Le baromètre des éditorialistes - "Marine Le Pen s'est trompée" sur le changement de nom du FN

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Marine Le Pen a-t-elle raison de vouloir rebaptiser le Front national "Rassemblement national", comme elle l'a révélé ce week-end lors du "congrès de la refondation" du parti? Oui, selon nos éditorialistes Christophe Barbier et Laurent Neumann, mais ce changement, pensé en direction des électeurs de Laurent Wauquiez, n'est pour l'heure que cosmétique selon eux.

> "Sur le terrain de Laurent Wauquiez"
"C’est nécessaire et insuffisant de changer le nom du parti. Nécessaire parce que 'Front' c’était daté, c’était agressif. Et puis ‘front’, ça appelle un autre front, le front républicain, donc finalement ça devenait une faiblesse. C’est insuffisant parce que ce n’est pas ça qui fera oublier les turpitudes électorales et judiciaires.
C'est insuffisant aussi parce que Rassemblement national ce n'est pas très original, c'est un petit peu daté. Attention, ne faisons pas des procès idiots. Ceux qui disent: 'C'est le Rassemblement national populaire de Marcel Déat', collaborationniste, non.
Le seul intérêt pour Marine Le Pen de ‘rassemblement’, c’est de venir prendre un mot qui était devenu 50 ans l’apanage des gaullistes, avec le RPF juste après la guerre, mais surtout le RPR. Elle veut aller sur le terrain de Laurent Wauquiez.
Je crois qu'elle s'est trompée, elle n'aurait pas du proposer 'Rassemblement national', l'étiquette de 1986, quand son père est entré à l'Assemblée, mais plutôt 'rassemblement pour la nation', puisqu'elle veut imposer la nation contre la mondialisation. (...) Tout est à la sauce nationaliste maintenant dans les propos de Marine Le Pen."

> "Passé, dérapages, défaites"
"Tout change pour que rien ne change. En science, ça s'appelle un invariant structurel. Au Front national c'est l'invariant structurel. Pourquoi on change de nom dans un parti politique? Pour faire oublier le passé, pour faire oublier les défaites électorales, éventuellement pour oublier les affaires gênantes. Dans le cas du Front national c’est les trois à la fois: le passé c’est le père et ses dérapages, les défaites, je ne vous fais pas un dessin, et les affaires non plus.
Il y avait une autre raison. C’était l’idée d’ouvrir, de faire des alliances, de faire peut-être des compromis avec de futurs partenaires politiques, mais dans ce cas-là, pourquoi ce discours ? Une heure et demi de discours avec tous les accents nationalistes qu’on connaît depuis 40 ans, sur l’immigration, sur la sécurité, contre le mondialisme, et puis la présence de Steve Bannon ce week-end, que Donald Trump a limogé parce qu'il le trouvait trop à l'extrême droite, ce qui n'est pas un gage d'ouverture.
Hier, elle n'a lancé aucun appel à l'alliance, et elle n'a pas dit sur quel compromis, et surtout pas avec qui elle voulait les faire."