"Quand on se bat, on gagne": le camp Retailleau en confiance avant son dernier meeting de campagne LR

Bruno Retailleau à Paris le 26 mars 2025 - Thibaud MORITZ / AFP
Un meeting conçu comme le point d'orgue de sa campagne. Après 3 mois à jongler entre son poste au ministère de l'Intérieur et la course des Républicains, quitte à se prendre parfois les pieds dans le tapis, Bruno Retailleau lâche ses dernières forces dans la bataille. Direction Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine, un choix qui ne doit rien au hasard.
En février dernier, à la surprise générale, la droite avait réussi à y conquérir le siège de député de Stéphane Séjourné, dans un contexte local particulièrement compliqué.
"La droite vraiment de retour"
Mieux encore, ce département, longtemps l'un des bastions de la droite, largement grignoté aujourd'hui par les macronistes, a vu son nombre d'adhérents presque doubler à l'occasion de la campagne des LR.
"Cette victoire montre que la droite est vraiment de retour, qu'on n'est pas soluble dans le macronisme et que, quand on se bat, on gagne", se réjouit, le sourire aux lèvres, l'un des membres de l'équipe de campagne de Bruno Retailleau.
Soucieux de belles images une semaine jour pour jour avant le vote des militants, ses proches espèrent faire salle comble, bien aidés par des bus affrétés dans plusieurs départements pour faire venir les militants. Sans aucune inquiétude dans l'air.
"Les gens lui font crédit de son honnêteté, de son volontarisme. Je sens une vraie envie de Bruno Retailleau sur le terrain", explique le sénateur LR Marc-Philippe Daubresse.
Pas de "verre de l'amitié" avec Retailleau
L'immense majorité de ses soutiens parlementaires devrait également être de la partie. De quoi faire monter au moins une centaine de sénateurs sur scène et une poignée de députés.
"C'est pas compliqué. Ce dimanche, il va faire comme d'habitude, une campagne pour gagner le Sénat. Mais ce sont les adhérents qui votent, pas les notables du parti", tance un député LR, soutien de Laurent Wauquiez.
Il faut dire que, par nature ou par contrainte d'agenda, le locataire de la place Beauvau n'a guère pris l'habitude d'échanger avec les militants après ses réunions publiques, là où Laurent Wauquiez n'hésite pas à prendre le temps de boire "le verre de l'amitié".
Une campagne sans mots acides
Pour son dernier meeting, le ministre finira-t-il par hausser le ton à l'encontre de Wauquiez, alors qu'il évoque rarement son adversaire à la tribune? Rien n'est moins sûr. Après la proposition de son concurrent d'envoyer "les étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon, Bruno Retailleau n'avait pas souhaité lancer de "polémique". Tout juste avait-il concédé une "proposition à première vue déroutante".
Traduction cruelle d'un député LR: "on n'a pas besoin d'appuyer sur la tête de quelqu'un qui se noie tout seul".
"On aurait peut-être pu attaquer Laurent Wauquiez un peu plus en rappelant qu'il a fait le service minimum sur la réforme des retraites en 2023, montrer que c'est un gros planqué", juge de son côté un conseiller ministériel.
"Mais ce n'est pas le genre de la maison et vous fatiguez l'adversaire qui boxe dans le vide".
Tendre la main à Wauquiez en cas de victoire
Le président des députés LR a, lui, choisi une toute autre stratégie, tapant à tout cran sur son concurrent. Avec des arguments bien rodés: de l'impossibilité supposée de cumuler l'Intérieur avec un poste de président des LR aux difficultés à tenir une ligne de droite dans un gouvernement mené par François Bayrou en passant par une éventuelle alliance avec Édouard Philippe en 2027.
"Les suspicions qui ne sont basées sur rien, on ne les regarde même pas. Tout ça n'est pas au niveau d'une campagne de présidence", regrette la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio.
Peut-être bien mais il faudra malgré tout parvenir à s'entendre avec le camp adverse au lendemain des résultats le 18 mai prochain en cas de victoire de Bruno Retailleau. Poste de vice-président pour Laurent Wauquiez? Une mission pour plancher sur le programme de la présidentielle pour le futur candidat?
Une chose est sûre: "on lui tendra la main, le but n'a jamais été de l'humilier", précise un proche de Bruno Retailleau. Restera cependant à convaincre, le cas échéant, le président des députés LR d'accepter.