Sarkozy et la justice, histoire d'un désamour

Nicolas Sarkozy a toujours entretenu une relation conflictuelle avec les juges. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
La justice est-elle en train de passer ses nerfs sur Nicolas Sarkozy? En pleine polémique sur la mise sur écoute de l’ancien président, l’idée fait son chemin, bien aidée par l’indignation collective dans les rangs de la droite.
Ce mardi à 14 heures, la Cour de Cassation s'est prononcée sur la légalité de la saisie des agendas présidentiels dans le cadre de l’affaire Bettencourt. Une énième occasion pour le camp Sarkozy de dénoncer un acharnement contre son champion.
> Quand les juges faisaient grève contre Sarkozy
Pour rappel, les relations entre l’ancien président et les magistrats se sont révéléeé très conflictuelles. Comme lorsqu’en pleine affaire Laetitia, dont l’assassin présumé était récidiviste, Nicolas Sarkozy déclare: "Quand on laisse sortir de prison un individu comme le présumé coupable sans s'assurer qu'il sera suivi par un conseiller d'insertion, c'est une faute. Ceux qui ont couvert ou laissé faire cette faute seront sanctionnés". Les juges chargés du dossier décident alors de cesser le travail pour protester contre une "provocation" du président en exercice.
> Les magistrats "laxistes" et les "petits pois"
Les attaques de Nicolas Sarkozy contre la magistrature étaient d’ailleurs monnaie courante, en tant que ministre de l’Intérieur comme en tant que président.
En 2005, à la suite du meurtre de Nelly Crémel, tuée alors qu'elle faisait son jogging, il met en cause "le juge" qui a "osé remettre un monstre pareil en liberté conditionnelle", et déclare qu'il doit "payer pour sa faute". En 2006, il évoque les juges "laxistes" du tribunal de Bobigny. En 2007, il compare les juges à des "petits pois". En 2010, il propose la création de jurys populaires dans les tribunaux correctionnels. Une accumulation de piques qui lui vaudra une défiance sans pareille de la profession et sa photo sur le fameux "mur des cons" d’un syndicat de magistrats.
> La justice pas forcément tendre avec la gauche
De là à y voir une vengeance corporatiste, il n’y a qu’un pas pour les ténors de l'UMP (Retrouvez ici leurs déclarations). Pourtant de nombreuses affaires (Guerini, Dray, ou encore Kucheida), ont récemment impliqué des politiques de gauche et n'ont pas donné l'impression d'un traitement de faveur. Nicolas Sarkozy, de son côté, a bénéficié d’un non-lieu dans l’affaire Bettencourt.
Son nom reste pourtant cité dans plusieurs autres dossiers: Karachi, les sondages de l’Elysée, l’arbitrage Tapie, le supposé financement de sa campagne par Kadhafi et, maintenant, un possible trafic d’influence. De quoi nourrir la thèse de l’acharnement ou, au contraire, maintenir qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Pour le moment, la justice pourrait simplement vouloir éteindre l’incendie.