Hollande sur Macron: "Ça veut faire de la politique autrement et ça découvre le porte-à-porte"

La charge du président et de certains de ses collègues contre le ministre de l'Economie est rude. Selon Apolline de Malherbe, Emmanuel Macron passe un test: se révélera-t-il "solide" ou fait "de sable" face à l'adversité politique?

En enchaînant les couacs de communication depuis la veille de sa nomination à Bercy, Emmanuel Macron brouille son message et attise les inimitiés à son égard. "Les équipes d'Emmanuel Macron à Bercy passent leur temps à nous (les journalistes, ndlr) envoyer des erratums, des précisions, des remarques sur: 'Attention, il (Macron) a dit ça, mais en en fait ça ne voulait pas vraiment dire ça", détaille Apolline de Malherbe dans "Politique Première", mercredi.

Dernière maladresse en date? Le ministre de l'Economie se fait rattraper par le fisc pour non-paiement de l'ISF, impôt dont il avait un temps suggéré la suppression. Le fondateur de En marche! fait l'objet de la défiance de la part des membres du gouvernement, mais peut-être encore plus embêtant pour lui, de la part de François Hollande.

En privé, le président a la dent particulièrement dure, confie Apolline de Malherbe: "Emmanuel Macron, c'est la fausse modernité. Il veut renouveler la politique, mais avec de vieux débats. 'Je suis moderne, mais je veux supprimer l'ISF.' Mais l'ISF, c'est vieux. Supprimer le statut des fonctionnaires? Mais c'est un très, très vieux débat. Ça veut faire de la politique autrement et ça finit en ayant l'air de découvrir le porte-à-porte."

Du côté des ministres, certains s'en donnent à cœur joie, toujours en off. "Avec un peu de chance, d'ici l'été, il va inventer le collage d'affiche", lâche un collègue.

Une défiance consommée

"Aujourd'hui, il n'y a plus personne au gouvernement pour le soutenir. Ses collègues se méfient de lui. Ils disent que c'est Macron "le coucou", c’est-à-dire celui qui vient piquer dans le nid des autres", analyse l'éditorialiste de BFMTV. "Il a des ambitions, mais on ne sait pas si ce sont des ambitions personnelles ou collectives", nuance-t-elle. 

Tout le problème est de savoir si Emmanuel Macron ira jusqu'au bout en prévision de 2017, s'il en a les moyens et la volonté.

"Macron s'est fait avoir comme un bleu, il faut savoir maîtriser le temps politique, vous êtes porté, puis il y a des doutes et enfin si vous n'êtes pas solide vous prenez des coups de lattes", confie toujours hors caméra et micro un autre ministre.

A force de semer le doute, il se met tout le monde à dos", conclut la spécialiste politique.

D. N. avec Apolline de Malherbe