages de maires.

"Elle a ses 500 parrainages qu’elle déposera cette semaine au Conseil constitutionnel et elle poursuit sa campagne sur le terrain", a-t-il mis en valeur dans l'édition du Parisien de ce lundi.

Terribles sondages

Mais il semble que le "terrain" en question ne lui rende pas non plus une très bonne adhérence, au risque d'une sortie de route sans gloire d'ici à peine deux mois. Dans les enquêtes explorant les intentions de vote des Français, non seulement elle ne décolle pas mais elle plafonne à un niveau extrêmement bas, qui décroît même au fil des semaines.

Dans notre dernier sondage Elabe "Opinion 2022", publié mercredi dernier, elle balançait entre 3% et 2,5% des projections selon que Christiane Taubira validerait ou non sa propre candidature - un doute qui n'a plus lieu d'être.

Ces pourcentages la maintiennent ex-aequo avec le candidat communiste Fabien Roussel qui, sans atteindre non plus des firmaments sondagiers, bénéficie lui d'une bonne séquence médiatique et a su faire entendre sa campagne auprès du grand public, notamment via l'accent placé sur l'alimentation et la vie chère.

Le PS en danger

D'ailleurs, comme le Parti communiste français avant lui, le Parti socialiste a eu tendance ces dernières années à compenser son infortune politique au plan national, voire l'impression laissée d'un inexorable déclin, par son réseau d'élus toujours solide. Mais les gifles successives d'Anne Hidalgo dans l'opinion mettent aussi le rose aux joues de sa formation politique, pour laquelle le danger est grand désormais.

Car la cote actuelle de sa candidate ne lui permet pas d'entrevoir le remboursement des frais de campagne. Souvent raillée et perçue comme un désastre électorale, l'équipée présidentielle de Benoît Hamon en 2017 - qui a ensuite perdu son siège de député avant de quitter la politique purement et simplement en septembre dernier - qui s'était conclue sur un score officiel de 6,36% des suffrages exprimés, avait au moins réussi à franchir la barre fatidique des 5 points. Un objectif qui semble pour le moment inatteignable sous l'ère Anne Hidalgo.

Malgré ce gros temps et les nuages qui s'amoncellent encore, l'appareil ne lâche pas le pavillon qu'il s'est choisi, bien qu'un cadre du PS reconnaisse dans cet autre article du Parisien qu'il n'y a jamais eu "un grand feeling" entre le premier secrétaire Olivier Faure et la maire de Paris.

D'autres n'ont pas ces réserves. Dès la mi-janvier, l'ex-aspirante à l'Elysée Ségolène Royal suggérait: "Il vaut peut-être mieux un Parti socialiste qui s'évite une humiliation à 2%". Elle évoquait aussi une "absence de projet".

Ces derniers jours, François Hollande a quant à lui sous-entendu qu'il pourrait encore tenter de retrouver le chemin d'une candidature. Depuis, son entourage a précisé son propos.

"Les socialistes n'étaient pas assez prêts pour cette présidentielle"

Pire pour Anne Hidalgo: non seulement le doute gagne ses troupes mais ça commence à se voir et surtout à s'entendre. Dimanche, Carole Delga, présidente du Conseil régional d'Occitanie, a soutenu après de Midi Libre que sa championne ne devait pas abandonner mais "continuer à labourer le terrain", avec son "projet sérieux, réalisable et bon pour la France". Mais elle a bien dû admettre: "Rien n’est perdu, mais si ça devait arriver, ça sera difficile. Il va falloir du courage."

Comme un écho aux sombres pensées que celle-ci avait livrées le 20 janvier auprès de Public Sénat: "Les socialistes n'étaient pas assez prêts pour cette présidentielle, et nous avons tous une responsabilité collective. Nous allons devoir prendre des décisions douloureuses et courageuses".

Un enterrement de première classe qui avait d'autant plus surpris que Carole Delga est accessoirement l'une des porte-paroles d'Anne Hidalgo.

Signe que l'idée de "débrancher", selon la formule consacrée, la candidate flotte tout autour de sa campagne. Et avec plus de poids chaque jour.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV