"J'ai failli, c'est vrai": le député LFI arrêté pendant un achat de drogue va faire son retour à l'Assemblée

Le député LFI Andy Kerbrat le 19 décembre 2023. - JULIEN DE ROSA / AFP
"Je suis abstinent et je souhaite le rester". Andy Kerbrat, député insoumis de la 2e circonscription de Loire-Atlantique, va faire son retour à l'Assemblée nationale ce mardi 24 juin. Il reprend ses fonctions après une pause de six mois, alors qu'il avait été interpellé en flagrant délit d'achat de drogue en octobre 2024.
Auprès de Ouest-France, le député dit aller "beaucoup mieux". "J'ai fait une demande auprès d’un addictologue pour entrer en institution publique juste après que l’affaire a éclaté", raconte-t-il. Il a été hospitalisé deux mois, de décembre à février.
"J'ai failli"
"Je pense qu’on vit avec une addiction", affirme Andy Kerbrat auprès de nos confrères. "À partir du moment où on le sait, c’est comme un handicap, on vit avec. Je vis en étant abstinent, j'en suis très heureux. J'ai mis en place énormément de choses, je suis accompagné par un psychiatre et un addictologue, ce travail continuera pendant des années et ça me va très bien", poursuit-il, expliquant être "testé régulièrement" et avoir "des suivis médicaux".
"Je suis abstinent et je souhaite le rester", assure Andy Kerbrat.
Il explique également s'être posé la question de remettre son mandat en jeu. "D'emblée, il y a des gens qui m’ont dit de ne pas lâcher. Des parents ayant un enfant, un proche souffrant d’un problème d’addiction, m’ont contacté et m’ont demandé de porter leur voix. Évidemment, il y a la question éthique: qu’est-ce que l’on attend d’un élu? On attend l’exemplarité, pas l’infaillibilité. J'ai failli, c'est vrai. Je suis humain", argumente-t-il.
Il déplore "une vision axée sur l’angle répressif"
Le député insoumis regrette certaines réactions au moment de la révélation de son interpellation en octobre dernier. "La droite déteste les personnes qui sont addicts. Elle a un problème avec cette question", déplore-t-il auprès de Ouest-France, ajoutant: "Quand ils voient quelqu'un à terre, ils en profitent pour donner le dernier coup de pelle au lieu de tendre la main".
Selon lui, "il y a un tabou sur l'addiction". "La France a un problème de santé publique et les politiques ne regardent pas le sujet en face. Parce qu'au lieu de protéger, de prévenir, on préfère donner un coup de matraque", poursuit-il.
Andy Kerbrat plaide pour "une nouvelle approche" basée sur "le principe de la prévention et de la réduction des risques". La France insoumise est d'ailleurs en faveur de "la légalisation des drogues douces comme le cannabis et la dépénalisation médicale des drogues dures, avec un accompagnement pour sortir de cette addiction".
Le député de Loire-Atlantique s'étonne que lors de sa condamnation il n'ait eu "aucune injonction de soins". "Dans la salle où j’étais, de nombreux consommateurs ont été jugés, le nombre d’injonctions de soins prononcées a été quasiment nul", raconte-t-il.
"Des personnes ont un problème de santé, de dépendance, et on répond exclusivement par une amende", déplore Andy Kerbrat, qui déplore "une vision axée sur l'angle répressif".
"J'étais dans le déni de mon addiction"
Auprès de nos confrères, le député insoumis revient également sur son addiction personnelle. "Il y avait des phases d’abstinence et des phases de prise de produits", raconte-t-il ainsi. "Parfois, je ne consommais rien pendant quatre mois. Et puis je faisais une rechute. Je n’étais pas 'high', perché en permanence, heureusement".
Andy Kerbrat explique avoir commencé à consommer des stupéfiants à partir de novembre 2022, "peu de temps après le décès de (sa) mère" et "juste après (son) élection". "Je n'ai pas su gérer cet événement, ni le retour du trauma dû au viol subi dans mon enfance", ajoute-t-il.
"Il y avait des moments qui étaient extrêmement durs à gérer, liés à mon mal-être, qui faisaient que je retombais", affirme l'élu. "Le lendemain, on s'en veut. On n'est pas heureux quand on se drogue. À l’époque, j'étais dans le déni de mon addiction, comme beaucoup de personnes qui se retrouvent dans une telle situation", conclut le député LFI.