Pécresse-Zemmour: les temps forts d'un débat aux airs de pugilat

Eric Zemmour et Valérie Pécresse le 10 mars 2022 sur TF1 et LCI. - BFMTV
La confrontration était tendue. Jeudi soir, sur TF1 et LCI ce sont en effet deux candidats aux abois qui ont confronté leurs idées: Eric Zemmour et Valérie Pécresse, tous deux lâchés dans les sondages. Dans la dernière enquête Elabe pour BFMTV, publiée mardi soir, le premier a perdu trois points, s'établissant à 11%, bien loin des 15% qu'on prête à Marine Le Pen et des 13% alloués à Jean-Luc Mélenchon. Avec 10,5%, Valérie Pécresse est quant à elle décramponnée du peloton de tête.
Il s'agissait donc pour les deux candidats de relancer leur campagne, de tenter de regagner le terrain perdu. Un enjeu qui a paru envenimer ce duel entre deux personnalités incarnant deux approches sensiblement différentes de la droite, et a entraîné plusieurs oppositions fortes.
• Pécresse et Zemmour s'écharpent autour de Poutine
C'est d'abord le dossier russe qui a valu au débat son premier coup de chaud. La russophone Valérie Pécresse a ainsi tancé la proximité idéologique avérée selon elle entre son contradicteur et le chef du Kremlin.
"Quand on est sous influence de (Vladimir) Poutine (le président russe), on ne peut pas se dire patriote. Et c'est pour cela que vous êtes décrédibilisé pour présider la France", a-t-elle attaqué. Une accusation d'autant plus lourde évidemment dans le contexte de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Elle a encore assuré que son rival était porté par l'"esprit munichois", en étant "défaitiste", en étant "fasciné par la force d'Hitler, la force de Poutine" en affirmant qu'"il faut un Poutine français".
"Vous ne me ferez pas passer pour un homme de Vladimir Poutine", a rétorqué sur ce point Eric Zemmour, qui a opté pour une attitude railleuse à l'égard de Valérie Pécresse tout au long de la soirée. Il a affirmé que cette dernière avait qualifié le président russe de "démocrate autoritaire", ce que celle-ci a nié, semble-t-il à raison d'après les fact-checkeurs de TF1.
"La tradition gaulliste c'est justement le rapprochement avec la Russie", s'est également défendu Eric Zemmour.
• L'opposition de deux visions de la droite
Qui est le véritable gaulliste? Qui incarne vraiment la droite? Une forme d'hégémonie culturelle, de leadership politique étaient en cause jeudi soir. Arguant d'un arbre familial marqué par la sympathie à l'égard du chef de la France libre, Valérie Pécresse a posé: "Avec cette guerre en Ukraine il y a l'esprit gaulliste: défendre la liberté, la démocratie, faire preuve d'humanité vis-à-vis de tous ces réfugiés".
Tandis que le général De Gaulle, artisan du départ de la France du commandement intégré de l'Otan, était sceptique devant la construction européenne à laquelle il préférait une Europe des nations, Valérie Pécresse s'est revendiquée comme tenante d'une "souveraineté" française qui ne se "ferait pas sans l'Europe".
Eric Zemmour est alors monté au créneau, pointant le positionnement politique, selon lui en trompe-l'oeil, de son adversaire.
"En vérité vous êtes profondément une centriste et vous trahirez les électeurs de droite (...) A 20h02, vous appellerez à voter pour Emmanuel Macron", a-t-il lancé. Il a qualifié Valérie Pécresse de "technocrate", de "gestionnaire". "La politique vous échappe", a-t-il même estimé.
• L'immigration, un terrain disputé
Enfin, l'immigration a aimanté une bonne part des discussions. Admettant se faire le tenant d'une "immigration zéro", Eric Zemmour a durci le ton, moquant "une fausse politique de fermeté" en la matière dans le programme de sa rivale.
"Tout est bidon chez vous", a-t-il enchaîné.
"Si à chaque fois qu'il y a une guerre, vous accueillerez les migrants d'où qu'ils viennent, il faut le dire aux Français", a-t-il voulu illustrer, en marge de leur opposition autour de la guerre en Ukraine.
Valérie Pécresse a pour sa part appelé à renvoyer "les clandestins chez eux", brandissant la menace de couper les visas aux pays refusant d'accueillir leurs ressortissants à leur retour. "Il faut renégocier les accords bilatéraux avec les pays, afin qu'ils reprennent leurs clandestins", a-t-elle insisté.
"Rien dans la politique ultra-radicale d'Eric Zemmour ne permettra de ramener les clandestins chez eux", a jugé la présidente du Conseil régional d'île-de-France. "L'immigration zéro, personne ne la fait, donc vous serez un président impuissant", a-t-elle lancé.