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Finances publiques

"À chaque crise, ce sont les meilleurs du monde": les syndicats ne veulent pas d'une réduction du nombre de fonctionnaires

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Syndicats et collectifs d'agents publics dénoncent la réduction du nombre de fonctionnaires envisagée par le gouvernement.

Alors que le gouvernement envisage de tailler dans les effectifs de la fonction publique pour faire des économies, syndicats et collectifs d'agents publics dénoncent de "fausses solutions" et déplorent la baisse du pouvoir d'achat des agents.

"À chaque fois qu'il y a une crise, on les met en avant et ce sont les meilleurs du monde (...) Et à chaque fois que l'État a quelques soucis financiers, il tape sur la fonction publique", a lancé le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot.

Il intervenait lors d'une conférence de presse organisée mardi, après un week-end où le gouvernement a ouvert la piste de la réduction du nombre de fonctionnaires dans sa quête d'économies.

"Revoir la tendance"

"Le compte n'y est pas", avait mis en garde dès samedi la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, dans un avertissement aux ministres qui doivent lui présenter des pistes d'économies dans la préparation du budget. Et ce à l'approche de l'échéance du 14 juillet, date d'ici laquelle le premier ministre François Bayrou doit rendre ses arbitrages.

Sur le nombre de fonctionnaires, elle a assuré vouloir "revoir la tendance" à la hausse des effectifs ces dernières années, avant que le ministre de l'Économie, Éric Lombard, lui emboîte le pas dès le lendemain en assurant vouloir engager la "baisse du nombre de fonctionnaires", tout en se gardant d'en préciser le nombre.

Le gouvernement continue de privilégier la réduction des dépenses plutôt qu'une augmentation de la fiscalité pour dégager 40 milliards d'euros répartis entre État, Sécurité sociale et collectivités locales, et réduire le déficit public à 4,6% du produit intérieur brut (PIB) l'an prochain.

Dans ce contexte, la masse salariale des fonctionnaires fait figure de levier d'économies pour le gouvernement. Dès fin avril, François Bayrou exhortait déjà dans deux circulaires à maitriser la masse salariale dans la fonction publique qui a atteint 107 milliards d'euros en 2024, en hausse de 6,7%.

"Paupérisation" et "fausses solutions"

Face à ces initiatives, la réplique ne s'est pas faite attendre. "Si on tape sur les plus nombreux, on se dit que ça rapportera plus", a estimé Frédéric Souillot.

"Les fonctionnaires font des efforts depuis des années", a abondé le secrétaire général de FO Fonction publique, Christian Grolier.

Il a dénoncé une "paupérisation" des agents qui "se poursuit à travers le gel du point d'indice" - la base de calcul du salaire des fonctionnaires - et "une grille indiciaire totalement atone".

Du côté des collectifs d'agents comme le Sens du service public, on regrette de "fausses solutions" et on met en garde contre les conséquences des suppressions de postes. Notamment dans les hôpitaux où elles aboutissent à une "saturation chronique des services d'urgence", ainsi que dans l'Education nationale, "où le non-remplacement de milliers de professeurs a conduit à des classes surchargées", peut-on lire dans un communiqué.

Pour Solidaires, c'est plutôt "pour les services publics que le compte n'y est pas".

Décrochage entre les salaires du public et du privé

"Le décrochage entre les salaires du public et du privé est bien réel et n'est ni soutenable pour les agent·es publics ni justifiable", a écrit l'organisation, plaidant comme FO pour une revalorisation des rémunérations des agents, un argument régulièrement soulevé dans un contexte de crise d'attractivité de la fonction publique.

Selon les calculs de FO, deuxième force syndicale dans la fonction publique, si le point d'indice avait été aligné sur l'inflation depuis 2000, les fonctionnaires toucheraient 31,5% de plus de rémunération.

"Tout le monde vivrait mieux, et il y a plus de monde qui passerait les concours", a affirmé Chritian Grolier.

Si des coupes dans les effectifs étaient envisagées lors des dernières discussions budgétaires, notamment de 4.000 postes d'enseignants, elles avaient finalement été abandonnées après la censure du gouvernement de Michel Barnier.

"Ce qu'on a entendu ce week-end n'est pas très rassurant, et celui qu'on n'entend pas surtout, c'est le ministre" de la Fonction publique Laurent Marcangeli, s'est agacé Christian Grolier.

Interrogé par l'AFP sur la réduction du nombre de fonctionnaires dans le cadre du prochain budget, le ministère de la Fonction publique n'a pas souhaité réagir.

MC avec AFP