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Les Républicains

Présidentielle 2022: Valérie Pécresse concède "une forme d'impréparation"

La présidente de la région Île-de-France Valérie Pecresse le 3 octobre 2023 à Paris

La présidente de la région Île-de-France Valérie Pecresse le 3 octobre 2023 à Paris - Ludovic MARIN / AFP

Dans un long entretien au Point, la présidente LR de la région Île-de-France revient sur sa cuisante défaite lors de la présidentielle 2022. "J'assume totalement ma responsabilité: je n'ai pas réussi à transformer l'essai", déclare-t-elle.

C'est un échec qui "aurait pu" la "conduire à la désertion ou la dépression". Mais Valérie Pécresse assure qu'elle est "remontée sur [m]on cheval" pour se "battre". Dans un entretien au Point, la présidente Les Républicains de la région Île-de-France évoque en longueur les raisons de son échec à la présidentielle 2022. L'élection suprême s'était traduite pour elle et son camp par une bérézina historique: 4,78% des voix au premier tour. Un score en dessous des 5%, seuil permettant d'accéder à un remboursement public important des dépenses de campagne. L'affaire s'était terminée par un appel aux dons, le "Pécressethon". Tout un symbole.

"J'assume totalement"

Dans Le Point, l'élue francilienne se plonge près de deux ans en arrière, lorsque l'échéance élyséenne n'avait pas encore donné son vainqueur. "En décembre 2021, la possibilité existait dans les sondages que je sois qualifiée au second tour et que je l'emporte", souligne-t-elle. L'ancienne ministre de l'Enseignement supérieur venait de remporter le congrès de LR et surfait alors sur cette dynamique.

Ensuite, "beaucoup de questions ont été laissées de côté", pointe Valérie Pécresse, qui déplore une "campagne pour rien", et juge qu'Emmanuel Macron a "bénéficié de circonstances", comme le Covid et la guerre en Ukraine.

"Pour autant, j'assume totalement ma responsabilité : je n'ai pas réussi à transformer l'essai", reconnaît-elle.

"Sans filtre"

L'ancienne candidate de la droite met en avant une "forme d'impréparation", relevant que la mise en place d'un "récit" "nécessite du temps, des équipes en ordre de marche". Or, "nous avons choisi notre candidat trop tard" (un peu plus de quatre mois avant le premier tour, NDLR) , estime la Versaillaise, ajoutant: "François Hollande, que je côtoie en Corrèze, m'a dit : 'C'est deux ans de préparation pour se faire connaître.'"

Valérie Pecresse pointe un défaut de forme plutôt que de fond. Elle indique ne pas avoir "perdu" ses "convictions" et ne "rien" regretter des propositions qu'elle défendait. La présidente de Soyons libres admet néanmoins qu'elle changerait "beaucoup" de choses à sa campagne si elle en avait la possibilité.

"Je dois me montrer sans filtre", estime-t-elle, avant de développer:

"Je me suis protégée, blindée, j'ai mis une armure. Et se débarrasser de l'armure en trois mois, c'est difficile. J'ai réalisé que ce qui intéressait les Français, c'était ma liberté de ton et ma capacité à faire."

"Toujours pardonner, jamais oublier"

Valérie Pécresse déplore que l"on ait "carricatur[é] l'engagement d'une vie". Faisant valoir son action au "service du pays" depuis 20 ans, l'élue de droite déclare: "Quand on vous rabaisse, qu'on se moque de votre physique, ce n'est pas à la hauteur."

Dans cette épreuve, Valérie Pecresse s'est relevée grâce à "sa famille" et ses "vrais amis". Estimant que "la rancune ne mène à rien", elle cite Jacques Chirac, auprès duquel elle a fait ses premières armes en politique. Ce dernier "disait: il faut toujours pardonner, jamais oublier."

Une absence reste néanmoins dans les mémoires. Celle de Nicolas Sarkozy, qui n'est jamais venu la soutenir avant le premier tour et a ensuite appelé à voter pour Emmanuel Macron lors de l'entre-deux tours. Le Point demande à Valérie Pécresse si elle a reparlé à l'ancien chef de l'État.

Réponse: "Non. J'ai deux divergences fondamentales avec lui : je pense que l'avenir de la droite n'est pas de se dissoudre dans le macronisme et que l'avenir de la France n'est pas de courber l'échine devant Vladimir Poutine. Ça rend le dialogue assez difficile."

Baptiste Farge