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Sondages de l'Élysée: une association demande l'audition de Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy lors d'un meeting à Franconville, dans le Val-d'Oise, le 19 septembre 2016

Nicolas Sarkozy lors d'un meeting à Franconville, dans le Val-d'Oise, le 19 septembre 2016 - Martin Bureau - AFP

L'audition de Nicolas Sarkozy est demandée par l'association Anticor dans l'enquête sur les sondages payés par l'Élysée durant son mandat. Mais l'ancien chef d'État bénéficie d'une immunité présidentielle.

Nouveau coup dur pour le candidat à la primaire de droite. L'association de lutte contre la corruption Anticor a demandé que Nicolas Sarkozy soit entendu comme témoin dans l'enquête sur les sondages payés par l'Élysée sous son mandat, sur fond de nouveaux soupçons sur les dépenses de l'ex-UMP. Rien n'oblige cependant le juge d'instruction à accéder à cette demande.

Menacé d'un renvoi en procès dans le dossier Bygmalion, l'ancien chef de l'État pourrait difficilement être mis en cause, du fait de son immunité présidentielle, dans l'enquête sur des soupçons de favoritisme au profit des sociétés de Patrick Buisson et Pierre Giacometti, ses conseillers de l'époque.

"Un procès autour d'un grand absent"

Mais plusieurs de ses anciens collaborateurs ont été mis en examen pour favoritisme ou complicité, comme l'ex-directrice de cabinet Emmanuelle Mignon ou l'ancien secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant.

"On a un procès qui est en train de s'articuler autour d'un grand absent. Mais Nicolas Sarkozy peut être convoqué comme témoin", a déclaré à l'AFP Jérôme Karsenti, l'avocat d'Anticor, qui avait déposé plainte en 2009.

Des contrats sans appels d'offres

Au cœur de l'enquête, les contrats passés sans appels d'offres à partir de 2007, au début du quinquennat Sarkozy, avec les sociétés de Patrick Buisson (Publifact puis Publi-Opinion) et de Pierre Giacometti, tous deux mis en examen pour recel de favoritisme.

La convention signée par Patrick Buisson avec l'Elysée prévoyait une mission de conseil rémunérée 10.000 euros par mois et octroyait d'autre part à Publifact "l'exécution de sondages", à sa liberté d'appréciation et avec les instituts de son choix.

"Ni la maîtrise ni le contrôle" des dépenses

Dans un rapport de février 2009, la Cour des comptes dénonçait son caractère "exorbitant", la présidence de la République n'ayant "ni la maîtrise ni le contrôle" des dépenses.

Au final, les enquêteurs ont retrouvé la trace de 235 sondages achetés par le cabinet de Patrick Buisson et revendus à la présidence entre 2007 et 2009, avec un bénéfice pour Publifact de 1,4 million d'euros. L'ancien conseiller venu de l'extrême droite a été mis en examen pour détournement de fonds publics.

1,6 million d'euros

D'après les récits de Patrick Buisson et Pierre Giacometti au juge, lorsqu'il a été élu président, Nicolas Sarkozy n'a pas insisté pour qu'ils entrent dans son staff officiel. "Pour les modalités, vois avec Claude" Guéant, aurait-il dit à Patrick Buisson, avant que ce dernier ne rédige lui-même la convention le liant à l'Élysée, selon son propre récit au juge.

Mais l'enquête soulève désormais d'autres questions. Selon une source proche du dossier, les enquêteurs étudient aussi l'hypothèse que l'UMP, devenue Les Républicains, ait pris en charge à partir de début 2009 une partie des dépenses élyséennes au profit de Patrick Buisson, quand la polémique a éclaté. Les enquêteurs estiment que, de 2009 à 2012, Publi-Opinion a encaissé environ 1,6 million d'euros de l'UMP, au titre des sondages.

C.H.A. avec AFP