Olivier Faure promet "la censure" de François Bayrou "s'il y a 49.3"

Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure et l'actuel Premier ministre, François Bayrou, le 7 février 2024 lors d'une cérémonie pour les victimes de l'attaque terroriste du Hamas contre Israël - GONZALO FUENTES / POOL / AFP
Quelques mots en guise d'avertissement. François Bayrou a promis de présenter à la mi-juillet les pistes d'économies du gouvernement pour parvenir à trouver 40 milliards d'euros pour le budget 2026.
Plusieurs options sont dans l'air, de la TVA sociale à la réduction du nombre de fonctionnaires. Mais Olivier Faure, qui détient en grande partie entre ses mains l'avenir du centriste, le met en garde avant l'étude des budgets à l'automne par le Parlement.
"Oui, la censure est toujours possible", juge ce jeudi sur RTL le patron des socialistes, réélu de justesse la semaine dernière à la tête du parti, assurant qu'un "pacte de non-censure" entre les socialistes et François Bayrou "n'existe pas".
"S'il y a un 49.3, il y aura censure"
Le gouvernement va devoir s'atteler à largement convaincre les députés que les baisses de dépenses incarnées par Éric Lombard, le ministre de l'Économie, sont bien choisies. Le calcul s'annonce à haute risque alors que la gauche comme la droite posent leurs exigences.
En l'absence d'accord avec le PS, François Bayrou sera tenté d'utiliser le 49.3, ce dispositif constitutionnel qui permet de faire adopter un texte sans vote. Mais cette possibilité ouvre immédiatement la porte à une motion de censure de la gauche. C'est avec cette manœuvre que Michel Barnier avait été censuré en décembre dernier à la faveur du budget de la sécurité sociale.
"S'il y a un 49.3, il y aura censure. C'est aussi simple que cela", ajoute encore Olivier Faure.
Une taxe sur les ultra-riches pour débloquer la situation
Le centriste a donc tout intérêt à s'assurer que la gauche accepte de voter son budget de l'État et de la sécurité sociale en se mettant d'accord en amont sur les mesures d'économies. Pour l'instant, cela semble mal parti.
Les socialistes défendent l'application de la taxe Zucman, du nom de l'économiste qui la défend. Elle prévoit de s'assurer que toutes les personnes dont la fortune est supérieure à 200 millions d'euros paient au moins 2% d'impôts en France. Adoptée à l'Assemblée nationale en février, elle est en débat au Sénat ce jeudi après-midi. Pour l'instant, François Bayrou est contre.
"Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement s'y oppose. Cette taxe rapporterait entre 15 et 25 milliards d'euros", soit plus de la moitié des économies recherchées en prenant la fourchette haute, souligne encore Olivier Faure.
Futures tensions sur les retraites
Pour l'instant, la ministre chargée des Comptes publics Amélie de Montchalin mise, elle, sur la suppression d'un certain nombre d'agences de l'État sans encore avoir de chiffrage précis des économies que cela représenterait. L'abattement fiscal des retraités pourrait également être sur la table, tout comme une contribution pour ceux qui touchent plus de 2.000 euros de pension par mois.
Mais l'exécutif doit aussi veiller à ne pas fâcher la droite qui refuse, elle, toute hausse d'impôts. Elle était cependant bien resté au gouvernement en janvier dernier quand François Bayrou avait fait voter dans le budget de l'État une contribution exceptionnelle pour les très aisés.
Le thermomètre pourrait encore monter de quelques degrés entre le Premier ministre et la gauche la semaine prochaine. Le conclave sur les retraites rend ses conclusions le 17 juin prochain.
C'est grâce à ce dispositif lancé par François Bayrou que le centriste avait obtenu la bienveillance du PS en janvier dernier pour faire adopter les budgets.
Mais le conclave sur les retraites qui devait initialement parler de tous les sujets liés à la réforme, y compris le très contesté passage de l'âge de départ de 62 à 64 ans, a rapidement eu du plomb dans l'aile, une fois cette question retirée des discussions par Matignon. De quoi susciter la colère des socialistes qui avaient déjà menacé de censurer le chef du gouvernement si le Parlement n'était pas consulté après le conclave.
François Bayrou l'annoncera-t-il la semaine prochaine pour apaiser les socialistes avant les budgets? Pour l'instant, le calendrier parlementaire n'indique aucune consultation dans ce sens.