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Ukraine: après la rencontre entre Zelensky et Trump, Bayrou dénonce "une "volonté d'humiliation"

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Le Premier ministre a salué ce 3 mars le dirigeant ukrainien qui "n'a pas plié" devant le dirigeant américain vendredi lors d'un face-à-face très tendu à la Maison-Blanche. François Bayrou a accusé Donald Trump "de vouloir assujettir" les Européens.

Un fiasco qui nécessite d'en tirer les leçons. Trois jours après le rendez-vous entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky qui a vu le dirigeant ukrainien sommer de trouver un accord avec la Russie, faute de quoi les États-Unis le laisseraient "tomber", François Bayrou a analysé la situation.

"Nous avons assisté à une scène sidérante. Il y a eu une volonté d'humiliation", a regretté le Premier ministre devant les députés lors du débat sur la situation en Ukraine ce lundi 3 mars.

"Le président Zelensky n'a pas plié"

Vendredi, sous l'œil des caméras du monde entier, le dirigeant américain, de retour à la Maison-Blanche depuis quelques semaines, et le président ukrainien ont eu une spectaculaire passe d'armes.

Donald Trump, tout comme son vice-président J.D. Vance, lui a reproché de s'être montré irrespectueux et de manquer de gratitude envers les États-Unis pour leurs efforts visant à mettre fin au conflit entre l'Ukraine et la Russie.

En réponse, le président ukrainien a écourté son séjour à Washington et l'accord sur une exploitation des minerais ukrainiens par les États-Unis, qui devait être signé à cette occasion. Ce texte, qui devait ouvrir une voie vers un accord de paix avec la Russie, n'a finalement pas été signé.

"Pour l'honneur de la responsabilité démocratique, pour l'honneur de l'Ukraine et, j'ose le dire, pour l'honneur de l'Europe, Volodymyr Zelensky n'a pas plié. Je crois que nous pouvons lui en manifester de la reconnaissance", a salué François Bayrou, largement applaudi par l'hémicycle, y compris parmi les rangs écologistes et insoumis.

"Nos alliés veulent nous assujettir"

L'argumentaire développé à Washington est qu'un tel accord permettrait de lier le destin des deux pays et, ce faisant, de dissuader la Russie de toute nouvelle attaque contre l'Ukraine, sans convaincre François Bayrou.

"Ne nous y trompons pas. On veut nous cerner, on veut nous assujettir, pour nous plier, nous aussi, à la loi du plus fort", a tancé le locataire de Matignon, jugeant que "nos alliés veulent nous assujettir".

Le virage de Donald Trump vers la Russie, symbolisé notamment par les propos tenus par JD Vance à Munich mi-février, continue de provoquer une onde de choc en Europe et à travers le monde.

En réaction, Emmanuel Macron avait esquissé ce dimanche depuis Londres un plan pour une trêve en Ukraine, basée sur une ause dans les combats "dans les airs, sur les mers et les infrastructures énergétiques" pendant un mois.

"L'Europe est forte mais elle ne le sait pas"

La mesure devait permettre de déployer dans un second temps des troupes européennes d'hommes sur le sol ukrainien pour s'assurer que le conflit ne reprenne pas.

Mais les Britanniques ont tempéré l'optimisme du locataire de l'Élysée, jugeant qu'il n'y avait pas d'accord entre Paris et Londres en la matière pour l'instant. Le chef de l'État français a également proposé de partager le bouton nucléaire que l'Hexagone détient avec ses partenaires européens, clivant largement la classe politique française.

"Nous, les Européens, nous sommes une force", a jugé de son côté François Bayrou. "L'Europe est forte mais elle ne le sait pas. Nous sommes plus forts que nous le croyons", a encore insisté le Premier ministre.

Tous les pays de l'Union européenne se retrouveront ce jeudi à Bruxelles pour un sommet consacré à la défense. Le futur chancelier allemand Friedrich Merz a déjà fait savoir qu'il était favorable à l'idée défendue par Emmanuel Macron sur la dissuasion nucléaire.

Marie-Pierre Bourgeois