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Alain Juppé: "Les Français savent que j’ai parfois payé pour d’autres"

Alain Juppé, le 29 janvier 2015 à Bordeaux.

Alain Juppé, le 29 janvier 2015 à Bordeaux. - Nicolas Tucat - AFP

Dans une interview au Monde, le candidat à la primaire de la droite et du centre pour 2017 estime qu'il a "parfois payé pour d'autres". Il affirme avoir changé depuis les grandes grèves de 1995 provoquées par sa réforme des régimes spéciaux de retraites.

Alain Juppé à l'offensive pour la rentrée. Entre la sortie ce mercredi de son livre programmatique Mon chemin pour l’école et la multiplication de ses passages dans les médias, Alain Juppé occupe le terrain dans le combat pour la primaire de la droite et du centre pour l’élection présidentielle de 2017. Et le candidat le revendique, il a envie d’être "aimé" des Français.

"Oui, j’ai envie d’être aimé", affirme-t-il dans une interview au Monde. "N’est-ce pas le cas de tout le monde? Pourquoi un homme politique n’aurait-il pas envie d’emporter l’adhésion de ses concitoyens?", interroge-t-il.

Mais à ce jeu-là, le maire de Bordeaux Les Républicains, toujours personnalité politique préférée des Français (55% d’opinions positives, selon le dernier baromètre Ipsos/Le Point), veut marquer sa différence avec son principal rival à la primaire à droite pour 2017, Nicolas Sarkozy.

"L’élection d’un président de la République, c’est le choix d’un homme et d’une personne. En qui les Français vont-ils placer leur confiance pendant cinq ans? C’est là-dessus que cela va se jouer. Pas sur le physique", lance-t-il, comme en écho aux nombreuses photos qui ont filtré de la "parenthèse amoureuse" de Nicolas et Carla Sarkozy en maillot de bain en Corse cet été. Et surtout aux confidences d’un "ami anonyme" de Nicolas Sarkozy, qui confiait la semaine dernière à Paris-Match que l’ex-président de la République était convaincu que le prochain scrutin présidentielle se jouerait "en partie sur le physique".

"Les Français savent que j’ai parfois payé pour d’autres"

Alain Juppé explique, lui, miser sur "une alchimie entre un projet clair, convaincant et une personnalité rassurante". L’ancien Premier ministre profite d’ailleurs de ce long entretien pour défendre la sienne. "Les Français ont une certaine image de moi, ils me voient - à tort - comme quelqu'un d'un peu froid. C’est parce que j’estime que la fonction de président de la République mérite une certaine dignité. Les Français savent d'une façon générale que je tiens mes engagements et que j'ai le sens de la fidélité", explique-t-il.

Et d’ajouter: "cela explique leur indulgence à mon égard car ils savent que j'ai parfois payé pour d'autres". Une allusion claire à sa condamnation en 2004 à 18 mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité dans le cadre de l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris. "Une peine de mort politique", avait alors dénoncé son avocat Francis Szpiner. Contraint de se retirer de la vie publique, Alain Juppé était parti enseigner au Canada jusqu’en 2005.

"J'ai changé"

Alain Juppé concède aussi des erreurs et explique qu’il a "changé" depuis les grandes grèves de 1995 provoquées par sa réforme des régimes spéciaux de retraite. "Oui j'ai changé. J'ai appris avec l'expérience que j'en ai trop fait à cette époque", explique-t-il.

"Je n'avais pas écouté les mises en garde de Nicole Notat alors secrétaire générale de la CFDT, et André Bergeron, ex-secrétaire général de la CGT-FO, qui considéraient que je n'étais pas prêt à réformer les retraites et m'avaient conseillé de ne pas en parler", reconnaît Alain Juppé. "Dans mon ardeur réformatrice, je n'avais pas tenu compte de leur remarque et j'avais évoqué ce sujet en une phrase", poursuit l'ancien chef du gouvernement. "J'ai appris la doctrine de la goutte d'eau: il ne faut pas faire déborder le vase en voulant trop en faire", analyse-t-il.

"Autre enseignement, il faut annoncer clairement la couleur. L'erreur en 1995, était de ne pas avoir annoncé la réforme des retraites avant l'élection", dit-il. Quoi qu’il en soit, Alain Juppé l’assure, il n’a aujourd’hui "aucune revanche à prendre".

V.R.