+23% en 25 ans: la hausse du nombre de fonctionnaires dans le viseur du gouvernement pour faire des économies

Le gouvernement continue d'explorer toutes les pistes pour trouver 40 milliards d'euros d'économies dans le cadre du Budget 2026. Dernière en date, la baisse des effectifs de la fonction publique évoquée dimanche par le ministre de l'Économie Éric Lombard.
"Il faut qu'on engage la baisse du nombre de fonctionnaires", a-t-il dit sur France inter, tout en précisant que "les nombres ne sont pas encore fixés".
Un projet confirmé par Amélie de Montchalin dans le JDD. Interrogée sur la hausse du nombre de fonctionnaires ces dernières années, la ministre des Comptes publics a annoncé vouloir "revoir cette tendance". "Nous allons demander, ministère par ministère, à revoir les besoins de recrutement d'une part et les revalorisations salariales d'autre part", a-t-elle ajouté tout en rejetant "le rabot aveugle" et en prônant plutôt "une réorganisation massive de l'État, pour plus d'efficacité et plus de lisbilité".
Selon l'Insee, 5,8 millions d'agents travaillaient dans la fonction publique fin 2023, soit environ 20% de l'emploi total. C'est 61.900 agents de plus qu'en 2022. Une hausse de 1,1% principalement tirée par l'augmentation de l'emploi dans la fonction publique hospitalière (+1,9%). Le taux d'administration pour l'ensemble des trois fonctions publiques est ainsi de 74 agents (hors militaires) pour 1.000 habitants.
Une hausse de 23% depuis 1997
Sur longue période, l'emploi public a nettement progressé. Le nombre de fonctionnaires en 2022 étaient supérieur de "1.055.000" à celui "de la fin de 1997, ce qui correspond à une hausse de 23% alors que les effectifs dans le secteur privé ont augmenté de 18% et la population de 14% sur cette période", soulignait l'an dernier le site Fipeco de François Escalle, expert en finances publiques.
Dans le détail:
- les effectifs de la fonction publique d'État (2,5 millions) ont progressé de 7% de 1997 à 2022,
- ceux de la fonction publique territoriale de 46% (1,94 million)
- et ceux de la fonction publique hospitalière de 36% (1,21 million).
La plus forte hausse de l'emploi public a été observée entre 1997 et 2002 (+386.000) avant un ralentissement les années suivantes (+329.000 entre 2002 et 2007, +145.000 entre 2012 et 2017).
Le nombre de fonctionnaires a ensuite rebondi de 178.000 lors du premier mandat d'Emmanuel Macron entre 2017 et 2022. Le chef de l'État s'était pourtant engagé à supprimer 120.000 postes de fonctionnaires avant de se dire prêt à renoncer à cet objectif "si ce n'est pas tenable". Sur cette période, la hausse des effectifs à été de 96.000 dans la fonction publique, de 45.000 dans les collectivités locales et de 38.000 dans les hôpitaux.
La Cour des comptes cible la fonction publique territoriale
L'an dernier, la Cour des comptes préconisait déjà de tailler dans les effectifs de la fonction publique. Et plus précisément dans la fonction publique territoriale.
"Un retour progressif des effectifs des collectivités à leur niveau du début des années 2010, soit une réduction de 100.000 emplois ou de 5,5% des emplois, permettrait de réaliser une économie importante, estimée par la Cour à 4,1 milliards d'euros par an à partir de 2030", indiquaient les Sages.
En avril, c'est le Premier ministre François Bayrou qui avait tapé du poing sur la table dans une circulaire adressée aux membres du gouvernement. Le locataire de Matignon y déplorait le dérapage de la masse salariale des agents de la fonction publique qui a atteint 107 milliards d'euros en 2024, soit une hausse de 6,7% principalement due aux mesures catégorielles.
"Au titre de la seule année 2024, les mesures catégorielles se sont traduites par une hausse de 3,7 milliards d'euros de la masse salariale de l'État", pouvait-on lire dans ce document, et elles représentent une enveloppe de crédits "nettement supérieure à celle consacrée aux mesures générales". D'où la demande du Premier ministre de "respecter les enveloppes budgétaire" et de "limiter les hausses sur les exercices suivants".