"Hors-sol", "dépassé": Édouard Philippe critique vivement le "conclave" de François Bayrou sur les retraites

L'ancien Premier ministre, Édouard Philippe, le 10 septembre 2024 - Ludovic MARIN / AFP
Édouard Philippe juge, dans un entretien au Figaro publié vendredi, "complètement hors-sol" et "déjà totalement dépassé" le "conclave" de concertations entre partenaires sociaux sur les retraites mis en place par le Premier ministre François Bayrou.
"Très franchement, je trouve que ce 'conclave' est complètement hors-sol. Je m'étonne qu'il existe encore", a déclaré l'ancien Premier ministre.
"On laisse dans l'atmosphère l'idée qu'on pourrait revenir sur la réforme Borne. La vérité, c'est que compte tenu des menaces (géopolitiques, NDLR), on ferait bien de réunir les forces sociales et politiques, non pas pour leur demander s'il faut revenir sur une réforme déjà votée, mais pour se demander comment s'adapter à un effort à venir considérable, presque existentiel", a-t-il ajouté.
Les concertations ont débuté fin février
Lors de sa déclaration de politique générale en janvier, François Bayrou a annoncé la tenue d'un "conclave" entre syndicats et patronat pour réviser la controversée réforme de 2023, qui a porté l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans.
Ces concertations ont débuté le 27 février. Le syndicat FO a claqué la porte d'emblée. Syndicats et patronat sont censés se réunir chaque jeudi au moins jusqu'à la fin du mois de mai. François Bayrou s'est engagé à soumettre un éventuel accord, même partiel, à l'appréciation du parlement.
Par ailleurs, Édouard Philippe indique qu'il présentera son programme pour l'élection présidentielle "à partir de mai 2026", "après les municipales" de mars 2026 lors desquelles il sollicitera un nouveau mandat à la mairie du Havre.
"Je proposerai un nouveau système de retraites, qui conservera un niveau de solidarité important, mais qui devra équilibrer son financement sans recourir à la dette publique. Par ailleurs, faire reposer le régime des retraites exclusivement sur la répartition est devenu un non-sens. Notre démographie condamne le système actuel", explique notamment le maire du Havre.
"Enfin, je suis convaincu que sans aller jusqu'à un régime universel, un système de retraite qui reposerait sur trois régimes - un pour les salariés du privé, un pour les agents du public, un pour les indépendants - serait infiniment plus fluide, plus clair et plus juste. Vous avez compris que je proposerai une réforme d'ampleur", ajoute-t-il, sans évoquer explicitement le décalage de l'âge de départ à 65, 66 ou 67 ans, comme il l'avait préconisé en 2021.
"Je regrette qu'aucune réforme d'ampleur ne soit préparée"
Édouard Philippe explique aussi vouloir imposer "une 'règle d'or'" qui "contraindrait à revenir à un équilibre financier en dix ans".
Le président du parti Horizons, qui réunit ses troupes dimanche à Lille, réitère sa critique d'une absence de réformes substantielles. "J'ai vu le programme de travail proposé par le Premier ministre aux parlementaires. Je ne crois pas qu'il soit marqué par une densité exceptionnelle", dit-il au Figaro, multipliant les piques à l'égard de François Bayrou.
"Nous vivons dans un monde qui change vite et notre pays semble frappé par une espèce d'immobilité. Je ne dis pas que ce que fait le gouvernement est sans intérêt, et je connais la situation politique, mais je regrette qu'aucune réforme d'ampleur ne soit préparée. Au moment où l'Otan se fissure et où le multilatéralisme s'écroule, consacrer notre énergie à évoquer le mode de scrutin à Lyon, Marseille et Paris me paraît curieux. Baroque même", insiste Édouard Philippe.