Le camp Macron se frotte les mains

Emmanuel Macron, le 14 janvier 2017. - Denis Charlet - AFP
Il ne figurait pas parmi les candidats en lice dimanche, pour le premier tour de la primaire de la gauche. Il en est pourtant le grand gagnant. L'affiche du second tour, qui opposera Benoît Hamon, arrivé en tête avec 36,3% des voix, à Manuel Valls (31,1%), a en effet de quoi réjouir Emmanuel Macron, auquel pourraient se rallier de nombreux déçus de l'issue de la primaire. Dans le camp du leader du mouvement En Marche!, on jubile déjà.
Un match des gauches irréconciliables favorable à Macron
Emmanuel Macron reste silencieux depuis dimanche soir, mais son entourage se charge de sabrer le champagne. Pour les soutiens de l'ancien ministre de l'Economie, candidat à la présidentielle sans passer par la primaire, le résultat du premier tour consacre le match de deux gauches irréconciliables. Avec les victoires de Benoît Hamon et de Manuel Valls, deux lignes claires et distinctes s'affronteront le 29 janvier, et ce duel de second tour va renforcer la fracture entre la gauche du Parti socialiste et la ligne gouvernementale.
De quoi confirmer la dynamique enregistrée depuis quelques semaines par Emmanuel Macron. Car pour son entourage, ni l'un ni l'autre des finalistes de la primaire ne sera capable de construire un projet solide, susceptible d'inquiéter leur candidat.
"Les électeurs de Manuel Valls ne se reconnaîtront pas dans le projet politique porté par Benoît Hamon, de la même manière que les électeurs de Benoît Hamon ne trouveront pas la sincérité et l'intérêt dans le projet de Manuel Valls", résume au micro de BFMTV le porte-parole du mouvement En Marche!, Benjamin Griveaux.
Rallié par les déçus de la primaire?
Les déçus de la primaire pourraient alors se tourner vers l'alternative Macron, le 23 avril prochain, pour le premier tour de la présidentielle. Si Benoît Hamon, qui a d'ores et déjà obtenu le ralliement d'Arnaud Montebourg, troisième homme de cette primaire, l'emporte dimanche prochain, il aura toutefois du mal à rattraper l'ancien locataire de Bercy, déjà bien lancé dans la course à l’Elysée.
"Dans les intentions de vote à la présidentielle, Emmanuel Macron est largement devant l'hypothèse Benoît Hamon, autour de 5-7%", rappelle ainsi sur BFMTV Bruno Jeudy, rédacteur en chef politique de Paris Match. "Sans doute que son score s'améliorera, mais il n'est pas en mesure, pour l'instant, de rattraper l'ancien ministre de l'Economie", estime-t-il.
D'autant plus qu'Emmanuel Macron pourra de son côté compter sur les ralliements des sociaux-démocrates, peu enclins à voter pour Benoît Hamon, qui incarne l'aile gauche du PS, celle des frondeurs, dans laquelle de nombreux sympathisants socialistes ne se reconnaissent pas. La tâche de l'ancien ministre de l'Education nationale pourrait par ailleurs être compliquée par une campagne express. Et la participation en demi-teinte de dimanche ne lui servira pas de tremplin efficace.
Mélenchon, l'autre vainqueur
Jean-Luc Mélenchon, tout aussi silencieux qu'Emmanuel Macron après le scrutin de dimanche, pourrait lui aussi sortir gagnant de cette primaire. Compte tenu du score de Benoît Hamon, le candidat de la France insoumise peut lui espérer une dynamique favorable à la présidentielle. Dimanche, dans une interview au JDD, il a d'ailleurs estimé probable un désistement en sa faveur ou en celle d'Emmanuel Macron du vainqueur de la primaire.