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"Un lieu d'une extrême violence": François Bayrou regrette "un climat désespérant" à l'Assemblée nationale

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Le Premier ministre juge ce 3 juillet que l'atmosphère au sein de l'hémicycle est faite "d'insultes, d'injures et de mises en cause personnelles". François Bayrou pointe également "l'absentéisme" alors que les troupes du socle commun ne sont guère mobilisées ces dernières semaines.

Un retour à l'Assemblée manifestement compliqué. Nommé à Matignon en décembre dernier, François Bayrou qui n'avait pas été député depuis 2012 peine à s'habituer à un hémicycle particulièrement bouillonnant et sans majorité.

"Le climat politique est désespérant, les insultes, les injures, les mises en cause personnelle, le fait qu'une partie de ces courants cherchent à abattre personnellement, à blesser le plus possible", regrette le Premier ministre ce jeudi soir sur BFMTV.

"L'Assemblée nationale est devenue un lieu d'une extrême violence", déplore le chef du gouvernement.

La France insoumise dans le viseur

Si le Premier ministre ne nomme pas directement La France insoumise, il n'a manifestement pas digéré que plusieurs de ses élus lui demandent publiquement des comptes sur l'affaire Notre-Dame-de-Bétharram.

Cet établissement scolaire est mis en cause par près de 200 plaintes d'anciens élèves pour des affaires de violences physiques et sexuelles. François Bayrou y a scolarisé une partie de ses enfants et son épouse y a enseigné le catéchisme. Il a également longtemps été l'une des figures importantes du département en dirigeant pendant des années le conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques.

Une partie des faits reprochés ont eu lieu quand le centriste était ministre de l'Éducation nationale. Quand l'affaire a éclaté en février 2025, le député insoumis Paul Vannier l'avait interpellé dans l'hémicycle, jugeant qu'il "ne pouvait ignorer les agressions, violences et viols commis pendant des décennies sur au moins 112 enfants et adolescents". Il avait également appelé à sa démission.

Une commission d'enquête sur les violences scolaires avait été lancée dans la foulée et avait débouché sur son audition particulièrement tendue face à notamment Paul Vannier, l'un des co-rapporteurs.

"L'absentéisme" des députés du socle commun

François Bayrou pointe également du doigt sur notre antenne "l'absentéisme" des députés. Mais cette fois-ci, ce sont pas les insoumis qui sont visés par ses propos mais ses propres soutiens.

Le socle commun ne s'est guère mobilisé ces derniers jours comme l'a illustré par exemple l'échec du projet de loi audiovisuel public à l'Assemblée en première lecture. Porté par la ministre de la Culture Rachida Dati, il n'a même pas été examiné mais rejeté avant même les débats. 22 députés Renaissance sur 93 ont tenté de permettre au texte d'être débattu dans l'hémicycle tout comme seulement 6 députés LR sur 49 - une mobilisation largement insuffisante face à la gauche.

De nombreuses dissensions sont apparues dans les soutiens de François Bayrou, poussant une partie d'entre eux à sécher les travaux parlementaires et d'autres à voter main dans la main avec le Rassemblement national.

"L'impopularité, ça ne compte pas"

Résultat: plusieurs dispositifs ont été adoptés à l'Assemblée nationale comme la fin des ZFE (zones à faibles émission) ou un moratoire sur l'éolien - avant d'être finalement rejetés lors de votes solennels. Mais le Premier ministre qui est au plus bas dans les sondages tente de garder le moral.

"L'impopularité, ça ne compte pas", assure ainsi le maire de Pau.

Selon un sondage Ipsos pour La Tribune dimanche, le centriste récolte seulement 17% d'opinion favorable, se plaçant comme le chef de gouvernement le plus impopulaire de la Ve République.

Marie-Pierre Bourgeois