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Politique

La démission de Gérard Collomb est "un véritable divorce politique" avec Emmanuel Macron

Gérard Collomb et Emmanuel Macron arrivent à une conférence au Vatican, le 26 juin 2018 en Italie.

Gérard Collomb et Emmanuel Macron arrivent à une conférence au Vatican, le 26 juin 2018 en Italie. - Alberto Pizzoli - AFP

Nos éditorialistes analysent les rebondissements autour de la démission de Gérard Collomb du ministère de l'Intérieur, refusée lundi par le Président mais maintenue ce mardi soir par l'intéressé.

Gérard Collomb a fait savoir ce mardi soir au Figaro qu'il maintenait sa démission, malgré le refus la veille du président de la République. Un geste qui non seulement "affaiblit l'autorité" d'Emmanuel Macron pour nos éditorialistes, mais marque aussi un "véritable divorce" entre les deux alliés. 

> Thierry Arnaud: "C'est un véritable divorce politique"

"Avec cette démission, Gérard Collomb affaiblit l'autorité du président de la République, il affaiblit l'autorité du Premier ministre qui est manifestement totalement dépassé et regarde passer les échanges de démission et de refus au-dessus de sa tête. (...) Il est clair que de ce point de vue, on s'interroge ce soir sur la capacité d'initiative, pour ne pas parler de la capacité de décision du Premier ministre Edouard Philippe, qui lui aussi va sortir affaibli de cet épisode. 

(...) La question (d'un remaniement) avait été posée au moment du départ de Nicolas Hulot. Le Président avait choisi de reporter cette échéance et de pratiquer à ce moment-là un remaniement a minima. Là, il y a une nouvelle crise peut-être encore plus importante, une mise en cause directe de son autorité, peut-être que cette autorité il voudra la réaffirmer en organisant les choses de manière différente avec un remaniement plus large. (...) 

Gérard Collomb refuse le refus de la démission du Président. Il le fait en accordant une interview à un journal, de manière très publique. Dans l'entourage d'Emmanuel Macron, il y a une certaine forme de colère. (...) Cette séparation aujourd'hui est spectaculaire, elle est brutale, inutilement blessante et inélégante vis-à-vis du président de la République. Au-delà d'un départ, d'une démission, c'est un véritable divorce politique."

> Ruth Elkrief: "On a le sentiment qu'il n'y a pas vraiment de pilote à l'Elysée"

"C'est le moment peut-être de remanier clairement, de reprendre la main, de faire un certain nombre d'ajustements. Surtout, il s'agit de réaffirmer son autorité car elle est mise à mal régulièrement depuis la rentrée, à de nombreuses occasions. On peut aligner les situations dans lesquelles on s'est dit 'Pourquoi attend-il? Que fait-il? Pourquoi ne réagit-il pas plus vite? (...) Depuis un mois sincèrement, on a le sentiment qu'il n'y a pas vraiment de pilote à l'Elysée et qu'il y a un problème d'autorité, ça c'est très clair. C'est pour ça qu'aujourd'hui plusieurs personnalités fortes lui conseillent de retourner la situation et dans les jours qui viennent, de reformer une équipe et d'avoir un message en direction des français pour montrer bien le cap vers lequel il veut se diriger."

> Laurent Neumann: "Avec Hulot, ce sont deux ministres qui défient clairement l'autorité du chef de l'Etat"

"C'est une crise politique grave. Après l'affaire Hulot, non seulement c'est inédit, mais il y a une forme de créativité dans les départs des ministres je dois dire: entre Nicolas Hulot qui ne prévient personne et Gérard Collomb qui tord le bras du président, 'voici ma démission, vous ne la voulez pas, je vous la donne quand même', franchement à quelques semaines d'intervalle, ça commence à faire beaucoup. Deux ministres d'Etat qui plus est; le troisième est parti aussi, c'était François Bayrou au début du quinquennat. Le point commun entre Nicolas Hulot et Gérard Collomb, c'est que ce sont deux ministres qui défient clairement l'autorité du chef de l'Etat. (...) En réalité, le lien entre Emmanuel Macron et Gérard Collomb s'est clairement distendu, la confiance est rompue."

Thierry Arnaud, Ruth Elkrief et Laurent Neumann