Loi Travail: Macron reste ferme, les ministres continuent de négocier

Emmanuel Macron en visite en Grèce, ce jeudi 7 septembre. - Yorgos Karahalis - AFP
À la veille d'une nouvelle manifestation des opposants à la réforme du droit du travail, Emmanuel Macron a montré sa fermeté depuis New York, affirmant que "la démocratie ce n'est pas la rue", lors d'une interview accordée à CNN. Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a repris les propos du Président, assurant qu’il s’opposait "au fait qu’on emmerde les Français et qu’on bloque ceux qui vont bosser, ceux qui vont à l’école ou qui passent des examens", mercredi matin sur RMC.
Le président de la République paraît donc tenir sa ligne. S'il affirme ne pas chercher à être populaire et être prêt à des semaines de manifestations, en coulisses, ses ministres luttent pour déminer les conflits: "Ce qui se passe en coulisses à Paris, n'est pas forcement conforme à ce qu'il se dit à New York", assure sur notre antenne Laurent Neumann, l'un de nos éditorialistes politiques. "Pendant qu'il dit 'j'entends les Français qui manifestent mais j'entends aussi ceux qui ont voté, j'irai au bout des réformes', à Paris, on tente de déminer tous les sujets de conflits les uns après les autres".
Les réformes déminées une par une
Ainsi, Elisabeth Borne, la ministre des Transports, doit rencontrer des représentants des fédérations CGT et FO des routiers. Au menu, un éventuel amendement des ordonnances de la loi travail pour le secteur. En effet, le gouvernement veut éviter un nouveau blocage de la part des routiers: "Il y a trois mois, on a eu le cas du blocage des centres d'approvisionnements. Le gouvernement a tout de suite discuté et a posé le principe qu'on ne laisserait pas la France bloquée", a ainsi rappelé Christophe Castaner sur RMC mercredi matin.
Gérald Darmanin est lui aussi à la manœuvre. Le ministre de l'Action et des Comptes publics a déjà ouvert une concertation de trois mois avec la fonction publique. Là encore, il s'agit de désamorcer la prochaine manifestation du 10 octobre, ainsi que les trois semaines de grève annoncées mardi par la fédération CGT du service public.
Éviter la convergence des luttes
Même chose du côté de l'éducation, alors que la rentrée universitaire se fait dans la douleur, entre le fiasco de la plateforme APB (admission post-bac) et des amphithéâtres surchargés: "Un plan étudiant est en cours de préparation. C’est la hantise du gouvernement que les jeunes descendent dans la rue parce que c’est très difficile de les remettre dans leur amphis", assure Laurent Neumann.
Derrière la fermeté affichée du chef de l'Etat, l'opération déminage a donc bien commencé à Paris, le gouvernement redoutant une addition des mécontentements. Une stratégie voulue par Jean-Luc Mélenchon, qui tente de rassembler les luttes pour "faire reculer le gouvernement", comme il l'affirmait le 13 septembre dernier à l'Assemblée nationale, assurant que "le niveau de mobilisation (était) bon".