Abrogation de la réforme des retraites: LFI dénonce l'obstruction parlementaire du "socle commun"

La présidente des députés LFI, Mathilde Panot, à l'Assemblée nationale le 18 juillet 2024 - Bertrand GUAY / AFP
"Alerte", "scandale", pitoyable"... L'indignation régnait dans les rangs de La France insoumise ce lundi 25 novembre en fin d'après-midi. En cause? Les plus de 950 amendements déposés par les groupes du "socle commun" (LR, EPR, Modem, Horizons) sur leur proposition de loi visant à abroger la retraite à 64 ans. Les insoumis les accusent de vouloir "empêcher le vote" de ce texte hautement symbolique.
Celui-ci doit être présenté dans l'hémicycle ce jeudi 28 novembre à l'occasion de la "niche parlementaire" de LFI, une journée durant laquelle le groupe à la main sur l'ordre du jour de l'Assemblée nationale.
Problème pour les insoumis: cette proposition de loi - qui a toutes les chances d'être adoptée grâce au soutien des autres groupes de gauche et du RN - pourrait ne pas être soumise au vote. En effet, en multipliant les amendements les députés du "socle commun" pourraient gagner du temps. Or, passé minuit, la "niche parlementaire" de LFI prendra fin.
En tout, 967 amendements ont été enregistrés par les services de l'Assemblée nationale, dont 956 émanant du "socle commun". Un total qui peut évoluer à la baisse après élimination des amendements jugés irrecevables.
"Les macronistes sont des clowns"
Chez les insoumis, cette stratégie parlementaire est jugée "particulièrement inique", par le député Éric Coquerel sur LCP, même si LFI a également joué de cette tactique parlementaire lors des débats sur la réforme des retraites, que ce soit sous Édouard Philippe ou Élisabeth Borne.
"Une niche, c'est la seule possibilité pour les groupes d'opposition, une fois par an, de faire débattre et voter des lois à l'Assemblée", a déclaré Éric Coquerel. Avant de souligner que cette majorité relative va "d'un coup se mobiliser", alors qu'"on ne [l'a] pas vu[e] sur le budget".
"Les macronistes sont des clowns", a également accusé l'insoumise Clémence Guetté sur X, publiant au passage des amendements déposés par le député Ludovic Mendes (EPR)... dont l'utilité pour le débat parlementaire ne saute pas aux yeux.
"Comment montrer son mépris vis-à-vis du sort de millions de personnes", a encore dénoncé celle qui est également vice-présidente de l'Assemblée nationale, tandis que son collègue Antoine Léaument appelait à "une riposte parlementaire et populaire".
"Irresponsable"
Cheffe des députés de LFI, Mathilde Panot a transmis le message à Miche Barnier ce lundi en fin de journée, expliquant à l'issue de son rendez-vous à Matignon qu'il serait "insupportable" et "irresponsable" de "ne pas laisser aller au vote" sur ce sujet.
Dans le camp macroniste, le député Mathieu Lefèvre a déjà fait savoir la semaine dernière que "ce débat mérite du temps", souhaitant que la discussion "soit à la mesure de l'enjeu" - l'élu du Val-de-Marne a d'ailleurs signé ou cosigné 120 amendements.
En ralentissant les débats jusqu'au terme de la niche de LFI, les groupes du "socle commun" pourraient s'eviter une déconvenue. Pour autant, une adoption ce texte, ne signerait pas une victoire définitive de l'opposition. Loin de là.
Macronistes et LR pourraient ensuite compter sur un rejet du Sénat. Tandis que la convocation d'une commission mixte parlementaire, réunissant sept sénateurs et sept députés pour aboutir à un texte commun, paraît peu probable, celle-ci se faisant sur demande du Premier ministre ou des présidents des deux chambres du Parlement, tous opposés à l'abrogation de la réforme.