La dynamique Macron occulte le débat sur la primaire

La primaire à gauche réunit sept candidats socialistes et écologistes. Mais un huitième acteur s'invite dans la course, et son ombre plane plus que jamais sur les débats. Comme celui de Jean-Luc Mélenchon, le nom d'Emmanuel Macron revient souvent, de manière plus ou moins directe, dans les échanges entre les candidats à la primaire. Mais ce week-end, alors que se tenait le deuxième et avant-dernier débat avant le premier tour, le fondateur d'En Marche! a montré, outre une capacité à s'inviter dans le scrutin, celle de le parasiter littéralement.
Ce lundi, c'est d'ailleurs son visage qui apparaît en une des journaux comme Le Parisien ou L'Opinion ou Le Figaro, qui interrogent son succès. Libération, qui consacre sa couverture à la primaire, évoque "une campagne cernée par Macron et Mélenchon". Certes, rien n'est joué pour 2017, et l'après-primaire réservera sans doute son lot de surprises pour le candidat qui veut rallier des socialistes sans toutefois perdre son identité transpartisane.
"Un discours, un charisme", pour Hamon
Mais il a déjà pour lui plusieurs choses: des ralliements, de bons sondages, et surtout des succès populaires, lors de ses meetings. Dans le Nord, sur des terres convoitées en particulier par le FN, Emmanuel Macron a réuni plus de 4.000 personnes à Lille. 5.000, selon les organisateurs, et 1.000 qui ont dû rester à l'extérieur, à en croire cette même source.
Une semaine plus tôt, Manuel Valls, candidat officiel de la primaire de gauche et vu par les sondages comme favori de ce scrutin, a rassemblé 200 militants lors d'une réunion publique donnée dans le Pas-de-Calais, à Liévin, près de Lens. Emmanuel Macron n'en est pas à son premier succès de tribun, puisqu'en décembre il réunissait déjà près de 12.000 personnes à Paris, et 2.500 à Clermont-Ferrand début janvier.
"On ne me parle que de Macron sur le terrain"
De l'aveu d'un aurtre candidat de la primaire, Benoît Hamon, interrogé ce lundi sur RMC et BFMTV, Emmanuel Macron a "un discours, un charisme qui lui permet de réunir les foules". La "bulle" Macron n'a toujours pas éclaté, elle continue de planer sur la primaire et les candidats sont bien forcés de le reconnaître.
"Depuis trois semaines, on ne me parle que de Macron sur le terrain, dans les réunions, en famille. Les gens veulent du changement et c’est lui qui l’incarne", constate malgré lui un élu proche d'Arnaud Montebourg, dans Le Monde, ce lundi. Certains parlementaires envisagent, si un duel Fillon-Le Pen se profile pour la présidentielle, de se rallier au fondateur d'En Marche!.
"Si fin février ou début mars, Macron est trop loin devant, j’appellerai à voter pour celui qui permettra de battre Fillon et Le Pen, dont l’élection serait une catastrophe sociale pour le pays", fait savoir un autre proche d'Arnaud Montebourg dans les colonnes du quotidien du soir.
Macron veut que le vainqueur de la primaire le rejoigne
Fort de son succès, Emmanuel Macron imagine même assimiler le candidat qui sortira vainqueur de cette primaire. Vendredi, dans La Voix du Nord, il laissait ainsi entendre que le gagnant devrait se rallier à lui, et non l'inverse, en vue de la présidentielle. "C’est rarement à celui qui est en tête au passage du col qu’il revient d’apporter les bidons à celui qui est resté au premier virage de la montée", a-t-il lâché.
Au Parti socialiste, ces appels du pied sont entendus, et ce week-end, Ségolène Royal a une nouvelle fois évoqué sa sympathie pour le candidat, qui selon elle "regarde vers le futur". Rien n'est officiel encore, mais ses propos dans le JDD peuvent laisser entendre qu'elle pourrait se rallier à lui. "Une fois désigné le vainqueur de la primaire, je verrai en fonction de tout: de l'ambiance, du niveau de la primaire, de ce qui se passe, de ce qui se dit", a-t-elle ajouté, sur BFMTV.
Prochain meeting à Lyon le 4 février
Comme le souligne le Journal du Dimanche, d'autres proches de François Hollande se sont déjà déclarés, comme l'avocat Dominique Villemot, qui ne cache pas son intention de voter Macron. D'après lui, le président pourrait aussi faire ce choix. Mais l'information a été démentie par L'Elysée quelques heures après avoir été publiée et l'auteur lui-même a désavoué ses propos.
Les ralliements réellement engrangés par Emmanuel Macron ne manquent pas en tout cas. On a décompté ces derniers jours ceux de l'écologiste Corine Lepage, du centriste Jean-Marie Cavada, de l'ancien ministre chiraquien Jean-Paul Delevoye, ou encore du président de France Stratégie, Jean Pisani-Ferry.
Emmanuel Macron sera en meeting à Quimper ce lundi, et à Lyon le 4 février prochain. D'ici-là, la primaire, dont le second tour se tient le 29 janvier, sera terminée. Alors que le camp Macron dit ne pas vouloir de "macronistes du 30 janvier", les choses pourraient avoir considérablement changé.